lypiphera;4893746 a dit :
Parce que merde, la communauté de gamer possède une grosse dominante de femme et je ne crois pas avoir jamais entendu l'une d'entre elles se plaindre. Se sont même très souvent des femmes engagés, et mine de rien, respecté à l'égal des hommes. Outre les minorités puériles et infantiles des communautés assez abjectes (types LOL) , je n'ai jamais entendu la moindre réflexion sexiste. Etrange non ? Alors pourquoi on s'acharne ?
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Etrangement, on attaque pas les jeux où les femmes sont des princesses en détresse à sauver.

On n'a pas dû lire du tout les mêmes sources ou fréquenté les mêmes gamers...
Parce que bien sûr que si, c'est pointé du doigt au même titre que plein d'autres éléments que femme = personne ne détresse et pas héroïne de plein droit est problématique.

Et je ne sais pas trop quoi te dire mais il me semble que les témoignages de femmes se plaignant de l'inégalité de traitement, de la manière abjecte dont on les considère, de nombreuses réflexions sexistes se trouvent par paquets de 20.
Tu peux en trouver plein les blogs et les fils Twitter sur Internet...
Dire "je n'ai jamais entendu de réflexion sexiste" je trouve ça un peu surréaliste en fait parce qu'il y a sûrement des communautés vachement respectueuses et égalitaires mais ça n'empêche que des groupes très nombreux sont aussi très oppressants. Rien que le fait qu'un des forums les plus sexistes du net soit officiellement dédié aux jeux vidéos montre que ces réflexions existent belles et bien et en nombre!
lypiphera;4893746 a dit :
Ce que cette femme dénonce, revient a peu de chose prêt, à dire que les jeux vidéos sont malsains et font de nous des gens mauvais. Excusez moi, n'avons pas déjà eu ce débat concernant la violence des jeux vidéos. Hey, j'avais 7 ans quand j'ai découvert Diablo pour la première fois, son très célèbre boss " The Butcher " et sa pléthore de femme empalée sur des piques. Je n'ai pourtant pas développé, ni forme de sadisme particulière, ni vue étrange de la femme.
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Un média, est par essence, un outil. Il n'a pas de volonté propre. Sincèrement, je joue à des jeux vidéos depuis très longtemps, et aucun cas la violence envers les femmes ne m'est apparu comme quelque chose à reproduire dans la vie de tous les jours.
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Mais je ne crois pas qu'il soit judicieux de dénoncer les jeux vidéos comme facteurs aggravant de machisme, pas plus qu'ils ne l'ont été pour la violence. C'est le travail de l'éducation ça.
Parce que je me bats pour l'égalité. Et ça a toujours été. Seulement ça à mon sens, ce n'est pas prendre le véritable problème.
C'est quoi pour toi "le véritable problème" dans le sexisme en fait?
Je pense que sur la question des jeux vidéos et de la violence, il y a une grosse incompréhension de la part de beaucoup de gens. L'idée n'est pas qu'un jeu vidéo va te donner envie d'empaler des gens ou de les tuer à la mitraillette. C'est beaucoup moins "gros" et plus pernicieux que ça.
Pour la question de la violence contre les femmes, c'est l'idée insidieuse qu'une femme est un être faible, perpétuellement menacé, en danger, facile à attaquer et que cette violence est normale, pas bien grave.
Je vais prendre en simplifiant un peu l'exemple des séries policières qui adorent le thème du serial killer ou du sadique. En général, les victimes sont toujours des jeunes femmes dans ces scénarios. Bien sûr qu'on ne croise pas un serial killer tous les quatre matins et qu'on n'a pas envie de devenir serial killer en voyant ça. Mais à force d'être exposé à ce genre de motifs scénaristiques, on finit par absorber certains concepts : les jeunes femmes sont des proies, il y a des hommes pas nets qui les ciblent avec un plan machiavéliques en tête.
Les femmes vont commencer à avoir peur, même inconsciemment, de devenir la cible de ce genre de tueurs. Leur entourage va vouloir les protéger. Mais puisque le tueur est présenté comme irrationnel, sadique, fou, on ne peut pas travailler sur lui. On va donc agir au niveau de la femme. Et quoi de plus efficace pour éviter de rencontrer un fou quand on est seule dans la rue ou un parking que d'aller le moins possible dans la rue ou les parkings et surtout jamais seule? C'est comme ça que les femmes vont être assaillies de recommandations anxiogènes de leurs proches ou empêchées d'agir librement dans leurs déplacements et activités. D'autres hommes ne vont pas vouloir massacrer des femmes mais à force de les avoir vu présentées comme des victimes impuissantes, faibles, des cibles faciles, ils vont penser qu'agresser ou faire pression sur une femme est assez normal, que ce n'est pas trop difficile et qu'en tout cas, ça l'est beaucoup moins que d'agresser un homme.
Voilà comment ce genre d'imageries fictionnelles participe à réduire la liberté des femmes, augmenter la pression pour qu'elles contrôlent leurs déplacements et les positionner en cibles parfaites pour des gens peu "scrupuleux".
Bien sûr, ce n'est pas en regardant Les Experts une fois que ma position va subitement être transformée. Mais à force d'avoir le message de la faiblesse-des-femmes-ces-proies-parfaites martelé jour après jour, on finit petit à petit par y être sensible.
On ne nait pas pacifique ou violent. On a tous à un moment ou un autre envie de commettre des actes répréhensibles. La loi nous empêche de les commettre mais aussi principalement des barrières personnelles : notre sens moral ou notre projection dans cet acte (ex: "si je frappe cet enfant insupportable, il va se mettre à hurler, ses parents vont venir et je vais avoir des ennuis").
Quand on voit systématiquement les mêmes scènes de violence commises sur les mêmes personnes, elles finissent par brouiller nos repères : "frapper un enfant, ça le fait taire et ça n'a pas trop de conséquences, je peux donc le faire sans trop m'inquiéter".
Et à part ça, il y a un vrai danger à esthéticiser de manière systématique certains crimes parce que ça donne de l'empathie pour le criminel et risque de diminuer la capacité de l'opinion publique à s'indigner et à exiger un châtiment approprié. La violence contre les femmes est malheureusement dans ce cas de figure depuis trop longtemps.
Quand tu dis "un média n'a pas de volonté propre", tu as parfaitement raison : c'est un produit de son contexte social. Il reflète et parfois exagère des obsessions et des pensées sociales. Dans une société sexiste, il va diffuser des idées sexistes qui seront amplifiées et multipliées.
Le jeu vidéo n'évolue pas dans une bulle, il se nourrit de ce qui nous entoure et le sexisme en fait partie. Il est donc impératif que les créateurs de jeux vidéos comme tous ceux qui manipulent des médias s'interrogent sur les messages qu'ils font passer. Et si certains de ces messages s'appuient sur des concepts nocifs comme le sexisme ou le racisme, qu'ils s'en débarrassent!
Dire que le sexisme est colportée dans les jeux vidéos n'est pas dire que les jeux vidéos créent le sexisme. C'est dire qu'ils ont un travail à faire pour empêcher que le sexisme continue de passer par eux.