Et les dirigeants de ces écoles ?
"À l’Essec, pas de débordements filmés à notre connaissance, mais un magazine étudiant qui vaut le détour :
L’Impertinent. Jusqu’en 2017, ce journal a propagé rumeurs, ragots de soirée et autres méchancetés gratuites, sexistes et racistes.
Imprimé dans les locaux de l’école, le magazine avait un local attribué, comme n’importe quelle association. Lorsqu’en 2013, l’actuel ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer arrive à la tête de l’institution, il remercie sur Twitter
L’Impertinent pour son accueil, malgré une réputation plus que sulfureuse qu’il pouvait difficilement ignorer : les photos de
L’Impertinent ornent les murs du couloir des associations, à la vue de tous donc, et notamment de la direction. "
"Interrogé par Mediapart, Jean-Michel Blanquer nous a fait savoir qu’il
« connaissait L’Impertinent
de réputation mais pas dans son contenu ». Quant à la direction de l’Essec, elle indique seulement :
« Après plusieurs mises en garde, le journal L’Impertinent
n’existe plus depuis près de deux ans et ne dispose donc plus de local depuis cette date. »"
Sur un autre journal à l'Edhec :
"Questionnée à propos de ce journal actif pendant presque 40 ans et jusqu’en 2017, dans ses murs, la direction de l’Edhec nous affirme avoir fait des erreurs et avoir laissé un journal au départ potache dériver de cette façon.
« Notre objectif au quotidien, c’est le bien-être étudiant, et le Headache
allait à l’encontre de nos valeurs. On a donc tout fait pour arrêter sa publication », précise la responsable de la communication de l’école, Claire Bergery-Noël.
En réalité, il aura fallu attendre le dépôt de plainte de deux étudiants pour que l’école suspende un étudiant pendant un an à cause de ses responsabilités dans le
Headache, puis mette fin à la publication."
Y a un truc là quand même : pourquoi les directions sont si coulantes ? C'est quand même pas une volonté de leur apprendre le respect de ces valeurs ? Parce que tolérer ces comportements, ne rien faire, c'est les soutenir moralement pour moi.
"Au fil de ses seize années d’existence, les plaintes à l’administration se sont pourtant multipliées. Des étudiants ont même monté un groupe WhatsApp pour coordonner leurs actions et tenter de le faire fermer, sans succès.
Ainsi, le 20 décembre 2015, Pierre*, étudiant à HEC, alerte par mail Peter Todd, le directeur de l’école. Il décrit l’exclusion sociale dont pâtissent les étudiants victimes des articles mensongers, dénonce un système violent, gratuit et anonyme.
Le lendemain de son mail, Peter Todd lui répond. Il assure à Pierre qu’il va prendre les choses en main, lui propose même un rendez-vous. Six mois plus tard, toujours rien.
Devant l’immobilisme d’une institution qui est alors au courant de l’existence d’un site internet prônant le harcèlement sur son campus, Pierre relance. Olivier Moreau, le secrétaire général de HEC, lui assure alors avoir rencontré Gaspard R., le rédacteur en chef du site
sortievauhallan.com cette année-là, sans pour autant avoir pris une quelconque décision.
Le 26 août 2016, soit un an et demi après la première alerte de Pierre, le directeur de HEC, Peter Todd, lui adresse un mail pour justifier l’inaction de l’école face aux dérives du site.
« Faire fermer ce site internet est difficile, puisque qu’il n’est pas “hosté” sur le campus », argumente alors le directeur de l’école."
"Au-delà de l’excuse difficilement compréhensible, notre enquête montre que c’est faux : le site était bien enregistré sur le campus de Jouy-en-Josas"
En résumé de l'article : agressions homophobes (chambre saccagée), et les horreurs habituelles que subissent les filles sur les campus (humiliation, et on se doute agressions sexuelles, abus en tout genre).
La fille qui apprend qu'elle est nommée pute du mois : c'est dans un cadre particulier quand même, elle apprend ça alors qu'elle vient de monter dans un bus avec les autres étudiants, et qu'elle est coincée avec elleux pour un trajet.
Et elle explique que sa "réputation" l'a suit aussi dans sa vie pro : les employés et ses chef.fes ont accès à ce genre d'"info" sur les étudiant.es, avec le système de réseau, je cite un bout :
"Laura* a alors hâte de découvrir cette
« ambiance Edhec » qu’on lui a tant décrite. Mais place à la tradition : juste avant de monter dans le bus, le magazine de l’école, le
Headache, est distribué à toute la promotion.
Laura découvre qu’elle a été élue
« pute du mois », elle a droit à une page entière. Un photomontage la montre en plein acte sexuel, entourée de deux garçons nus.
« J’avais couché avec deux garçons en un mois, ça a suffi pour que je me retrouve pute du mois », raconte-t-elle. Un
« slut-shaming » assumé, de tradition.
