C'est la crise, ils disent... - Lettre ouverte d'une chômeuse fatiguée

[minimou]

Cet article me parle beaucoup  puisque je suis dans la même situation.

J'ai arrêté mes études l'année dernière. Je venais de commencer un master dans lequel j'avais le sentiment de ne rien apprendre de nouveau, donc au moment quand tout le monde est parti en stage, j'ai abandonné.
Je n'aurai peut être pas dû. J'aurai pu me faire exploiter tout en étant payé moins de 450€ par mois. Mais j'avais déjà donné pendant plus de 4 ans.

Depuis, je suis au chômage. J'ai cherché activement un boulot mais plus le temps passe et moins je vais voir le site de Pôle Emploi où je ne trouve pas d'annonce correspondant à mon profil.
Des annonces qui pourraient m'intéresser il y en a quelques unes, mais l'expérience pose toujours problème. Je peux comprendre que pour certains postes à responsabilité, l'expérience soit nécessaire, mais pour d'autre, je considère cela comme de l'abus. De l'expérience pour faire la plonge dans un resto, alors qu'il suffit d'appuyer sur le bouton du lave-vaisselle, je suppose qu'en deux jours, même la plus c**** d'entre nous comprendra comment ça marche. J'ai déjà vu une annonce pour faire 3h de babysitting dans la semaine. Les parents demandaient 10 ans d'expérience !!

Du coup je pense à monter ma propre affaire. Si personne ne veut m'offrir de boulot, autant créer mon propre emploi !

 

[Evony]

Super article, super bien écrit.
Et moi aussi, je m'y reconnais.

Quand je vois qu'on nous pousse a faire des études pour finir à rien faire...
Quand je lis sur des offres d'emploi qu'il faut deux, trois ans d’expérience pour être vendeuse.

ça me rend juste folle.

 

[romane75000]

juste merci pour cet article qui me fait sentir un peu moins seule...
on en vient à se demander si le problème vient de nous et j'avoue que je regrette mes 7 années d'études! j'en suis même à me demander si je ne vais pas reprendre la fac pour occuper mon cerveau qui demande un peu d'occupation.
et je ne sais pas pour vous mais je cherche régulièrement des petits jobs ou des choses où il faut moins d'années d'études et régulièrement on me répond "oulala trop d'études" ...

 

[noctambulle]

Actuellement, je me dis que j'ai d'la chance ... C'est vrai, j'ai 21, je suis en M1 à l'IUFM de Strasbourg et dans un mois (un peu moins maintenant) je vais passer un concours qui va me permettre d'entrer dans les rangs des fonctionnaires de l'Etat en tant que professeurs des écoles. Une amie qui a eu du mal à trouver du taf au cours des derniers mois et qui n'est pas satisfaite de ce qu'elle fait maintenant m'a dit que j'avais d'la chance et oui, c'est vrai. Je suis quasiment assurée d'avoir un emploi, pour un peu que je ne me plante pas au concours. Contrairement aux autres jeunes que je croise et qui se cassent la tête dans les recherches d'emploi, j'ai une once de chance, oui.

Toutefois, je n'accepterai pas qu'on me dise que je ne sais pas ce qu'est le chômage et ce qu'il entraîne ... Ma mère a passé 21 ans comme vendeuse dans un tabac-presse, avant d'être jetée comme une c*nne soit disant pour une faute professionnelle mineure, qui pourtant n'a donné lieu à aucun avertissement. Le recours des Prud'hommes ? On lui a dit de ne pas se battre contre l'entreprise parce que la lettre de licenciement était rédigée par un avocat et qu'il y perdrait encore plus de sous en essayant de faire changer ça. Elle a cherché et même si maintenant elle a des petits contrats en intérim, on lui a dit la même chose qu'aux jeunes à Pôle Emploi : formation insuffisante / expérience insuffisante. Elle a 21 ans d'ancienneté dans la vente et une place de commercial lui a été refusée car elle n'avait pas de formation ! Ce n'est pas à 43 ans qu'elle compte reprendre ses études et j'arrive à comprendre ça. Mais même dans la vingtaine, ce n'est pas normal d'obtenir des réponses pareilles ! Se casser la tête pour une formation qu'on a voulu, pour au final se faire envoyer paître à cause d'un manque d'expérience ... c'est cruel. On nous parle d'égalité des chances, dites-moi où elle est ?

