C'est extrêmement important d'en parler et je suis heureuse de lire cet article. Merci beaucoup pour l'avoir écrit.
Mais un point de vocabulaire me met mal à l'aise.
La campagne et l'article opposent le fait d'être hétéro ("ça n'arrive pas qu'aux hétéros") et le fait d'être en couple avec une personne de même genre. Cela sous-entend que soit on est hétéro, soit on est dans un couple gay ou lesbien. En gros, soit on est hétéro, soit on est gay ou lesbienne.
Sauf que vous savez qui est la population la plus exposée aux violences conjugales (par orientation sexuelle) ? Les bi.
(et non, ce ne sont pas les femmes hétéros)
Il y a des femmes pas hétéro qui peuvent être en couple avec des hommes : des femmes bi ou pan. Et ce sont elles qui subissent le plus de violences conjugales, statistiquement (Aux USA, pour 90 % des bisexuelles victimes de violences conjugales, l'agresseur est un homme).
Et bien entendu, classer ces femmes bi/pan en couple avec des hommes comme "des hétéros" est complètement biphobe. On reste bi quel que soit le couple dans lequel on est.
Ce haut taux de violences conjugales vaut pour la population bi en général : les hommes bi subissent statistiquement plus de violences conjugales que les hommes gays et que les hommes hétéros.
Je ne connais pas de stats incluant les personnes non binaires, mais on peut raisonnablement supposer que ça accroît le risque de violence, puisqu'il y aura un axe de domination supplémentaire.
Quelques sources sur les violences conjugales et les personnes bi :
LGBT individuals historically receive less attention in terms of intimate partner violence (IPV) support than cisgender, heterosexual female victims.
genderpolicyreport.umn.edu
Un article qui résume :
https://www.buzzfeed.com/annanorth/bisexual-women-almost-twice-as-likely-to-be-abused
Over the past few decades, the causes of and intervention for intimate partner violence (IPV) have been approached and studied. This paper presents a narrati...
www.frontiersin.org
En France, l'enquête Virage démontre des résultats similaires (avec une méthodologie un peu différente) :
https://www.20minutes.fr/societe/29...ences-lesbiennes-gays-selon-etude-virage-ined
[Edit : toutes ces enquêtes donnent une comparaison entre les orientations hétéro, lesbienne/gay et bisexuelle. Je ne connais pas les statistiques de violences conjugales touchant les personnes aromantiques et asexuelles, qui ne sont jamais comptabilisées dans ces études. Et c'est un manque. Il y a urgence à connaître également les taux de violence touchant cette population.]
Le sujet est donc extrêmement important et je suis très soulagée que l'on parle des violences qui existent aussi dans les couples de même genre. Ce commentaire n'a absolument pas pour but de nier que ces violences existent aussi dans les couples lesbiens ou gays, ni qu'il y a un tabou grave dessus. Néanmoins, en tant que femme bisexuelle ayant subi des violences conjugales par le passé, c'est plutôt dur pour moi de voir que quand ce sujet des violences conjugales subies par les personnes queer est abordé, ce soit fait avec un parallèle binaire hétéro VS gays/lesbiennes, et donc, en nous invisibilisant, nous qui sommes précisément la population la plus à risques.