[EDIT : une personne m'avait demandé des explications sur le racisme de la police et pourquoi se déguiser en victime de violences policières pour faire joli quand on est blanc-he est problématique. J'ajoute quelques ressources, noms et articles à ce que j'avais déjà cité.]
Si tu ne vois pas le lien, j'espère que tu auras la patience de tout lire !
Les personnes racisées, noires, arabes, mais aussi les Roms, par exemple, subissent des contrôles d'identité au faciès réguliers (parfois quotidiennement) alors que les blanc-he-s non. Cela ne veut pas dire que les blanc-hes ne sont pas arrêté-es, emprisonn-ées. En revanche, iels ne le sont pas aussi fréquemment, aussi banalement et en raison de leur couleur de peau et/ou origine supposée.
En 2018, le défenseur des droits estimait que les jeunes perçus comme noirs ou arabes avaient environ 20 fois plus de chances que les autres de se faire contrôler :
https://www.liberation.fr/france/20...t-un-racisme-conscient-ou-inconscient_1687114
Les populations racisées sont aussi surreprésentées dans les prisons américaines mais pas que.
C'est plus difficile à montrer en France en raison de l'absence de statistiques ethniques (ce qui est bien pratique pour nier les problèmes). Mais la tendance est a priori la même en France : surreprésentation des hommes jeunes, racisés et pauvres dans les prisons. On peut en trouver des indices, simplement en écoutant les militant-es racisées (l'expérience de la prison est beaucoup plus commune dans les milieux précaires et/ou racisés qu'ailleurs). On peut aussi le déduire.
Voici une source montrant que la population carcérale est majoritairement masculine et pauvre :
https://oip.org/en-bref/qui-sont-les-personnes-incarcerees/
Or, on sait que les personnes racisées sont également bien plus souvent précaires que les autres.
Enfin, voici également une liste de personnes tuées par la police, qui montre une surreprésentation des personnes racisées :
http://www.urgence-notre-police-assassine.fr/123663553
Pour des ressources plus complètes, tu peux lire le travail des militant-es comme le collectif Justice pour Adama, Amal Bentounsi, ou bien les journalistes et militant-es Rokhaya Diallo, Taha Bouhafs et Sihame Asbague. Des podcasts comme Kiffe ta race ou Extimité en parlent. Assa Traoré a également été interviewée dans La Poudre.
Des recherches ont aussi été effectuées par des sociologues/anthropologues sur la police :
La force de l'ordre de Didier Fassin,
La domination policière de Mathieu Rigouste ou les ouvrages de Fabien Jobard, par exemple. De façon générale, les travaux des chercheurs sur les polices françaises, américaine, etc. sont assez unanimes concernant le racisme de ces institutions et le ciblage systématique de populations précaires et racisées pour des contrôles, intimidations et violences.
Ces choses sont même dénoncées par des policiers qui témoignent de l'intérieur, comme Sihem Souid, qui a publié un livre sur ce sujet et été suspendue et poursuivie en diffamation pour son témoignage. Récemment, d'autres policiers ont témoigné des violences et du racisme auquel ils assistent en permanence. Voir un des articles de StreetPress plus bas, et voir aussi ce docu audio :
https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/police-tu-laimes-ou-tu-la-quittes
Bien sûr que les violences policières peuvent aussi arriver aux blanc-hes, mais c'est beaucoup plus rare et cela n'arrive pas en raison de leur couleur de peau. Et il faut remarquer que quand des blanc-hes se font battre et mutiler par la police (lors de mouvements sociaux, par exemple), la presse en parle plus que lorsque ce sont des jeunes racisés dans les quartiers populaires qui sont victimes de ces violences. (C'est normal et important d'en parler, mais craignos de le faire que quand les victimes sont blanches.)
C'est pour ça que j'y vois une forme d'appropriation, lorsque des jeunes, blancs, plutôt aisés et connus comme James Charles se déguisent en victimes de violences policières pour le fun et pour les likes. (Je parle bien de violence, car avoir le nez en sang après une arrestation n'est pas normal : la police n'a pas le droit de tabasser les gens en garde à vue.)
C'est très violent symboliquement, même s'iels ne s'en rendent pas compte.
J'ai utilisé ce mot d'appropriation à dessein car un des problèmes soulevés par l'appropriation culturelle, c'est le fait que des blanc-hes s'approprient la culture des racisé-es sans vivre l'expérience du racisme qui va avec. Ici, c'est un peu ça : prendre la pose d'une personne violentée, sans avoir vécu la violence, la peur, la douleur qui vont avec. Et sans développer de discours critique là-dessus, bien sûr.
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Actualités supplémentaires à ce sujet au cas où quelqu'un ne les aurait pas vues passer et ne serait toujours pas convaincu (TW violence et racisme extrême, suprémacisme blanc, misogynie, homophobie, apologie des violences policières) :
https://www.arteradio.com/son/61664080/gardiens_de_la_paix
https://www.streetpress.com/sujet/1...tes-groupe-facebook-racisme-violences-sexisme
https://www.streetpress.com/sujet/1...changent-racisme-raciste-violences-policieres
https://www.amnesty.fr/actualites/f...s-policieres-illegales-pendant-le-confinement
Pour finir, un exemple de ce qui se passe quand une femme noire, Rokhaya Diallo, parle de racisme VS quand un homme blanc, Pascal Blanchard, en parle :