Je rebondis sur l'idée de @
Terrific-fluffy-bunny au sujet de la récurrence des viols simulés dans les pornos.
Ce que tu racontes me fait beaucoup penser à la mise en perspective que fait Virginie Despentes, dans King Kong Theory, entre son viol réel (vécu - est-ce utile de le préciser - comme un traumatisme) et ses fantasmes de viol (un bel inconnu qui arrive et vous prend par surprise - rien à voir avec la réalité, on est d'accord). Elle en conclut que beaucoup de femmes (mais peut-être une minorité ? je n'ai pas de données empiriques) ont intériorisé dans leurs fantasmes le rôle passif, voire le rôle d'objet que leur impose la vision traditionnelle de la sexualité.
(Ma lecture de King Kong Theory date un peu et si une Mad voit des corrections à apporter à mon commentaire, ça sera avec plaisir).
Je me reconnais moi même pas mal dans cette problématique : je suis féministe, en même temps dans mes fantasmes je me vois davantage soumise qu'aux commandes. Il en va de même pour le porno que je regarde : ce qui me plaît c'est de voir une nana soumise à un ou plusieurs types (et de préférence, à James Deen

).
Est-ce que c'est un problème ? Est-ce que je devrais remettre en cause toute ma sexualité pour qu'elle soit davantage "adaptée" à mes convictions et valeurs ?
On pourrait y réfléchir pendant des heures, mais concrètement ce n'est pas si évident que ça à mettre en pratique.
Je me suis pris la tête longtemps à ce sujet, et puis j'ai décidé de lâcher l'affaire, en me disant que l'important finalement était de faire la distinction entre deux choses : la sexualité, qui peut prendre la forme d'un jeu de rôle, et la "vraie vie". Et pour le porno, l'idée est de prendre conscience, à mon sens, qu'il s'agit d'une fiction qui représente uniquement une projection sexuelle, que l'on voit des personnages mettant en scène un fantasme, et rien de plus.
Je suis à l'aise quand je regarde une vidéo dans laquelle un dominateur attache et contraint une soumise, parce que je n'y vois pas une projection de la condition de la femme mais simplement une fiction. Ce qui me gêne, en revanche, c'est d'imaginer les milliers d'hommes (et femme aussi, sans doute) qui regardent cette même fiction et en tirent des conclusions complètement hors de propos ("ça prouve bien que finalement, il faut les forcer un peu, et au final elles aiment ça !" et autres horreurs).
A mon avis, c'est là où l'éducation est à faire et je pense qu'elle doit se faire avant tout dans la "vraie vie" en disant que oui, il n'y a pas de mal à regarder du porno tant qu'on garde par rapport à ça une certaine distance. Mais je pense que le message peut passer à travers le porno lui même, et c'est ce que tentent de faire les productions qui ajoutent, comme évoqué dans l'article des interviews de leurs actrices avant et / ou après la scène. Le message qui passe est souvent le suivant : j'ai donné mes limites et je suis consentante. Même si cette partie aussi est, j'imagine scénarisée, ça fait toujours du bien de le rappeler.
Mon
commentaire pavé enfonce sans doutes quelques portes ouvertes, désolée !
Et bravo à Josée pour cet article super intéressant et complet !