Mon premier accouchement a eu lieu il y a presque 8 ans et il m'a traumatisée.
Comme il n'y avait pas de chambre seule dispo, mon mari a dû partir et me laisser alors que le travail commençait car c'était la nuit. J'ai fait une crise d'angoisse et les contractions sont arrivées d'un coup, intensément et sans aucun arrêt pendant 5h. J'appelais à l'aide mais personne ne venait car la maternité était débordée. J'ai fini par aller voir les sage-femme par moi-même mais les contractions m'empêchaient de me déplacer et j'ai dû à plusieurs reprises m'allonger à même le sol sans jamais croiser personne pendant 1h. Finalement, 5h après le départ de mon mari, j'ai pu avoir la péridurale, il est arrivé et j'ai cru que mon calvaire était fini. Il n'avait pas commencé. Quelques heures plus tard, je sens que bébé arrive (la peri se finit à ce moment là et on ne m'en remet pas car bébé arrivait), j'appelle et on me dit que "personne n'est dispo et qu'il faut que je le retienne". J'ai dû attendre 1h30 l'arrivée de la sage-femme. À ce moment là je ne sentais plus rien mais bébé allait bien. J'ai poussé dans le vide mais rien ne se passait. Je sentais tout car la péridurale ne faisait plus effet. Alors deux infirmières me sont monté dessus pour appuyer de toutes leurs forces sur mon ventre avec leur coude. J'ai dû les virer car elles me faisaient encore plus mal. Je ne savais pas que c'était une pratique interdite. Puis j'ai senti le scalpel me découper alors que j'avais demandé à être prévenue si l'episiotomie était inévitable. Un obstétricien entrait parfois et hurlait qu'il fallait passer aux forceps, j'étais paniquée. Finalement bébé est sorti. Mais pas le placenta. J'ai vu la sage-femme y aller comme le vétérinaire dans la vache. Puis j'ai été recousu à vif par le même obstétricien. Quand je lui ai demandé combien de points il allait faire car j'avais très mal et sentait tout, il m'a crié dessus "je sais ce que j'ai à faire, laissez moi tranquille" alors que mon bébé épuisé par plus d'une heure d'accouchement, dormait sur moi. Il m'a recousu trop serré et je n'ai pas pu m'asseoir pendant une semaine jusqu'à ce que j'explose le point de trop.
Le pire ? C'est que longtemps j'ai eu honte de moi. Je pensais que tout était de ma faute. Que je n'avais pas su accoucher. Il m'a fallu longtemps pour accepter de "remettre ça"
J'ai eu mon deuxième enfant l'an dernier, en pleine pandémie. Ma plus grande peur était d'être seule à nouveau. Mais mon mari a pu rester. L'équipe était disponible et à l'écoute. La sage-femme m'a dit que je pouvais accoucher en 4 poussées et je l'ai fait. J'étais fière de moi (je sais c'est idiot) et ça m'a réconciliée avec mon accouchement 7 ans auparavant.
J'ai eu beaucoup de retours d'accouchements traumatisant autour de moi. Nous, les femmes, sommes toujours considérées comme les dernières roues du carrosse. Dans aucun autre domaine médical, on découperait quelqu'un sans son consentement (s'il est éveillé) ou sans le prévenir. On ferait des actes chirurgicaux sans anesthésie. C'est juste honteux.