Là, Médiapart met une photo du journal qui décrit deux prétendantes au titre "pute du mois", avec en haut leur photo d'identité (photo 1 v/ photo 2), et en dessous des trucs comme :
"Bonjour cher lecteur et lectrice, ce mois-ci circonstances un peu exceptionnelles, nous avons décidé" (et la suite et coupée mais on voit que c'est "de faire une élection entre deux "putes du mois" pour en choisir une" "Pour commencer cet interview Mesdemoiselles, pouvez-vous vous présenter brièvement afin que ceux qui (je suppose : ne vous connaissent pas blablabla" et les réponses sont des trucs comme "Bonjour, je m'appelle O, j'ai 21 ans, et je suis blonde, fine et parfois souriante, je suis sociable, j'aime la peinture sur corps, les ordinateurs blabla". Je suis pas sûre mais ça pourrait faire référence à une photo d'elle, mais pour le coup c'est une supposition complète. Puis "Bonjour, blabla, je salue tous mes fans qui ont voté pour moi sur (adresse mai) J'ai 20 ans, mes mensurations sont 90 60 (et là la photo est coupée) j'aime profiter de la vie, rencontrer des gens et dormir dans des lieux autre que chez moi ")
S’ensuivent 12 heures de bus pénibles : elle doit encaisser les regards, les railleries de toute sa promotion. Le temps passe, mais le mal est fait : à partir de ce numéro de
Headache, elle aura systématiquement droit à un encart dans le journal pendant sa scolarité à l’Edhec.
Et même hors des murs. Pendant son année de césure, alors qu’elle n’est plus sur le campus de l’Edhec, un photomontage la montre à côté d’une moule, ouverte. En dessous, une légende :
« Laura est toujours open ». Pendant son année de césure, la jeune femme explique même qu’elle a eu du mal à trouver une relation stable, à cause de ces publications."
"
Quelques mois plus tard, le magazine présente une frise chronologique des années importantes pour l’Edhec. L’année 1990 décrit deux événements :
« Année de naissance de Laura, arrivée du Sida à l’Edhec ». Aujourd’hui, Laura commente :
« Dès que j’ai été ciblée, j’ai eu la force de prendre ces publications au second degré, même si ça me choquait. Là où c’est vicieux, c’est que cette étiquette de salope m’a suivie après l’école. »
En 2010, elle entre en stage dans une multinationale.
« Après avoir entendu mon prénom, les autres stagiaires, qui pourtant n’étudiaient pas à l’Edhec, savaient qui j’étais, quelle était ma réputation. »
Le cas de Laura est loin d’être isolé. Émilie* a étudié à l’Edhec de 2008 à 2011. À l’époque, elle a écourté sa présence sur le campus lillois à cause de la violence des publications dont elle a fait l’objet.
Un soir de première année, elle couche avec un membre de la CCE, l’association Course croisière Edhec, association star du campus. À l’image des fraternités des grandes facs américaines, ses membres sont des célébrités à l’échelle de leur promotion.
Émilie se retrouve donc ciblée dans le magazine, à travers un photomontage sur lequel on la voit boire du lait lascivement, le visage entouré de sexes masculins.
« Très vite, j’ai réalisé que je ne me retrouvais pas dans l’esprit de l’école. J’ai donc quitté le campus le plus vite possible, au bout de six mois, pour aller étudier à Montréal. » Sur ses trois ans de scolarité, elle aura passé moins d’un an sur le campus : elle fera une année de césure et finira son cursus en Norvège."
En plus c'est pas gratuit leur truc :
"Chaque année, la Boucle revient sur le plus grand événement étudiant d’Europe : la Course Croisière Edhec. Appartenir à l’association CCE, c’est la gloire assurée dans l’école. C’est l’association la plus cool, la plus populaire. Il faut passer plus d’une dizaine d’étapes et d’entretiens pour espérer y être intégré. La CCE gère chaque année un budget de presque 3 millions d’euros pour organiser cette régate traditionnelle."
"Il arrive même que certains étudiants homosexuels soient « outés » par le site, comme Camille*.
« Ni mes amis, ni ma famille n’étaient au courant que j’étais homosexuelle. Du jour au lendemain, toute l’école l’a su après un article. J’étais effondrée. »
Les rédacteurs sont anonymes. Seul le rédacteur en chef ne l’est pas. Il change chaque année, coopté par son prédécesseur. Le site est connu de tous, étudiants comme professeurs et directeurs. Et il n’est pas privé : il est référencé sur les moteurs de recherche, n’importe quel internaute peut lire les torrents d’immondices publiés."
"Janine Mossuz-Lavau tente d’expliquer la présence et l’influence de ces médias orduriers :
« Ces jeunes étudiants ne sont pas encore diplômés. Ils sont formés à avoir les plus hautes responsabilités de demain, et en attendant, ces traditions entretiennent un sentiment de pouvoir. À travers ces photos, ces abus, ils affirment leur puissance à venir. »
Un avis partagé par Isabelle Clair, pour qui
« ces pratiques construisent la virilité des futurs cadres dirigeants, formés à des métiers très masculins, encore en 2019 »."
TRIGGER WARNING AGRESSION SEXUELLE :
J'ai lu l'article, dedans y a une vidéo où une jeune fille, de dos en short en jean, se fait mettre un doigt quand même (au dessus du short). Je crois pas qu'elle ait été prévenu avant, ou même qu'elle ait pu voir qui l'avait fait. (edit suppr d'une phrase)