Je vais raconter un moment professionnel parce que ça fait bien écho au titre français du film 'le rôle de ta vie".
Il y a deux ans, l'Education Nationale me mute dans un poste fractionné : chaque jour dans une classe différente. Pour moi c'est la douche froide. Puis au fur et à mesure, comme toujours je prends goût à enseigner même si c'est en pointillés, je m'habitue.
Un jour, j'entends un "Maîtresse Ziggie, Maîtresse Ziggie" très enjoué quasiment hystérique qui vient du couloir , j'ai un moment d'arrêt en me disant que cette voix ne provient pas d'un de mes élèves mais qu'elle m'est étrangement familière. Et là, par la porte, je vois passer une tête, et je vois un enfant me courir dessus en disant "Ha je savais que c'était toi Maîtresse" me faire des bisous et s'accrocher à ma taille.
Cet enfant T., d'une famille précaire, baladé de ville en ville, c'est un des élèves de ma première année d'enseignement, une année magique dans une ZEP très défavorisée. Le voir courir vers moi avec un bonheur non feint, un sourire accroché aux oreilles... rien qu'en l'écrivant j'en ai les larmes aux yeux. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer ce que ça représente pour moi de voir cet enfant de 7 ans se rappeler de moi alors qu'à l'époque il n'en avait que 3, m'appeler toujours Maîtresse comme si je l'étais pour lui à vie.
Le moment de grâce étant quand il m'a dit : "tu te rappelles quand on était à l'école ? C'était trop bien ! Desfois j'y pense encore..." ses bras enroulés autour de moi en me regardant d'e bas avec un grand sourire. Comment te faire chialer devant tes élèves qui ne comprennent pas pourquoi. C'est pour des moments comme ça que je fais ce travail.