Très beau témoignage, et je suis admirative de ta compréhension envers tes parents. Je n'ai pas la même du tout envers les miens.
Ici, c'est ma mère qui en plus d'avoir été hyper protectrice, nous rendait, mes soeurs et moi totalement dépendantes d'elle. je n'ai pu choisir mes fringues que vers 16 ans. Je n'ai su cuisiner que quand je suis partie de chez mes parents (mes premières pâtes ont été une catastrophe, et j'ai appelé ma mère des centaines de fois pour confirmer une recette, au début...).
J'enviais mes (rares) copines qui rentraient chez elles et se faisaient leur goûter toute seule fa*UTpuisque leurs parents bossaient, alors que moi j'avais ma mère, au foyer, qui m'attendait au pas de la porte à l'heure où je devais arriver pour me donner mes gâteaux.
le seul anniversaire que j'ai fêté avec mes meilleurs amis, à 10 ans, nous n'avons rien pu faire, jouer dehors, jouer avec les jeux de société, surtout pas trop de bruits hein, maman regarde sa série préférée et nous surveillait du pas de la porte de ma chambre. Je ne l'ai plus fêté après ce fiasco.
jouer dans notre rue qui était une impasse? ah non alors! trop dangereux, on ne sait jamais! (que le voisin rentre plus tôt??)
me maquiller à 15 ans, j'y ai eu droit, mais parce que je faisais une ou deux heures de cinéma, et je mentais pour me maquiller (mascara, quoi, rien de plus!) les autres jours.
Je n'ai pas pu faire ce que je voulais dans mes études, j'avais un projet très précis (c'est rare, à 14 ans!), et j'ai du changer mon orientation en seconde en douce pour faire au moins un truc qui me plaisait (je ne vous raconte pas la tête de déception que ma mère a eue). J'ai du me battre pour faire un subterfuge à ce que je voulais faire, aussi. des études que j'ai presque fait jusqu'au bout, que j'ai arrété... pour faire finalement ce que j'avais toujours eu envie de faire...
une phrase m'a fait sourire: le "tu verras quand tu auras tes enfants"... ma mère l'a souvent dit, c'était même sa phrase fétiche, car contrairement à toi, chaque dose de contrôle que ma mère voulait avoir sur moi, je me suis battue contre (et parfois, littéralement... j'en suis pas fière).
Maintenant, j'ai 30 ans, et j'ai mes propres enfants.
Et bien oui, j'ai vu en ayant mes enfants. J'ai vu surtout à quel point ma mère avait tort de vouloir nous élever comme elle l'a fait. On peut protéger ses enfants mais les laisser faire leur propre expérience. Leur faire confiance tout en ayant un oeil sur eux. leur expliquer les dangers possibles de la rue, faire confiance en leur jugement. leur expliquer que oui, certaines personnes peuvent être dangereuses. Mais toutes les personnes ne sont pas comme ça. Leur donner de l'autonomie tout en étant à côté d'eux. ma mère est horrifiée de savoir que mes garçons de 5 et presque 7 ans nous aident dans les tâches ménagères. pas grand chose, et surtout adapté à leur âge. Ou que je laisse mon aîné à la maison quand il est malade pendant que j'emmène son frère à l'école. Je le laisse 10 min, pas plus, il sait comment utiliser le téléphone, il sait ce qu'il ne doit pas faire, et je lui fais confiance. Et quelle fierté pour moi que de le voir fier de lui
. Mais j'ai compris aussi que ma mère ne pouvait faire autrement, et j'ai pardonné beaucoup de choses, parce que je sais maintenant à quel point c'est facile d'enfermer ses enfants dans un cocon protecteur, et qu'il faut parfois se faire violence.
ce qui m'a sauvé, est que j'étais en perpétuelle rébellion: je savais dès toute petite que ce que faisait ma mère n'allait pas m'aider quand je serai plus grande. mes trois soeurs ont été pareilles que moi. Je suis partie assez jeune de la maison.
J'ai toujours peu confiance en moi. mais ça arrive tout doucement.