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AnonymousUser
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C'est également pour moi un très bon souvenir de lecture imposée. Je me souviens avoir joué le personnage d'Antigone en cours, et m'être identifiée à elle.
Ongaria;1647411 a dit :Je conseille "Electre" de Giraudoux à ceux qui ont beaucoup aimé
Quand j'avais lu ces phrases dans Electre, elle m'avait vraiment interloqué.L?ÉTRANGER. ? Je suis bien de votre avis. Dix ou quinze femmes à histoires ont sauvé le monde de l?égoïsme.
LE PRÉSIDENT. ? Elles l?ont sauvé du bonheur ! Je la connais Électre ! Admettons qu?elle soit ce que tu dis, la justice, la générosité, le devoir. Mais c?est avec la justice, la générosité, le devoir, et non avec l?égoïsme et la facilité, que l?on ruine l?état, l?individu et les meilleures familles.
AGATHE. ? Absolument? Pourquoi, chéri ? Tu me l?as dit, j?ai oublié !?
LE PRÉSIDENT. ? Parce que ces trois vertus comportent le seul élément vraiment fatal à l?humanité, l?acharnement. Le bonheur n?a jamais été le lot de ceux qui s?acharnent. Une famille heureuse, c?est une reddition locale. Une époque heureuse, c?est l?unanime capitulation.
En fait, quand tu parles de deux êtres bancals se débattant avec le poids d'une tragédie trop lourde pour eux, c'est exactement ce que je trouve sublime chez Anouilh. Parce que ce ne sont que des hommes, pas des dieux, qui viennent butter contre l'histoire et la tragédie, sans en avoir forcement eu le dessein, l'envie et la carrure.Posté par Eiffel Thé
Je vais encore râler (_Lilou_ toi-même tu sais héhé), mais l'Antigone d'Anouilh plus attrayante que celle de Sophocle ? Certes, modernisation, actualisation, contextualisation et tout ça, mais surtout, une grande part de dénaturation de l'?uvre originale. La pièce de Sophocle possède une force intemporelle, une perfection dans sa construction (il n'était pas grec pour rien le grand barbu) qu'elle fait d'Antigone et Créon, deux héros intouchables, deux grands et beaux héros, vraiment. Chez Anouilh, j'ai plutôt l'impression de voir deux êtres bancals se débattre avec le poids d'une tragédie trop lourde pour eux. C'est émouvant et touchant, oui, mais la version de 1944 n'a finalement plus grand chose à voir avec la version du V ème siècle avant J.-C.
Mais complètement. Dans le genre "revisite de classique", Brecht a aussi refait Antigone et c'est autre chose que Anouilh. Anouilh, c'est "sympa", mais voilà - à mon avis. C'est dégoulinant de bons sentiments, l'héroïne est à gifler tant elle est égoïste et prétentieuse, l'écriture est archi-simple sans l'être parfaitement (elle n'est ni d'un dépouillement étudié, ni d'une recherche extrême) : bref, presque banale ; cependant le texte coule comme un ruisseau, c'est limpide et ne demande pas d'effort de compréhension, c'est un bon livre à étudier en 3eme.Eiffel Thé;1647454 a dit :Je vais encore râler (_Lilou_ toi-même tu sais héhé), mais l'Antigone d'Anouilh plus attrayante que celle de Sophocle ? Certes, modernisation, actualisation, contextualisation et tout ça, mais surtout, une grande part de dénaturation de l'œuvre originale. La pièce de Sophocle possède une force intemporelle, une perfection dans sa construction (il n'était pas grec pour rien le grand barbu) qu'elle fait d'Antigone et Créon, deux héros intouchables, deux grands et beaux héros, vraiment. Chez Anouilh, j'ai plutôt l'impression de voir deux êtres bancals se débattre avec le poids d'une tragédie trop lourde pour eux. C'est émouvant et touchant, oui, mais la version de 1944 n'a finalement plus grand chose à voir avec la version du V ème siècle avant J.-C.