Même pour dégoter des jobs d'été, c'est devenu une misère ... Personnellement, je n'ai pas la voiture car ma mère en a besoin avec ses missions d'intérim = mobilité 0 - or d'origine, je suis d'une petite ville campagnarde où les jobs d'été sont rares. Un supermarché, c'est deux mois ou rien qu'on m'a répondu en mars, mais je ne peux pas travailler deux mois compte tenu que j'ai des choses à faire pour mon master en juillet-août (mémoire, préparation des cours en classe si j'obtiens mon statut de semi-titulaire, ...). Les restaurants, j'ai donné et même actuellement, ils n'ont rien à offrir en été. Alors oui, encore une fois, je suis allée pleurer dans le bureau de notre DRH de commune demander de quoi bosser dans la mairie ou autre - et, le temps passant, je pense que je n'aurais pas de réponse.

Le temps de crise c'est la réponse qu'on nous donne à chaque fois et y'en a marre. Je comprends toutes ces personnes qui cherchent, cherchent, cherchent et ne trouvent pas. On nous dit de partir ailleurs, j'en connais qui rêvent de s'en aller dans d'autres pays aux horizons moins sombres, mais encore faut-il être en mesure de payer des billets de train ou d'avion et être sur de sa destination ! Et encore faut-il vouloir aller ailleurs et quitter ce qu'on a, ce qui n'est pas le cas de tous. Je ne vais pas reprendre ce qu'a dit Leonor à ce propos mais je vous propose de lire son commentaire plein de bon sens.

A ceux qui me disent ensuite que je n'ai pas à me plaindre avec ma place tranquillement assurée dans les rangs des fonctionnaires, qui vous dit que c'est ce que je voulais faire à l'origine ? Qui vous dit que je vais y rester des années et des années jusqu'à la retraite ? Qui vous dit que ma place ne sera pas menacée d'ici une poignée d'années à cause d'une autre réforme ? Le chômage touche tout le monde, d'une façon ou d'une autre.

Alors à toutes les Mad'z qui liront ceci : ne baissez pas les bras, continuez vos recherches et accrochez-vous. Je vous souhaite de trouver ce job, cette perle rare, qui vous comblera.

 

[leonor]

Je trouve que cet "ailleurs, à l'étranger, là où il y a du travail", relève un peu du fantasme...

Voici un graphique du taux de chômage en 2012 (source OCDE, donc ça inclut la plupart des pays développés)

La France, à 10.3%, est légèrement en dessous de la moyenne de l'UE (10.5%), et aussi en dessous de celle de la zone Euro (11.3%).
La moyenne de l'OCDE est à 8% et la France n'en est pas si loin...

Donc, ailleurs le marché du travail peut être différent et moins obsédé par le diplôme, mais il n'y a pas généralement "plus de travail ailleurs"

Oui, c'est ce que je voulais dire - et effectivement y a peut être pas plus de travail ailleurs mais le marché du travail étranger est construit de telle manière que ce n'est pas le diplôme qui constitue un gage de réussite, mais bien les compétences en tant que telles. Ce qui fait qu'on retrouve beaucoup plus de gens "à leur place". Après, il y a des managers incompétents, ingrats et stupides partout dans le monde hein ^^' (je vise les managers en particulier car leur niveau de compétences moyen, n'est finalement pas plus élevé de celui de leurs subordonnés, mais ils ont plus de pouvoir d'achat.) (Je conchie le manager pourri jusqu'à la dixième génération.)

Finalement, ce qui prime dans cette histoire c'est qu'on nous a menti - les études supérieures ne sont en aucun cas un tremplin d'accès au monde du travail... en tout cas, certainement pas en France. (Et de manière générale, tendance observée dans n'importe quel pays latin pour ma part.)

 

[Sarah Walker]

Je vais seulement essayer d'entrer dans le monde du travail et ça me fait vachement peur... J'essaye de me rassurer en disant que j'ai deux diplômes à faire valoir mais je pense que j'idéalise un peu trop...
En tout cas courage à toutes celles en pleines recherches d'emplois, j'espère sincèrement que les choses vont enfin bouger!

 

[Passiflore]

Un bel article qui retranscrit très bien le "choc" de la fin des études et le début de la vie "pas forcément active".


Comme beaucoup de monde, après un master vint 7 mois de stress et de déprime à se dire que personne n'a besoin de moi, les connaissances que j'ai eu tant de mal à faire rentrer dans ma caboche, ma motivation, ma créativité... Heureusement mes proches m'ont aidé à rester motivé ! Plus particulièrement mon copain qui avait de l'optimisme pour nous 2 et mon Papa qui m'a expliqué que chercher un emploi c'est un travail comme les autres, que pour ça il faut se lever à heure fixe en semaine, avoir des horaires et des objectifs (et glander le week-end) qui nous font sentir satisfaits et fiers en fin de journée. Et puis je me suis devenue prof chez acadomia, ça a fait bouillir la marmite comme dit ma grand-mère et puis ça fait travailler le cerveau et ça, ça n'a pas de prix !

