""De plus, les arbres créent de l’ombre et de la fraicheur… L’élimination en masse de ces derniers contribue donc grandement au réchauffement climatique."
Oui, enfin, c'est surtout parce que les arbres capturent du carbone que leur élimination pose problème. Je comprends bien que vous souhaitiez vulgariser un peu pour que vos articles restent accessibles, mais là, quand même...
Pas seulement!
Il y a des tas de façons dont les arbres influencent le climat autres que la captation de CO2. Je te cite
un texte de 1909 qui observe les conséquences de la déforestation sans avoir besoin de mesurer le taux de CO2 dans l'atmosphère:
De nombreux écrits scientifiques se plaignent avec émotion de la destruction croissante des forêts. Or ce n’est pas seulement la joie que chaque amoureux de la nature éprouve pour la forêt qui doit être prise en compte. Il existe aussi d’importants intérêts matériels, voire des intérêts vitaux pour l’humanité. Avec la disparition des riches forêts, des pays connus dans l’Antiquité pour leur fertilité, densément peuplés, véritables greniers pour les grandes villes, sont devenus des déserts pierreux. La pluie n’y tombe que rarement, ou des pluies diluviennes dévastatrices emportent les minces couches d’humus qu’elle doit fertiliser. Là où la forêt des montagnes a été anéantie, les torrents alimentés par les pluies de l’été roulent d’énormes masses de pierres et de sable, qui dévastent les vallées alpines, déforestent et détruisent les villages dont les habitants sont innocents « du fait que le profit personnel et l’ignorance ont détruit la forêt dans les hautes vallées et la région des sources ».
Les arbres tirent de l'eau des nappes phréatiques, l'évacuent dans l'atmosphère par la transpiration; ils créent ainsi des flux d'air, comme des rivières dans le ciel; des bactéries sont emportées en même temps dans la vapeur d'eau, qui ont elles aussi une influence sur l'atmosphère; la pluie tombe plus souvent là où il y a des arbres, elle tombe moins souvent et les sources se tarissent si on les coupe, c'est connu depuis des siècles, peut-être des millénaires; la pluie qui tombe dans une forêt est absorbée par le sol qui est une véritable éponge, la pluie qui tombe sur un sol ras entraine des glissements de terrain et des inondations, ça aussi on l'a toujours su. Pourtant on sous-estime ces faits parce que quand on nous a appris comment ça marchait la pluie, les explication données étaient très mécaniques (il fait chaud: l'eau s'évapore; elle refroidit: elle retombe) au point de donner l'impression que la météo fonctionnait plus comme un moteur de voiture que comme une des fonctions d'un écosystème vivant. Or, ce qui est vivant peut s'adapter à beaucoup de changements (même un changement de température de 2°) à condition d'être en bonne santé; malheureusement, la plupart des écosystèmes sont à l'heure actuelle en mauvaise santé.
Les forêts régulent le climat; et si on parle de
déréglement climatique et pas juste de
réchauffement, c'est que le taux de CO2 n'est pas le seul en cause. La destruction d'éco-systèmes entiers déséquilibre tout le processus de courants marins et aériens, dont dépend le climat. Si on se contentait de brûler du pétrole et du charbon sans aucune autre action néfaste sur l'environnement (peu crédible qu'on fasse l'un sans l'autre, mais imaginons), les végétaux pousseraient plus vites parce que stimulés par de plus grandes quantités de CO2, et donc en absorberaient plus et... c'est à peu près tout. Ils seraient légèrement moins riches en nutriments et en substances médicinales du fait qu'ils ont poussé plus vite, sans doute. Pour un temps.