Mindfulista;1647838 a dit :Mais complètement. Dans le genre "revisite de classique", Brecht a aussi refait Antigone et c'est autre chose que Anouilh. Anouilh, c'est "sympa", mais voilà - à mon avis. C'est dégoulinant de bons sentiments, l'héroïne est à gifler tant elle est égoïste et prétentieuse, l'écriture est archi-simple sans l'être parfaitement (elle n'est ni d'un dépouillement étudié, ni d'une recherche extrême) : bref, presque banale ; cependant le texte coule comme un ruisseau, c'est limpide et ne demande pas d'effort de compréhension, c'est un bon livre à étudier en 3eme.
La version de Brecht a une couche de lecture moins superficielle, la relation entre Antigone et Créon est plus étudié, plus riche, plus profonde ; le propos est plus politisé, le récit est moins noir et blanc, il se décline en dégradé de gris, en facettes, en points de vue ; l'écriture, autant que j'ai pu en juger par mon niveau d'allemand et la lecture d'une traduction, est simple, dépouillée, concise et précise, et surtout, surtout le récit ne vise pas à faire pleurer dans les chaumières !
Mindfulista;1647838 a dit :Mais complètement. Dans le genre "revisite de classique", Brecht a aussi refait Antigone et c'est autre chose que Anouilh. Anouilh, c'est "sympa", mais voilà - à mon avis. C'est dégoulinant de bons sentiments, l'héroïne est à gifler tant elle est égoïste et prétentieuse, l'écriture est archi-simple sans l'être parfaitement (elle n'est ni d'un dépouillement étudié, ni d'une recherche extrême) : bref, presque banale ; cependant le texte coule comme un ruisseau, c'est limpide et ne demande pas d'effort de compréhension, c'est un bon livre à étudier en 3eme.
La version de Brecht a une couche de lecture moins superficielle, la relation entre Antigone et Créon est plus étudié, plus riche, plus profonde ; le propos est plus politisé, le récit est moins noir et blanc, il se décline en dégradé de gris, en facettes, en points de vue ; l'écriture, autant que j'ai pu en juger par mon niveau d'allemand et la lecture d'une traduction, est simple, dépouillée, concise et précise, et surtout, surtout le récit ne vise pas à faire pleurer dans les chaumières !
Mindfulista;1647838 a dit :Mais complètement. Dans le genre "revisite de classique", Brecht a aussi refait Antigone et c'est autre chose que Anouilh. Anouilh, c'est "sympa", mais voilà - à mon avis. C'est dégoulinant de bons sentiments, l'héroïne est à gifler tant elle est égoïste et prétentieuse, l'écriture est archi-simple sans l'être parfaitement (elle n'est ni d'un dépouillement étudié, ni d'une recherche extrême) : bref, presque banale ; cependant le texte coule comme un ruisseau, c'est limpide et ne demande pas d'effort de compréhension, c'est un bon livre à étudier en 3eme.
La version de Brecht a une couche de lecture moins superficielle, la relation entre Antigone et Créon est plus étudié, plus riche, plus profonde ; le propos est plus politisé, le récit est moins noir et blanc, il se décline en dégradé de gris, en facettes, en points de vue ; l'écriture, autant que j'ai pu en juger par mon niveau d'allemand et la lecture d'une traduction, est simple, dépouillée, concise et précise, et surtout, surtout le récit ne vise pas à faire pleurer dans les chaumières !
Mindfulista;1648530 a dit :C'est seulement mon avis, ne l'oublie pas s'il te déplaît.
La mort d'Antigone est à toutes les lignes, dès les premières : on SAIT qu'elle va mourir, merci. Il en rajoute à fond dans le pathos, dans le côté ado rebelle chieuse et éprise de justice pour qui on DOIT se sentir désolée.
L'écriture n'est pas banale parce qu'elle est simple, car il y a des écritures simples peu banales - je citais à ce propos Brecht -, elle est banale parce qu'elle reste en surface, à la première couche. Il n'y a aucun vernis à gratter.
Vous avez votre avis, j'ai le mien.
Azala;1649953 a dit :Je ne remettais pas en cause ton avis, pas plus que ton avis ne me déplait. Mes questions étaient réelles, simplement pour que je comprenne un peu mieux ta vision des choses en fait.
Nous ne sommes en effet pas d'accord, mais je trouve que c'est intéressant de pouvoir parler de nos divergences sur le topic, justement.