lily-g;4193845 a dit :
Et puis appeler ça du "harcèlement de rue" c'est fort quand même ! Personnellement, je ne suis pas traumatisée à vie quand quelqu'un m'interpelle dans la rue en me disant que j'ai de jolies jambes. Et si il me dit qu'elles sont moches, bah tant pis, c'est pas mon mec. Du moment qu'il ne vient pas me toucher tout va bien, les réflexions elles me passent au dessus ! Alors oui, ça peut être lourd à force, je suis d'accord, mais de là à s'enlaidir... (et puis comme dit une certaine Madz, les réflexions négatives avec ces collants risquent d'être bien pires...)
Pour ma part, c'est cette paranoïa générale qui commence à me faire peur moi...
Bah tu sais, moi aussi je trouvais que parler de harcèlement était carrément exagéré quand j'habitais dans des quartiers où je me prenais au max deux réflexions par jour et que globalement, j'avais l'impression de pouvoir gérer.
Depuis, j'ai descendu les Champs Elysées à trois heures du mat en jupe.
Et puis surtout, maintenant, je suis dans un pays où sur certaines routes où tu marches, tout le monde t'interpelle de manière vulgaire.
Tous les matins pour aller au bureau, pendant 20 minutes sans discontinuer, et tous les soirs, je me fais klaxonner par des camions (si tu t'es déjà fait klaxonner par un camion à 30cm de toi ça fait flipper), j'entends des remarques perverses, des sifflements répétés, on m'interpelle à n'en plus finir et quand je veux réagir, la voiture est partie ou croit que je réponds positivement à ses appels.
Tu es déjà rentrée dans une pièce où te le monde te matait sans honte? Ben ça me fait cette impression-là le matin. Quand je croise un camion plein de mecs qui m'appelent tous d'un coup et me suivent des yeux avec ce sourire dégueulasse, j'ai beau faire comme si de rien n'était, ça me pèse.
Je me sens humiliée, j'ai l'impression qu'ils me traitent comme un chien, ou qu'ils me voient comme une prostituée, ou qu'ils pensent que je ne suis pas humaine pour s'adresser à moi d'une manière qu'ils savent irrespectueuse.
Je ne vais plus à la plage seule car je sais que ça va attirer les remarques.
Parfois, je n'ai pas le courage d'aller me promener seule le weekend parce que je n'ai pas envie de monopoliser mon énergie à ignorer les commentaires en regardant fixement devant moi.
Alors que je suis sous les Tropiques, je ne garde mes jupes et shorts que pour le weekend parce que j'ai l'espoir illusoire que ça réduira l'attention sur moi quand je vais au travail et que je serais moins humiliée sur la route.
Même les jours où je n'entends presque rien, je suis quand même obnubilée par ça, par faire semblant d'être indifférente et de marcher droit, par sauver les apparences, ma seule révolte possible.
Oui, c'est du harcèlement de rue! Même s'ils ne cherchent pas à me violer ou qu'ils ne m'agressent pas physiquement, je ne vois pas comment on peut appeler ça autrement! Même si ces hommes n'en sont pas conscients, ils me harcèlent et ils grignotent peu à peu mon sentiment de liberté et de tranquilité.
Alors dans certains cas, le harcèlement de rue est mineur mais c'est quand même le même principe, juste à un degré moindre, et donc le même nom...
C'est facile de résister mentalement et de se sentir au-dessus de tout ça quand ça n'est qu'un aspect minime de ta vie dans l'espace public. Mais si dès que tu y mets le pied, ça te tombe dessus et ça te suit à chaque pas, c'est beaucoup, beaucoup plus compliqué de relativiser.
Tu peux appeler ça de la paranoïa mais je doute que tu ne deviennes pas paranoïaque toi aussi dans la même situation.