Finalement quelqu'un m'a donné une chance, dans mon domaine, ça arrive, mais je pense que c'est pas commun de nos jours !

Aux madz en attente que quelqu'un veuille bien leur donner une chance...

 

[Nemoauditur]

Le pire dans cet article, c'est le nombre de personnes qui commentent en disant qu'elles sont aussi dans cette situation... Effrayant.

Personnellement, j'ai un Master 2 en droit, et ma recherche d'emploi s'est révelée être un serpent qui se mord la queue... "Vous avez trop de diplômes pour les postes à bac +3 " et " Vous n'avez pas assez d'expérience pour les postes à bac+5".

Au final, des CDD de 1 an qui s'enchaînent , aucun projet possible car les banques ne me prêteront pas d'argent et le sentiment d'avoir fait des études pour rien.

 

[Löki]

Je ne sais pas quoi dire à part à part Méga Big up pour l'article et tous ces témoignages qui ont suivi.

J'en pleure presque.

 

[mwacalinette]

Je me retrouve totalement là dedans...Je suis Belge et c'est exactement la même chose ici.
Il faut 10 ans d'expérience , parler 5 langues et avoir les connaissances et les aptitudes de quelqu'un qui a 3 diplômes...pour un poste de vendeuse ou administratif.
Je possède un graduat en publicité (bac+3). Et bien souvent dans les offres d'emploi d’infographiste, on me demande des connaissances de programmeur et de développeur. Et à part passer ma vie à faire formation sur formation je ne vois pas comment obtenir tout ce savoir.
Plus je regarde les offres d'emploi, plus je cherche, et plus ça me rend malade et déprimée. Et le taux de réponse des employeurs est déplorable. Ils devraient prendre la peine de répondre même si c'est non. C'est la moindre des choses, la politesse, le respect.

 

[soshishi]

Je rejoins les commentaires concernant le travail à l'étranger.
OK tout n'est pas rose et facile, mais si tu as un diplôme dans un secteur mort en France mais plus actif ailleurs, ça peut le faire.
Parler français/être française est un avantage dans certains jobs!

Après un diplôme d'ingénieur, j'ai harcelé la France entière pour un premier boulot dans ma branche, j'étais limite prête à bosser dans la Creuse! (no offense ^^)
Finalement, après quelques "t'es trop jeune ma petite", "mais tu n'as pas d'expérience dans ce logiciel particulier ce qui est normal puisque nous sommes les seules à l'utiliser" ou encore "ton profil correspond mais je ne le sais pas parce que je ne connais pas ton diplôme et que je recrute toujours les mêmes clones, bouché de la fesse que je suis", et bien je me suis échappée en Volontariat International!

Je fais exactement le boulot que je voulais, mais à l'étranger, et peut-être  que je trouverai un truc en France à mon retour. Enfin  peut-être, on me demandera peut-être d'avoir 5 ans et non 2 ans d'expérience, crise oblige. Ou alors qu'à l'étranger, tu comprends c'est pas pareil, du coup on ne comprends pas ce que tu as fait et si c'est adapté!

En tout cas le VI est le compromis idéal: c'est destiné aux jeunes sortis de l'école, et tu travail pour une boîte française, donc tu n'es pas déconnectée des attentes du monde du travail français. Les places sont chères, mais ça vaut le coup de regarder ce côté là!

Le site du bonheur: https://www.civiweb.com/FR/index.aspx

 

[Pinceau_]

Je me reconnais tellement moi aussi dans cet article ! Moi qui ai eu pendant toute mon enfance, l'ambition de décrocher un bac + 5 pour pouvoir exercer un métier qui me plaît... Quelle désillusion !

Le truc qui m'énerve le +, c'est vraiment cette expérience qu'on nous demande ! C'est tellement débile de demander à de jeunes diplômés d'avoir plusieurs années d'expérience !!!  J'ai même vu une annonce "les périodes de stage ne sont pas considérées comme de l'expérience", mais alors c'est quoi ??!!! Parce que pour ma part durant mes 2 stages, j'ai fait le taf de quelqu'un qui aurait pu être payé à temps plein dessus hein, c'était pas du stage-photocopie, merde !



Bref, courage à tous, à toutes..

Ah et dernière chose : je me souviens encore de mes parents, quand j'ai passé le bac, me dire "soit c'est prépa, soit c'est fac, mais surement pas BTS / DUT etc, c'est pour les nuls". Voilà, à l'époque je pensais que les études courtes c'était "pour les nuls". NON. Les études courtes, je crois que c'est encore le meilleur moyen de trouver un petit taf pas trop mal payé. (et c'est pas pour les nuls hein).