J'aimerais commenter, pour la première fois. Ce que je vais vous dire, vous avouer ici, je ne l'ai jamais fait dans un détail aussi complet, que ce soit à mes amis les plus proches ou à mon amoureux, mais je pense que j'en ai fortement besoin.
Je ne sais pas comment j'ai ressenti cet article, car il me laisse un goût amer dans la bouche. Je respecte fortement la Madz qui a su surmonter tout ce que peut entrainer l'alcoolisme (la honte, la culpabilité...) et nous faire partager son expérience.
Mon problème, c'est qu'un de mes parents est alcoolique. J'ai donc subi cette maladie . Car oui, pour répondre à
@Aleaven, je considère que l'alcoolisme est une maladie mentale au même titre que l'anorexie (je ne veux ici froisser personne en disant que l'anorexie est une maladie mentale mais je rapporte simplement les paroles d'un médecin interviewé dans le cadre d'un documentaire réalisé par mes soins lorsque j'étais en TL... Bref ce n'est pas le sujet
) C'est quelque chose que l'on se fait subir, on ne veut pas s'avouer que ça nous fait du mal et ça fait du mal à notre entourage.
Lorsque je vivais encore chez mes parents, je rentrais chaque soir chez moi la peur au ventre en attendant de voir comment allait se passer la soirée. J'attendais le moindre signe, la moindre parole qui pourrait me montrer que mon père, ce soir là, était sorti en cachette pour s'enfiler plusieurs grandes canettes de bières. Mon père n'est pas violent, il ne nous a jamais frappé sous l'emprise de l'alcool. Mais c'est plus parce que ça le rendait triste, énervé, que toute sa haine envers l'Homme ressortait chaque soir lorsqu'il avait bu. Il nous accablait de tous les maux possibles, ressortait chacune de nos erreurs de la journée ou même de notre vie entière... Nos discussions à table étaient donc déprimantes, houleuses et se terminaient dans les larmes.
J'ai commencé à me rendre compte de son problème en étant assez jeune. Lorsque j'ai grandi, ma mère a vu en moi une confidente, car elle était bien au courant de la maladie de mon père et venait me parler à chaque fois qu'elle trouvait un cadavre de canette bien caché dans le jardin, le lendemain d'une soirée "agitée".
L'addiction de mon père a eu plus de conséquences sur moi que je ne l'aurais jamais imaginé. Pendant longtemps, j'ai détesté boire de l'alcool, faisant alors des crises d'angoisses à chaque fois que je prenais l'apéro, que ce soit avec mes parents ou lors de soirées avec les potes. Un sentiment d’oppression surgissait, j'étais alors obligée de m'allonger pour ne pas risquer faire un malaise ou tout rendre sur la table. Lorsque c'était en soirée, lors des sorties dans les bars ou les boîtes, je me retrouvais à trembler comme une feuille et, lorsque j'avais un peu trop bu, je terminais la soirée en crise de larme. A cause de ces manifestations assez... visibles, j'ai du avouer le problème de mon père à mes copines car il fallait que j'en parle. Mais, dès que je l'avoue à quelqu'un, son regard envers mon père change, il ne le voit plus que comme un "alcoolique", un pauvre homme. Et je déteste ça, je me sens complètement coupable car mon père est un homme merveilleux, qui se trimbale tellement de casseroles qu'il cherche à oublier dans l'alcool qu'on ne peut pas simplement le voir comme un alcoolique.
J'ai aussi longtemps eu un regard très critique envers les gens que je connaissais qui buvaient beaucoup, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Plusieurs amitiés ont cassé à cause de ça, mais c'est comme ça, je trouve ça tellement idiot d'être obligé de boire pour s'amuser, pour se détendre que je le fais ressentir aux gens.
Aujourd'hui, j'ai pris mon envol, je n'habite plus avec mes parents et je n'ai plus peur de prendre une bière un soir au bar ou tranquillement devant la télé avec mon copain. J'ai réussi à dépasser cette angoisse. Je ne deviendrais pas comme mon père (même si on dit que l'alcoolisme est héréditaire, en cela que l'on recopie le schéma dans lequel on a été élevé), mais je sais que dès que quelqu'un en qui j'ai une profonde affection prendra l'habitude de boire un verre tous les soirs, mon regard envers lui changera obligatoirement. J'aurais peur pour lui, pour son entourage car les dégâts causés sont inconsidérables, que ce soit sur la propre santé du buveur, et sur ses relations avec les autres. J'aime mon père, mais je ne peux pas m'empêcher de craindre chacun de ses verres de vin et je ressens même du "dégout" lorsqu'il a des marques d'affection envers moi. Je fais au mieux pour ne pas lui montrer, pour ne pas le blesser d'avantage, mais c'est très dur...
Bref, pour résumer ce long commentaire, j'aimerais dire aux gens que l'alcool (ou toutes autres drogues dures/douces) n'est vraiment pas une solution, que ça ne fait qu'aggraver les choses. Mais dire ça ne suffira jamais à empêcher tous les jeunes de sortir s'enivrer pour se donner un semblant de confiance, alors que c'est tout l'inverse.