A noter que pour pouvoir se permettre ce fameux "sacrifice" financier, il faut avoir la garantie de pouvoir se payer à manger jusqu'à la fin du mois. Dans les familles où d'autres priorités existent (logements insalubres, où seul l'un des parents travaille, où les revenus viennent d'un métier pénible, où les parents attendent l'obtention de la nationalité, où l'on a un membre en situation de handicap qui nécessite de grosses dépenses, où il n'y a qu'un-e seul-e parent ou bien où il faut envoyer avant tout de l'argent à l'étranger), il est impossible de rêver de la méthode Montessori.
Donc quand la dame parle avec imprécision de "famille de classe moyenne en ascension sociale",
elle parle en réalité d'une classe extrêmement réduite, qui vit déjà hors découvert et qui ne représente absolument pas la majorité des Français.
C'est précisé dans l'article, mais on perçoit déjà de la part de certaines interlocutrices un véritable détachement de la réalité du terrain et
des failles béantes entre leur monde et le nôtre : celui des classes moyennes et populaires. Perso, ça me met mal à l'aise.
Enfin, vu que
les seules différences tangibles entre les enfants ayant bénéficié de Montessori et nous autres pauvres péons (
)
sont constatées à travers le niveau de lecture en sortie d'école primaire, 115 euros par mois c'est déjà cher payé... Vu qu'aucun autre bénéfice n'a été mesuré scientifiquement : ni au niveau des aptitudes sociales, ni dans les mathématiques par exemple.
S'ils en sortent "plus heureux"
tant mieux mais j'ai comme un doute : déjà, c'est
un critère très difficile à mesurer et ensuite, il faudrait faire la comparaison entre des élèves issus d'écoles privées bourgeoises et ceux de Montessori,
qui ont le même niveau de vie à la maison.
Est-ce que la différence serait alors si énorme ?
En effet, il me semble que demander à un enfant au niveau de vie extrêmement précaire s'il ne serait pas + heureux avec plus d'activités manuelles et un personnel + attentif ne relève pas des avantages liés à Montessori mais
des conditions que nous devrions exiger à la base pour l'enseignement public : ça me paraît un peu malhonnête intellectuellement de rendre tous les bénéfices à la Méthode en elle-même.
Ne pourrait-on pas obtenir des résultats similaires en votant pour des gouvernements qui proposent un vrai budget pour l'éducation nationale ?
C'est parce que j'ai cette question en tête que le privé (quelle que soit la méthode qui y règne) restera à mes yeux un bien (service) de positionnement. A partir du moment où il faut payer, c'est déjà un entre-soi,
un privilège qui s'il ne peut pas être généralisé, s'il n'a aucun bénéfice scientifique à apporter sur la table et ne sert qu'à diviser les (petits-)bourgeois junior des autres enfants,
se doit d'être aboli.