Si on laisse de côté les injonctions vestimentaires sexistes (dans les deux sens, que ce soit la jupe imposée aux femmes autant que le bermuda interdit aux hommes, etc...) je pense que poser un cadre vestimentaire (et juste vestimentaire, ce qui relève du physique de la personne devrait rester au choix de la personne!) partagé par les salariés fait sens sur deux points:
- l'esprit "corporate": quand tu partages une manière de t'habiller avec tes collaborateurs, ça fait plus ou moins esprit de groupe et l'ensemble des salariés "incarnent" l'entreprise vis-à-vis des regards extérieurs. Je suis bien d'accord que les goûts vestimentaires personnels n'influent pas sur les capacités intellectuelles de chacun, les salariés entre eux savent bien que c'est pas parce que Bidule vient bosser en chemise hawaienne qu'il est moins bon qu'un autre et que Truc avec son costard est complètement nul. Le souci c'est que dans une boîte, selon le secteur, on peut être amené dans la journée à croiser (et vraiment "croiser", sans même adresser la parole) énormément de monde qui passe en coup de vent (prospects, potentiels collaborateurs, clients...), du monde qui, quoi qu'on en dise, ce sont créé des attentes sur ce qu'ils vont/veulent trouver en arrivant. Si l'image que les salariés renvoient ne correspond pas, ça part mal. Dans le monde de l'entreprise, la règle c'est plutôt "faire le plus que le moins" pour envoyer une image "sérieuse" (à mes débuts dans l'interprétation, tous les profs nous disaient "si tu sais le dresscode de l'endroit où tu vas interpréter, fond-toi dans la masse; si tu ne le connais pas, mieux vaut être trop bien habillée que pas assez, tu attireras moins l'oeil)
- l'auto-conditionnement. A une époque où la frontière sphère pro/sphère privée disparaît de plus en plus (les mails et coups de fil de la boîte à pas d'heures, les épisodes de ta série qu'avant tu aurais dû attendre de visionner le soir dans ton salon à la tv et que maintenant tu regardes sur ton tél à la pause déj, et à présent le télétravail qui se généralise...), je pense que revêtir sa "tenue de boulot" comme on revêt un costume de super héros pour se mettre en mode "travail" peut aider à se conditionner. C'est bête à dire, mais je n'ai pas le même comportement quand je suis bien habillée que quand je traîne en survêtement. De même que je n'ai pas le même comportement dans le cadre pro qu'avec ma famille. Les deux vont de pair. C'est une coupure symbolique qui n'est pas anodine, et qui explique d'ailleurs que même en télétravail énormément de gens (je peux me tromper, c'est basé sur ce que je vois autour de moi) ont besoin de porter autre chose que leur pyjama devant leur ordi.
Evidemment je généralise à gros traits, on trouve toujours des gens capables d'être ultra pro même en short et tongues quand d'autres mettraient les pieds sur le bureau au bout de 10mn tellement "ça sent les vacances".
Si déjà on effaçait certains trucs aberrants, comme le tailleur-exclusivement-jupe pour les femmes, les pieds-qui-puent-en-été dans des chaussures qui doivent absolument être fermées ou le port obligatoire du soutif (et oui les gentes, les seins ça gigote quand on bouge, ça n'a rien d'offensant ni de sexuel), et tout ce qui a été cité dans l'article (le problème des racisé.e.s, du maquillage, etc.) ce serait déjà pas mal.