Je n'ai malheureusement pas vu le film (enfant en bas âge, tout ça tout ça...), mais je voudrais réagir aux commentaires qui pensent que le film se "devait" de moraliser le propos, de désamorcer l'empathie que l'on peut ressentir pour le personnage principal, qui semble avoir l'âme bien crade.
Je pense en vérité tout le contraire.
Déjà, parce que j'ai tendance à penser que morale+art = propagande, et que ça me gêne. Ou alors, il faut l'afficher dès le départ comme un film "politique", et là il me semble que ça n'était clairement pas l'intention de Scorsese.
Ensuite, parce que ça n'est pas parce qu'un personnage est ignoble qu'on ne peut (doit) pas développer d'empathie pour lui. Je pense que les personnes ayant vu (et aimé) "La chute", sur les derniers jours d'Hitler et de son entourage proche, comprendront aisément ce à quoi je fais référence.
Enfin, pour la vie qui semble être dépeinte dans le film (conneries, drogues, sexe à gogo...)... ça me semble juste réaliste. Pour avoir fréquenté, il y a maintenant environ 8 ans, le milieu des traders (londoniens, ceux-là, mais c'est kif kif bourricot), c'est malheureusement ça. Des soirées où des potes débarqués de Dubaï claquent en champagne un an du salaire de mon père, des meufs venues de pays de l'Est à qui on paie des études en échange d'une relation "amoureuse", de la coke de tous côtés, surtout pour survivre au stress (les mecs dans les fusions-acquisitions, qui sortent à 2h du mat' la gueule explosée et la tension à 18, honnêtement j'ai tendance à penser qu'ils ne pourraient pas faire ce qu'ils font sans être complètement shootés)... C'est un milieu assez gerbant dans son ensemble, même si certains sortent du lot, c'est donc normal à mon sens de ressortir du film en ayant la nausée et le tournis.
A l'époque, ce qui m'avait le plus choquée je crois en côtoyant ces mecs, dont mon petit ami, c'était leur inconscience, leur sentiment de toute puissance et leur puérilité. Ils aimaient à faire n'importe quoi en s'abritant derrière cette idée que, au-dessus de leur tête, il existait une "régulation" de tout ce système qui faisait que, quoiqu'ils fassent, rien n'était grave. Ils vivent dans l'abstraction, comme les joueurs de poker qu'ils sont généralement à côté, et bien souvent ne réalisent pas que ce soit-disant système régulateur... c'est eux. Au moment de l'explosion de la crise, pas mal de gens que je connaissais se sont retrouvés avec leur carton d'affaires dehors, hébétés, sincèrement dépassés par ce qu'il arrivait.
Je ne dis pas ça pour les excuser, loin de là, et je vomis ce petit monde que j'ai appris à détester, mais je pense que c'est cohérent, du coup, que le film ne s'attarde pas sur les conséquences, les vies détruites par ces hommes. Car cela ne fait pas partie de leur champ de lecture, ils vivent dans une forme d'irréalité qui occulte, plus ou moins volontairement, tout ça.
Désolée pour la tartine alors que je n'ai même pas vu le film, mais j'avais envie de donner mon avis quand même, ahah ^^