Quand j'étais au primaire, on a reçu la visite de l'infirmière une fois pour nous parler de la puberté et elle avait gardé toutes les filles à la récréation pour nous parler des règles et des protections hygiéniques. Ça a sans doute permis à des filles d'avoir une idée de ce que c'est si leur propre mère refusait d'en parler, mais c'était les années 90 et les garçons de qui on «cachait» ces choses n'avaient qu'une raison de plus d'embêter les filles avec ça et de trouver ça «dégueu». Merci tout de même à cette infirmière qui avait insisté pour faire installer au moins une poubelle pour protections dans une cabine de toilettes.
Mais étant donné que la présentation était très courte, si on avait mal compris, on repartait plus de questionnements et d'angoisses, par exemple : moi qui n'avait pas compris comment fonctionne un cycle; j'ai simplement pensé pendant des mois qu'une fois qu'on commençait à saigner, on saignait tous les jours de notre vie jusqu'à notre mort
. Disons que quand ma mère a rectifié ce fait, j'ai eu beaucoup moins peur de commencer mes règles
.
Toutefois, auprès des amies, il demeurait un genre de tabou : être dans les premières à les avoir, c'était un peu comme être un monstre de foire, surtout en dernière année de primaire. Dans les deux dernières années de primaire, j'ai plus l'impression que l'idée, chez les filles étaient vraiment de ne pas être celle qui devient une «femme» en premier, que ce soit au niveau des règles ou des seins, parce que tu deviens une exception dans l'école, tous les autres ont des corps d'enfant, mais pas toi. Heureusement, le fait de passer au secondaire permet de rapidement ne plus s'inquiéter de ça.