Je comprends que la méthode puisse être culpabilisante, et que c'est important de sensibiliser à l'échec (comprendre "ce n'est pas grave de rater quelque chose, d'être en échec", voire redéfinir "échec" et "rater" : c'est primordial, arrêtons la culpabilisation), mais je pense aussi qu'il ne faut pas non plus voir les choses de façon aussi "mathématique".
Ce n'est pas parce qu'on dit "si tu veux un truc, bats-toi, c'est la meilleure façon d'y arriver" que le corollaire indique obligatoirement "si tu n'as pas ce que tu veux, c'est que tu ne l'as pas assez voulu, tu n'es qu'un gros caca". (même s'il faut quand même admettre que...bah oui, on a plus de chances d'obtenir quelque chose si on le veut et si on s'en donne les moyens). On lui fait sous-entendre un biais qu'elle ne propose pas : ce n'est pas parce qu'elle enjoint à se rendre acteur de sa vie qu'on en est le seul acteur.
On peut aussi voir cette méthode de "quand on veut, on peut" comme du renforcement positif. Le fait de se dire "je suis une battante, je vais me donner à fond parce que je veux ce truc et que je vais y arriver", c'est se mettre dans un état d'esprit positif, être proactive, de pas subir les choses (même celles qui nous sont imposées), et donc par là de surmonter des moments difficiles, ne fut-ce que parce qu'on les surmonte mentalement en décidant d'être acteur. Etre actif, c'est parfois bien plus salvateur que d'être passif face à une situation (on supporte bien mieux une douleur que l'on s'impose soi-même qu'une douleur qu'on nous impose et qu'on subit) (pourtant c'est la même douleur).
C'est comme quand l'article dit "tu vas l'avoir, ce putain d'examen" : c'est aussi du renforcement positif, pas une injonction qui dit "tu vas l'avoir, donc si tu l'as pas c'est décevant parce qu'évidemment tu vas l'avoir" . Moi je me blinde en disant "je vais pas l'avoir" comme ça si je l'ai, super, et si je l'ai pas, pas de déception, mais se dire "ouaaais allez come on, tu peux le faire !" c'est bien aussi, c'est positif, c'est partir du principe qu'on a des qualités plutôt que comme moi, partir en se disant qu'on a perdu d'avance (même si ça soulage d'une pression). Y'a des gens ça marche mieux le "go t'es un winner" et d'autres ça marche mieux le "peut-être que ça ira pas". Ca dépend. Y'en a, faut pas leur mettre en tête l'idée que l'échec est possible : ça les paralyse. Mais c'est pas pour autant que quand l'échec arrive, tout s'écroule. Et ceux qui se rappellent eux, que l'échec existe, c'est pas pour autant qu'ils se complaisent là-dedans. Les deux méthodes ont leurs "sous-entendus" négatifs, il faut juste anticiper des sous-entendus que nous sous-entendons nous-mêmes.
Bref je pense simplement qu'il faut être nuancé. Oui, souvent le "il faut se donner les moyens, sois acteur de ta vie" est dit par des gens qui pensent aussi que rater=gros caca. Mais ouste les gens, laissons juste ce que dit le bazar : crois en toi, tu peux y arriver. C'est déjà tellement mieux que d'entendre "tu vas pas y arriver, laisse tomber" à tout bout de champ. Let's go girl, prends un objectif et fonce. Et si parfois ça rate, c'est pas grave. Continue à avoir confiance en toi.
(comme dirait mon père, homme nuancé mais adepte de la dite méthode "ça fait 50 ans que je joue au tennis, je m'entraîne parce que c'est comme ça que je deviendrai meilleur, mais je sais aussi que je serai jamais Roger Federer" -si on veut devenir meilleur, on peut...mais est-ce que meilleur veut dire numéro 1 ?)