@Clemence Bodoc c'est un vœu pieu, rien dans la formulation de la loi ne contraint qui que ce soit à se dire pour ou contre l'IVG. La loi dit que si vous poursuivez un but dissuasif en propageant des infos qui pourraient induire en erreur le public, alors vous êtes coupable du délit d'entrave à l'IVG. Mais en cas de plainte, il faudra prouver que le site en question a un but dissuasif. Or, le but, ou l'intention, est quelque chose de délicat à prouver.
Si dans la rubrique "à propos" tu trouves ce genre de phrase "ce site est un site de l'assoc machin, qui cherche à venir en aide aux femmes en situation de détresse suite à une grossesse ou un avortement. Ce site, bien qu'à visée informative, contient des témoignages qui ne sont que l'expression des opinions des personnes témoignant et non nécessairement celles de l'assoc. Ce site ne vit que grâce à des bénévoles/vos dons/des gens de bonne volonté. Toutes les informations sont sourcées, mais s'il arrive qu'une erreur nous échappe, nous sommes ouvert à vos remarques blablabla." Tu as mille et une manière de tourner ce genre de mention sans écrire noir sur blanc "bonjour on est contre l'IVG". D'ailleurs ces sites ne te dirons pas qu'ils sont contre l'IVG, ce sera formulé comme ça "l'IVG est un droit des femmes, nous cherchons à accompagner dans leur parcours toutes le femmes : celles qui font le choix d'avorter et celles qui choisissent la vie de leur bébé" = techniquement cette phrase est tout à fait vraie, elle ne porte pas atteinte au droit des femmes à avorter, et mais on voit bien ce qu'elle a de culpabilisant (dans le choix des mots notamment mais on fait quoi alors ? on interdit d'utiliser le mot avortement parce que sa charge émotionnelle est plus négative que IVG ?) Tout comme ils ne lui diront pas "on veut vous dissuader d'avorter". Ils diront "avez-vous connaissance des autres possibilité si vous choisissez de garder votre bébé ?" => bébé au lieu d'embryon, mais à nouveau on fait quoi ? Tu imagines la tête du juge face à la plainte "la dame au téléphone a employé le terme bébé au lieu du terme embryon et le terme avorter au lieu de l'expression "exercer son droit à l'IVG" donc elle est contre et essaye de m'en dissuader, donc elle est coupable du délit d'entrave à l'IVG" C'est au minimum très fragile juridiquement.
Sinon à propos de ça :
a phrase
@Gabelote, je crois que c'est presque exactement celle qu'a dite Laurence Rossignol hier à l'Assemblée : « on ne veut pas censurer ces sites, ni les faire fermer. On veut juste que lorsqu'une femme contacte ces gens, ils soient contraints de lui répondre : "bonjour, nous sommes contre l'IVG et notre site est destiné à vous dissuader d'y avoir recours". »
C'est bien parce qu'ils ne le feront pas sans menace de sanction qu'il est nécessaire de passer par une loi.
Avec la loi réformée, dire "nous sommes contre l'IVG et notre site est destiné à vous dissuader d'y avoir recours" sera un délit d'entrave à l'IVG, pour peu que les infos données soit biaisées, partielles ou inexactes (par exemple si la personnes au tel parle du délai de réflexion d'une semaine qui n'est plus en vigueur). Donc c'est clair que jamais ces sites ne l'afficheront ainsi. Et que pour les accuser de ce délit, il faudra apporter les preuves qu'ils sont anti-IVG et que leur but est de dissuader les femmes d'y avoir recours.
A titre de comparaison, ce même article concernait déjà les personnes qui exerceraient des pression sur des femmes venues s'informer ou subir une IVG, ou sur leur entourage. Y'en a eu beaucoup de condamnations pour ça ? (c'est une vraie question, je suis prête à parier que c'est 0, et j'aimerais avoir tort).
Comme
@Trémazane il me semble que le travail sur les mentalités est plus que jamais primordial. Apprendre aux enfants à trouver l'information, à croiser leurs sources, à décrypter les langages, à comprendre l'implicite. Et aussi à se fier aux sources officielles (tant décriées pour pas mal de sujets). Faire en sorte que l'info sur l'IVG soit accessible, en premier lieu, partout, avec la garantie de l'anonymat et sans conditions, travailler avec le planning familial mais ça, forcément, ça a un prix pour l'Etat. Alors c'est plus facile de rajouter une petite phrase qui ne changera rien à un article de loi déjà partiellement non appliqué.