Je serai curieuse d'avoir les chiffres de la précarité menstruelle chez les jeunes filles encore chez leurs parents. Je m'attends à un aberration montrant que quand on est chez papa-maman, les produits d'hygiène de base sont disponibles. Une supposition que je mets en parallèle avec l'épiphanie des femmes qui "laissaient couler" tout simplement.
Beaucoup d'entre nous ont été dressés à l'hygiène plus qu'éduqués. Pas d'explication, pas de question, juste des informations qui ressemblaient plus à des injonctions qu'à des trucs vraiment essentiels (on te menace de tomber malade si tu ne le fais pas... et tu le fais pas une fois pour voir, et tu tombes pas malade...). De la même manière que certaines ont "découvert" que le sang des règles n'étaient que du sang et que par conséquent, il n'y avait pas lieu d'en faire un drame, certains jeunes garçons découvrent après avoir quitté le domicile parental que changer de caleçon moins régulièrement, c'est pas mortel et ça fait faire des économies de lessive (donc d'argent, donc une potentielle pizza en plus)(et dixit mon conjoint : je transpire pas beaucoup alors c'est bon et puis prendre moins de douches aussi ça fait faire des économies, en plus c'est écologique !).
Chez les femmes, les règles tâchent les vêtements, les meubles et en plus de l'aspect disgracieux, le sang humide et chaud est un nid à infections graves, là où les hommes finissent par choper une petite mycose. Injuste certes, mais biologique...
Il y a des choses qui ne s'enseignent pas à l'école : la gestion d'un budget et l'hygiène. Je constate que dans la liberté nouvellement acquise par les jeunes adultes, c'est ce qui foire. Parce qu'après avoir été bridés sur nos vies sociales pendant près de 20 ans, on en fait une orgie qui coûte chère en menthe à l'eau et en bonbons haribo. Personnellement, je faisais des économies de PQ, de beurre, de chocolat en poudre, de tampons (parce qu'à la fin du cycle, ça saigne presque plus, donc personne ne s'en rendra compte !) et je rentrais chez moi le midi manger des pâtes à rien parce que le RU c'était trop cher.
La défaillance vient pour moi de la transmission avec les générations précédentes qui auraient pu (du?) nous éduquer sur ces sujets. Internet m'a plus appris que mes parents en matière d'hygiène et je trouve que c'est un peu la honte. Je regarde mon emploi du temps d'avant, et je ne trouve aucun créneau pour avoir ces discussions essentielles. Le problème, c'est que la société actuelle encourage le cloisonnement par tranche d'âge. Quand on est scolarisés, on voit les actifs dans leur profession et on va voir les vieux... pas parce qu'on a une relation avec eux, pour leur faire plaisir (et hop, un devoir de plus).
Dans l'immédiat, mettre des protections à disposition dans les lieux publics c'est une solution directe et qui règle le problème des tâches et des maladies graves liées à la précarité menstruelles. A plus long terme, j'espère qu'on trouvera une solution pour arrêter d'avoir une communauté d'enfant, une autre d'actif, une autre de retraités, qui tirent chacune la couverture vers eux... Sans transmission, ça va être compliqué de progresser, on va réinventer la roue en boucle.