Tout à fait, Nabokov a toujours contesté l'interprétation populaire de son livre qui faisait de Humbert Humbert une victime des manières aguicheuses de Lolita. Soit une lecture totalement premier degré du roman : cette vision est celle que Humbert Humbert construit de lui-même et de ce qu'il a fait pour justifier ses actes. En réalité, Lolita (de son vrai nom Dolorès, douleur) n'est qu'une enfant abusée par son beau-père. Son attitude soi-disant séductrice n'est qu'un fantasme total de sa part à lui : il projette son désir sur elle. Mais nombreux sont les lecteurs qui ont souscrit totalement à cette idée de passion interdite, d'adolescente précoce qui manipule un pauvre gars épris d'amour. L'adaptation de Kubrick, par exemple, la fait incarner par une Sue Lyon de 16 ans qui arbore lunettes de soleil en forme de coeur, lèche la sucette assortie, et se pavane en bikini. Le mot "lolita" est passé dans le langage courant pour désigner les jeunes filles qui affolent à dessein les hommes mûrs par leurs charmes (comme le montre ce fameux tube d'Alizée).
Cette liste du site Sens Critique place l'oeuvre au rang 17 des plus belles histoires d'amour de la littérature.
Une réécriture parue en 2019 qui raconte l'histoire du point de vue de Lolita en la dépeignant comme ce qu'elle est (une victime) déclenche un tollé de la part de certains critiques parce qu'elle dénature l'esprit du roman original et en ôte toute l'ambiguité, alors que je pense qu'au contraire mettre les bons mots sur cette histoire (qui raconte donc le viol d'une adolescente par son beau-père) ne serait pas du luxe vu la mentalité de certains
Bref c'est ironique que ce genre d'interprétation aille pile à l'encontre de ce que Nabokov voulait montrer
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(Pardon c'est un peu HS par rapport à Manson mais je suis intarissable sur le sujet car je trouve que c'est vraiment une illustration parfaite du sexisme qui gangrène nos sociétés, on nous présente une jeune fille victime et ce qu'on en retire c'est "oui mais elle l'a bien provoqué aussi !!!")