C'est vrai que la mesure a des airs "liberticides" (m'enfin, une charte n'a pas de valeur juridique) mais je ne pense pas pour autant qu'il faille ignorer le problème.
C'est évident que dans certaines grandes écoles (d'ingénieurs, notamment) l'alcool coule vraiment à flots, très peu cher car vendu par le bureau des élèves pour des soirées de campus un peu autarciques tout de même. C'est vrai qu'il y a un côté "décompression" là-dedans, mais cela tend aussi à devenir un code de conduite (si tu n'alignes pas les cuites, tu n'es pas cool : je caricature évidemment mais il y a de ça) et peut avoir des conséquences graves sur certaines personnes fragiles psychologiquement ou physiquement, j'en ai entendu des histoires de comas éthyliques dans ce genre de soirées, ou de mauvaises compatibilités alcool/antidépresseurs. Ce n'est pas si facile de dire que chacun prend ses responsabilités et est libre d'aller à une soirée sans rien boire, ce n'est pas forcément vrai pour tout le monde.
Bref, j'estime que le problème mérite d'être posé, au risque de paraître bien-pensant(e), au sein des écoles, mais en termes de prévention plus qu'en termes d'interdiction pure et simple. Ce qu'il faudrait, mais c'est évidemment très difficile, ce serait de nuancer un peu la vision générale de l'alcool comme moyen de se valoriser au sein d'un groupe, être capable de boire de l'alcool fort comme preuve qu'on est super cool, etc. Dommage par exemple qu'on ne développe pas une consommation d'alcool un peu plus "gastronome", un peu plus de bon vin, etc, plutôt de de rejeter tout en bloc. Et je dis ça, tout en étant moi-même agacée par la condamnation de tout ce qui est censé être "mauvais pour la santé", mais bon, cela fait longtemps que je ne fais plus beaucoup de grosses soirées avec 10 bouteilles d'alcool par personne, je préfère boire (du vin) pendant des repas interminables ou boire des apéros en petit comité.
Mais il y a quand même un problème de santé publique là-dedans, dommage que l'Etat (enfin là ce n'est pas exactement l'Etat !) n'arrive à prendre ses responsabilités que dans la répression et l'interdiction. Bien sûr que l'infantilisation est agaçante, mais c'est illusoire de considérer que chacun est capable de prendre ses responsabilités, d'autant que ces grandes écoles sont des écoles publiques, pas des boîtes de nuit (qui elles, ont le droit de faire ce qu'elles veulent en matière d'alcool sans qu'on les critique) ou des espaces privés où tout le monde, effectivement, fait ce qu'il veut.
J'avoue que je ne comprends pas pourquoi forcément, si on trouve cette mesure abusive (ce qui est mon avis), il faudrait en venir à dire que c'est ridicule de parler des dangers de l'alcool et de dire que les jeunes sont peut-être particulièrement vulnérables (d'autant que si des comportement alcooliques s'installent, ils risquent de durer, je connais des exemples).