Pour ce qui est de donner de l'ombre et de la fraicheur... Ceci n'est pas négligeable, car la fraicheur apportée par le couvert des arbres n'a rien à voir avec celle d'un parasol. Prenons deux exemples extrêmes: une forêt ancienne de feuillus étendus sur plusieurs milliers d'hectares, et le centre-ville parisien. Dans le centre-ville, les façades blanches qui se font face ont un effet "four solaire" en journée, et le béton et le bitume stockent la chaleur qu'ils rediffusent la nuit, ce qui fait que la température ne baisse pas. Pour ce qui est de la forêt: quand j'ai visité la plus ancienne forêt d'Europe, c'était en plein été, il faisait déjà trop chaud à 7h du matin, mais en traversant le champ en plein soleil pour rejoindre l'orée de la forêt, on pouvait sentir un courant d'air froid qui s'en dégageait à 100m de distance.
Est-ce que le fait d'avoir de moins en moins de vieilles forêts et de plus en plus de zones urbanisées suffit à faire augmenter la température globale, ou bien c'est encore trop local pour avoir une incidence ailleurs que sur un rayon de quelques kilomètres autour, je ne sais pas exactement (même si j'ai mon idée sur la question...), mais ce qui est sur, c'est que vivre dans un environnement bétonné est un réel facteur de souffrance en été; et que ça se traduit par... l'achat de climatiseurs, ce qui n'aide vraiment pas à régler le problème.
@Cennae.D Tu as deux façons d'obtenir un nouvel arbre: soit récupérer des graines sur un arbre adulte (ils mettent longtemps à commencer à en produire, mais quand c'est lancé, ils en font BEAUCOUP), soit lui couper une petite branche pour faire une bouture: tu replantes la branche dans du terreau, tu arroses, et hop, tu as un clone de ton arbre. Plus rapide, mais crée des individus légèrement moins résistants que par semis. Tout ceci se fait dans une pépinière où les bébés arbres tout tendres peuvent pousser à l'abri des dents des chevreuils et des lièvres, et bénéficier d'un sol riche et bien arrosé. L'association citée dans l'article a sa propre pépinière (ou probablement, ses propres). Ceci signifie que le coût d'un dollar par arbres n'est pas le prix d'achat d'un arbre, mais le coût de revient de leurs plantations.
Pour te l'expliquer plus clairement: imagine une association qui veut replanter des arbres dans des zones écologiquement abimées. Elle fonctionne avec trois salarié.e.s permanent.e.s qui gèrent semis, boutures, entretien de la pépinière, et toutes les tâches administratives; compta, déclarations aux pouvoirs publics, appels à don, démarchage et communication... Elle a un terrain qui lui sert de pépinière, avec un système d'irrigation et un cabanon à outils, et des arbres adultes qui leur permettent déjà de prélever graines et boutures; et un bureau à côté qu'elle loue pour la partie paperasse (il y a toujours une partie paperasse quoi que tu fasses). Quand elle organise des chantiers de plantation, elle fait appel à une société de transports pour ramener tous les jeunes plants sur place parce que personne n'a le permis poids lourd dans l'équipe; et à des bénévoles pour les plantations elles-mêmes, à qui on rembourse le trajet pour venir sur le chantier et on paie le casse-croûte à midi. On va dire que l'asso, reconnue d'utilité publique, touche X euros de subventions par an et plante trois mille arbres par an.
Tu fais la somme de tout ce que l'asso a dépensé en un an pour payer les trois salaires, la taxe foncière de son terrain, les sacs de terreau pour les semis, la facture d'eau pour l'irrigation, le loyer et la facture d'électricité pour son bureau, le prix du transport et le remboursement des frais des bénévoles, on va dire que ça leur a couté Y euros. Tu soustrais le montant X des subventions, tu arrives à 3000€; si 3000 arbres ont été plantés, ça veut dire que le prix de revient d'un arbre est d'un euro.
Par opposition, si tu achètes en cactus en grandes surfaces, le magasin les achète généralement à un pépinériste pour les revendre, donc il faut calculer que le pépinériste va fixer le coût du cactus pour couvrir ses charges + une marge de bénéfices; le magasin rachète les cactus à ce prix, et y rajoute de quoi payer ses charges à lui + sa marge de bénéfices à lui, résultat: c'est cher.