L'étude est intéressante mais ça me chiffonne pas mal la généralisation qu'il fait "des 18/30 ans". Ok je m'y reconnais, et le lectorat de Madmoizelle pourra aussi en grande partie sans doute, mais la vision est juste seulement pour une partie de cette tranche d'âge : métropolitaine, bac+5, sans enfants. Mes amis d'enfance qui sont restés dans une petite ville de province et n'ont pas faits d'études ont pour beaucoup le même concubin depuis la vingtaine, ont un job stable, même si peu rémunéré (et ça a rapport avec le poste et non l'âge), et -au moins- un enfant.
Je ne sais pas quelle conclusion en tirer, si ce n'est que le milieu social (ou plutôt le niveau d'étude maintenant) déterminent quand même pas mal cette "instabilité" et qu'elle n'est pas intrinsèque à une époque ou à un âge.
Pour moi c'est une vision un peu "ethno-classo-centrée"
Hello !
En fait, c'est justement cette question-là qui fait l'intérêt de sa théorie (enfin, qui m'a intéressé moi, en tout cas) : Jeffrey Arnett est allé à la rencontre de vingtenaires dans plusieurs pays, en prenant des jeunes de tous les milieux sociaux... Il a interrogé des jeunes venant de la classe ouvrière, de milieux aisés, des étudiants, d'autres sans diplômes, des jeunes qui s'assument financièrement, d'autres non... Il s'est aperçu qu'en fin de compte, une grande partie de tout ce petit monde avait un point commun : le fait de ne pas se sentir adulte.
Il explique qu'avant, ce qui marquait l'âge adulte, c'était le job, le diplôme, le couple, l'enfant - mais aujourd'hui, les choses sont plus floues. Être en couple, avoir un enfant, ça ne pousse pas forcément à se sentir adulte.
Pour essayer de rapporter un peu mieux les propos d'Arnett, je cite une partie de l'article du courrier international :
"Cela dit, Arnett insiste sur le fait que les adultes émergents ne sont pas uniquement des jeunes privilégiés et qu’il ne s’agit pas simplement pour eux de vivre une période d’insouciance hédoniste. Dans son ouvrage
Emerging Adulthood, il a jugé utile de décrire les cas des jeunes de milieux défavorisés qui exploitent la focalisation sur soi et l’exploration identitaire inhérentes à cet âge pour transformer leurs vies. Parmi eux, on trouve le cas de Nicole, jeune femme noire de 25 ans qui a grandi dans une cité HLM d’Oakland, en Californie. A 6 ans, en tant qu’aînée de la famille, elle a été contrainte de s’occuper de la maison, en raison de la maladie mentale de sa mère. A 8 ans, elle faisait des ménages et du baby-sitting pour permettre à ses trois frères et sœurs de manger et d’avoir un toit.
“Je ramenais quelques dollars pour aider ma mère et ma famille à s’en sortir”, a-t-elle confié à Arnett. Elle a réussi de justesse à obtenir son diplôme de fin d’études secondaires et a décroché un emploi de réceptionniste dans une clinique. Elle a alors emménagé dans son propre appartement, a suivi des cours du soir et a commencé à se surpasser. Dans son livre, Arnett présente Nicole comme le symbole de tous ces jeunes issus de milieux défavorisés pour qui
“l’émergence de l’âge adulte est l’occasion – peut-être la dernière – de donner une nouvelle direction à leur vie”."