Je ne dirai qu'une chose à cette MadmoiZelle, et peu importe qu'on me réponde "oui mais enfiiiiin, c'est pas faciiiiiile, tu saaaais", pars à l'étranger.
Je sais. Famille, amis. Barrière de la langue. Ou tout simplement aucunement l'envie de changer de pays. Ce que je peux comprendre. Ce qui est naturel.
Oui, mais, "in this economy" comme disent souvent les anglo-saxons, il vaut mieux prendre sa valise, dire merde, et aller trouver du travail là où il y en a (c'est à dire pas en France.) (Bon, tu me diras, y en a pas beaucoup plus ailleurs.) (Quoique.)
L'article n'explique pas non plus son parcours - en France, tu ne peux travailler que dans un domaine pour lequel tu as étudié, ce qui explique le taux de chômage monstrueux des jeunes de manière générale. Parce-t'as-pas-le-diplôme-qu'il-faut.
Trilingue, j'ai quand même eu pas moins d'une dizaine de franchouillards (par définition unilingues) boursouflés de leur importance me demander si je parlais vraiment bien anglais. "Oké, so, let's-euh, you-spik-inglich?" Non, j'ai passé 4 ans en Angleterre à jouer au tennis, connard.
M'est avis que c'est plus difficile pour une femme. Je ne cherche même plus à comparer l'Angleterre à la France pour le rapport au genre, parce que mon pays natal m'a prouvé à maintes reprises le traitement catastrophique des jeunes femmes diplômées, compétentes et travailleuses qui se voient refuser des postes... attribués à leur congénères masculins objectivement moins qualifiés. Je n'ai jamais jamais jamais eu ce problème en Angleterre. (Le milieu WASP reste radicalement très misogyne, mais fort heureusement on peut facilement l'éviter.)
J'ai depuis longtemps abandonné mes ambitions carriéristes, non seulement parce qu'elles sont en l'état impossibles, verrouillées par l'élitisme paternaliste bien quinqua et bien beauf, et surtout parce que j'ai réalisé que je ne dérive pas de réel plaisir, d'épanouissement, du travail. Maintenant je comprends bien que ça n'est pas le cas de tout le monde, mais cette "crise" qu'on nous sert pour justifier des stages non rémunérés, et des plein temps payés à mi-temps, est peut être la voie vers un "autre chose", un "ailleurs". Je sais pas quoi encore, et pourtant je parle en état de cause parce que j'ai longtemps été au chômage moi-même, et j'ai vécu chichement ces sept dernières années, et puis un jour y a un truc qui se passe, quelqu'un se met à croire en toi, et puis tes amis, et puis ta famille, et puis de parfaits inconnus, et un truc magnifique et tout à fait inattendu se produit...
Bref. Je sais, une madmoiZelle, que tu ferais sans doute n'importe quoi pour rester en France, parce que tu n'abordes pas l'éventualité d'une expatriation, mais malheureusement c'est ce qui m'a sauvé, et qui sauve encore nombre de jeunes qui sautent le pas. Sinon, tu peux attendre qu'un truc magnifique et inattendu arrive, mais c'est plus au petit bonheur la chance... certains l'ont, d'autres non.
Courage! Je t'envoie tout mon bon karma.