De mon coté, je trouve cette "technique" absolument mais absolument pas géniale du tout, je suis même assez dérangée par l'article.
Déjà, perpétuer l'idée qu'un kidnapping d'enfant c'est quelque chose qui a lieu en public par un inconnu et via la coercition, c'est contre-productif, voire carrément con. Dans 95% des cas un kidnapping est le fait d'une personne connue de l'enfant, très souvent d'un parent direct dans le cadre d'une séparation et d'un conflit entre coparents.
L'idée qu'un parfait inconnu tente d'entraîner DE FORCE un‧e enfant dans un parc bruyant en plein jour n'est pas impossible en soi, mais elle est marginalissime, en tout cas suffisamment pour que l'enseignement de cette supposée technique soit bien plus anxiogène qu'utile à l'enfant à qui elle est enseignée.
Et ce que je trouve d'autant plus dérangeant, c'est que cette supposée technique fait fi de tous les mécanismes de manipulation mis en œuvre par un adulte mal intentionné ET par la sidération qui peut frapper un enfant confronté au-dit adulte. Il y a infiniment plus de chances que le méchant-adulte-inconnu tente une technique du genre "ton papa m'a dit de te ramener à la maison" et/ou opère dans un contexte où l'enfant est isolé‧e de ses pairs qu'un délire genre "je débarque bave aux lèvres, je saisis l'enfant à bras le corps et tente de l'entraîner dans ma fourgonnette floquée Boucherie du Bas Morvan".
En fait quelque soit le modus operandi d'une "mauvaise rencontre" en public, déjà estimer que l'enfant aura le réflexe ne serait-ce que de crier et de se débattre c'est très très optimiste, mais de là à imaginer qu'il aurait en plus de ça la présence d'esprit d'hurler des insanités pour attirer l'attention, pardon mais faut vraiment être à côté de la plaque
J'ai du mal à expliquer pourquoi cette technique et l'article qui la relaie sans aucune prise de distance (technique "géniale") me mettent autant en colère. Sans doute parce qu'en jouant avec la figure du croquemitaine on continue de se voiler la face sur le fait que les violences faites aux enfants sont systémiques, très souvent intrafamiliales et/ou du fait d'un‧e proche de la famille. Intéressons-nous à ce qui se passe dans nos familles, posons-nous des questions structurelles sur ce qui créé les conditions des abus (sexuels et autres) des adultes ayant autorité sur des enfants, donnons-leur les clefs pour décrypter les signaux et les actes de TOUS les adultes, au lieu de fantasmer que clown de Ça va sortir de la bouche d’égout
Et de façon secondaire, de nombreuses études montrent que le périmètre extérieur dans lequel les enfants sont autorisé‧es à se déplacer seul‧es autour de leur domicile s'est réduit comme peau de chagrin au cours du dernier siècle, ALORS QUE, statistiquement, la criminalité n'a jamais été aussi basse. Cette dérive sécuritaire (droite doite droite) et ce repli sur la sphère familiale m'inquiètent et m'irritent énormément, et ce genre de "technique" et d'article n'est qu'une pièce de plus dans la machine du "les rues ne sont plus sûres ma bonne dame, plus de flics, plus de caméras
"