Perso j'ai beaucoup aimé "mon Roi". J'ai trouvé le personnage de Vincent Cassel très bien écrit d'autant plus que je connais des gens pareils, séduisants, charismatiques, extravertis, qui sont en fait de fieffés salauds et manipulateurs. Mais depuis, le comportement de Maïwenn m'interroge sur le sens de son film.
Ce qui me dérange souvent dans ces séries et films mentionnés, c'est cette idées désuète et putride que la femme forte, la femme indépendante, ne l'est que par nécessité, parce qu'elle n'a pas trouvé l'homme qui le protègera et lui "permettra" de lâcher prise et de devenir la chose ou soumise, ou douce et maternelle qu'elle est (bien entendu) par nature.
Et bien entendu aussi, pour lui prouver qu'il est suffisamment fort et viril, tout est permis. L'embrasser de force, la séquestrer... et la violence est aussi justifiée par des tropes moisis tellement courants dans la vie... "mais je suis fou de toi, alors tu me rends fou d'amour et je fais n'importe quoi". "Il te fait mal parce qu'il a peur de te perdre, il t'aime c'est le plus important". Ou comment la "passion" est synonyme d'amour idéal, la souffrance n'étant due qu'à un surplus de sentiments, et que sans passion les relations ne deviennent que train-train et ennui (menant à la rupture ou à crever à petit feu). Suivant ces tropes, il y a forcément une forme de violence dans l'amour vrai, sinon ce n'est pas de l'amour mais de la résignation.
Quand ce genre de comportement est glamourisé via des personnages écrits pour être appréciés et admirés dans des œuvres/films/séries très bien écrits, comment ne pas transposer ce genre de valeur dans notre vie réelle surtout quand on est jeune ? Déjà qu'apparemment le porno fait des ravages quant à la perception qu'ont les très jeunes sur le déroulement des relations sexuelles alors même que le contenu auquel ils ont accès est généralement caricatural et mal écrit...
Alors je sais que les titres mentionnés sont plutôt récents, mais les anciens James Bond, par exemple, sont inregardables pour moi. Et ils passent pourtant encore souvent aux heures de grande audience sans alerte alors qu'ils sont extrêmement problématiques, racistes, sexistes, et j'en passe.
Il est totalement naturel de se projeter sur des personnages fictifs, à plus forte raison pendant l'adolescence ou lors de périodes de doute ou de dépression, et encore plus lorsque l'œuvre en question est un phénomène sociétal. Ce n'est pas pour rien que des manuels éducatifs voire professionnels sont écrits comme des romans, car les lecteurs peuvent ainsi s'identifier aux personnages et se sentir beaucoup plus concernés et impliqués.
Déjà des siècles auparavant les jeunes femmes étaient lobotomisées à coups d'histoires romantiques dans lesquels l'héroïne trouvait le bonheur par le mariage, la soumission et la vie de femme au foyer. Ce n'est pas nouveau. À l'époque par contre, elles n'avaient souvent pas le droit de lire quoi que ce soit d'autre, car on croyait que trop réfléchir pouvait leurêtre fatal
Bref, on a encore du chemin à faire. La soumission des femmes profite encore à tellement de monde que ceux (et celles malheureusement) qui en font la promotion et la proposent comme un idéal ne risquent pas de disparaître de sitôt. Ne reste que l'éducation pour enfin y mettre fin.
(Edit: grammaire/orthographe)