"On y découvre que 8 jeunes sur 10 s'intéressent à la politique"...
Je trouve qu'avec un titre pareil, le point que vous faites ressortir du rapport est assez discutable, et que du coup votre manière de présenter cette étude est un peu hâtive.
Pour moi on n'y "découvre" rien à proprement dit parce que ces chiffres ne sont pas la réalité, ils sont au mieux une partie de la réalité, et au pire une interprétation de données partielles. Ces chiffres sont issus d'un questionnaire qui a été construit, et les conclusions qu'on en tire sont une interprétation des réponses données aux questions posées, mais ce n'est pas une vérité.
Du coup, j'y reviens, je trouve ça un peu hâtif de voir que ce qui a été retenu dans cet article, c'est que "8 jeunes sur 10 s'intéressent à la politique", comme si c'était l'information centrale du sondage. Qu'est-ce que ça veut dire, "s'intéresser à la politique" ? J'ai regardé un peu le rapport, et même s'ils ne nous disent pas dans quels termes les questions ont été posées aux enquêtés, je crois déduire que la question qui a permis d'affirmer ça devait être un truc du genre "suivez-vous l'actualité politique ?".
Je trouve que ça manque un peu de précision pour pouvoir en tirer la conclusion que "8 jeunes sur 10 s'intéressent à la politique". "Suivre l'actualité politique" c'est hyper vague. Ça peut vouloir dire tout et n'importe quoi, c'est pas un indicateur rigoureux, ça dépend de ce que chacun met derrière et de comment chacun interprète la question. Certains ont pu répondre "oui" parce qu'ils ont suivi de loin l'affaire Hollande-Gayet, d'autres parce qu'ils l'ont suivie de près, d'autres ont pu répondre "oui" parce qu'ils regardent les infos et tombent donc sur des actualités politiques sans forcément les chercher, d'autres encore ont pu répondre "oui" parce qu'ils regardent les débats ou lisent le journal, d'autres parce qu'ils épluchent les programmes des différents candidats en vue des municipales qui approchent...
Voilà, la formulation de la question cache complètement les différents degrés et les différentes formes d'intérêt à la politique. Je ne dis pas qu'il y a un degré qui est plus respectable ou légitime qu'un autre, mais je dis que ça aurait été intéressant de creuser et de comprendre ce qui se cachait derrière ces réponses plutôt que d'en rester là (EDIT : Ah,
apparemment ça a été fait, la nuance n'est juste pas mise en évidence dans le rapport). Je sais qu'après ils ont posé des questions sur le vote, l'appartenance à un parti etc, mais là il s'agit de questions sur les pratiques alors que moi j'aurais aimé plus de questions sur les représentations, sur ce que veut dire, pour ces jeunes, "s'intéresser à la politique". Je pense que ça n'a rien d'évident, et qu'il aurait été tout aussi intéressant de creuser ça que de passer direct à des questions sur des pratiques concrètes d'engagement, comme si la première question s'était suffi à elle-même pour prouver quelque chose.
D'autant plus qu'à côté de la formulation des questions (qui ne nous sont donc pas communiquées, j'aurais bien aimé une annexe avec le questionnaire initial) et de l'aspect "informations de seconde main",il faut rappeler que l'enquête ne concerne "que" 500 personnes qui ont répondu à un questionnaire par téléphone. Certes l'échantillon est représentatif (du moins c'est ce qui est écrit) mais il n'est qu'une tendance relevée à partir d'un nombre restreint d'individu, donc il ne représente pas la réalité, il n'en est qu'une interprétation.
Et d'ailleurs, le sondage a été initié par l'AFEV, qui, vu son statut (une association qui regroupe des étudiants solidaires et, d'une certaine manière, engagés), a probablement tout intérêt à faire un bilan positif qui mette en avant l'engagement politique de la jeunesse.
Je ne dis pas que cette enquête est à jeter ! Pour ce que j'en ai vu elle a l'air intéressante (surtout que dans le rapport elle est appuyée par d'autres données qui viennent compléter et affiner tout ça) mais je crois que quand on présente une enquête, il ne faut pas oublier d'où elle vient, comment et sur qui elle a été faite, et les enjeux autour de l'interprétation des chiffres qu'elle a créés.
Désolée, j'ai l'impression d'avoir fait la chieuse là

