À l'occasion de la sortie du deuxième opus, on ne peut pas louper les affiches racoleuses partout dans le métro. Ça a été du coup pour moi l'occasion de découvrir le premier hier (car quoi que je fasse, je suis toujours en retard sur tous les films et séries).
Grosse grosse fan de films d'anticipation, le simple fait d'avoir affaire à un scénario original (et non à un énième remake, reboot ou je ne sais quel label pour mieux faire passer le goût de remâché) m'a mise dans de bonnes dispositions.
L'idée est excellente, il y a de quoi faire un très bon film. La question de la criminalité désignée comme responsable de tous les maux de l'humanité, de la supposée violence inhérente à l'espèce humaine qu'il faudrait laisser s'exprimer plutôt que de chercher à la contenir, des inégalités sociales menant inévitablement la "purge" à un combat du pot de fer contre le pot de terre, même de l'industrie de la sécurité, sa réelle efficacité et son éthique (vendre de la peur, est-ce moral ?). Sans compter la question du "jour d'après" comme évoqué par Marie.Charlotte, où l'on doit reprendre sa vie normale comme si rien ne s'était passé, et par conséquent la question quasi métaphysique du combat du mal par le mal. Bref, de quoi filer des poussées d'adrénaline à n'importe quel étudiant en socio.
Et c'est là que le film se vautre lamentablement. Comme évoqué dans l'article, il ne s'agit pas d'un film d'horreur, et il en reprend pourtant toutes les ficelles (les plus usées). Le cul entre trois chaises, le film ne parvient pas à se décider entre le drame sociologique à la Orange Mécanique, le thriller en huis-clos à la Panic Room et la bonne boucherie des familles à la Battle Royale. C'est cette indécision, ajoutée à un clair manque de maîtrise (n'est pas David Fincher qui veut) qui fait de ce film un hybride raté qu'aucun des acteurs ne parvient à soutenir.
Divertissant tout au plus, The Purge (VO please) me laisse le sentiment d'une dissertation d'un lycéen que le sujet aurait inspiré mais qui l'aurait terminée à la hâte la veille : bonnes idées, application bâclée. Je suis déçue. Si un réalisateur plus talentueux, ou plus expérimenté, et qui ne se sent pas obligé d'aller dans la surenchère de violence pour appâter le chaland, décidait de faire un remake, je crois que j'en serais pour une fois ravie.