Arrêtez de me « féliciter » d’avoir perdu du poids !

[Vogel]

@Yoonishan Comme @Sillysally, dans le doute je ne dis rien ou j'essaie subtilement de savoir dans quelle mesure la perte de poids est volontaire et dans quelle mesure la personne en est contente. Ce n'est pas simple car on a beaucoup de réflexes par rapport à la perte/prise de poids.
À une période j'ai dû perdre 5-6kg car j'avais commencé une dépression et tout le monde était en mode "mais t'as un cul d'enfer !" Le pire c'est que j'avais des sentiments ambivalents par rapport à ça, j'étais rassurée d'être vue comme plus belle mais en même temps j'étais complètement sonnée par cette situation dans laquelle les conséquences de ma maladie mentale ravissaient mon entourage.
Je trouve que ton idée est bonne de féliciter le chemin parcouru plus que la perte de poids car ceux qui sous-entendent "tu as perdu du poids et tu es tellement plus belle !" oublient qu'une perte de poids rime souvent avec reprise et qu'on se sent comme un gros caca quand on reprend 20kg après en avoir perdu 10kg, comme si on retournait à notre état de "moche" aux yeux des autres. A contrario, je suis actuellement en train de maigrir et c'est vrai que l'effort fourni, que ce soit en terme de mode de vie comme en terme d'introspection, de remise en question et de quête personnelle, est réel, donc je pourrais entendre qu'on me félicite là-dessus.

 

[Victoria Grace]

@Yoonishan En parlant d'efforts et de parcours, tu sous-entends aussi que être gros/en surpoids/obèse c'est la fait de manger mal/ne pas bouger et que "il n'y a qu'à"
Si on me félicite pour ça, j'entends "avant tu étais faible et sans volonté mais maintenant, tu as du mérite"
Donc, ça peut être blessant aussi parce que il y a ce sous-entendu que le poids et la minceur, c'est juste une question de volonté et que si on n'était pas mince avant, c'est parce que "on se laissait aller" et "on ne faisait pas d'effort"

 

[Victoria Grace]

Je me doute que dans ta tête, ce n'est pas forcément le cas, et je ne t'accuses pas mais j'expliques en quoi, même dit en toute bienveillance, ça peut être blessant parce que tu vas, bien malgré toi visiblement, véhiculer un stéréotype négatif et le renforcer.
Que la personne mincisse de son plein gré ou non, la féliciter de perdre du poids c'est lui envoyer le message "tu es mieux avec des kilos en moins", ce qui n'est pas forcément le cas, ne serait-ce que mentalement et risque de renforcer une mésestime de soi-même et de son image ainsi qu'un énorme retour de bâton si on reprend un peu.

Si la personne aborde le sujet d'elle-même et demande, implicitement ou non, validation, reconnaissance et encouragements d'accord mais dans le cas contraire, je crois qu'il vaut mieux s'abstenir.

Je mets en lien un article qui explique pas mal le problème https://www.dixoctobre.com/dix-octo...e-cest-grossophobe-de-vouloir-perdre-du-poids

Quant au fait de remarquer les efforts de quelqu'un, ça dépend d'une personne à l'autre.
Moi je préfère qu'on ne remarque rien parce que ça veut dire que mon corps n'est pas scruté mais d'autres auront l'impression qu'on ne fait pas attention à iels.

Il faut se rappeler qu'une personne n'est pas l'autre et que, même si pour toi tu ne dis rien de mal ou sans aucune méchanceté, tu vas peut-être renvoyer la personne à un passif douloureux et/ou à des clichés pesants et pénibles qu'iel doit affronter tous les jours.

Pour donner un exemple, je me suis tellement pris de remarques, notamment par ma famille quand j'étais plus jeune que toute remarque sur mon physique, gentille ou non, me donne envie de briser des rotules.
J'ai beaucoup été ramenée à mon tour de taille et je ne supporte pas qu'on m'y ramène encore, même sans penser à mal ou s'imaginant me faire plaisir.

 

[Vogel]

@Victoria Grace Je ne suis on ne peut moins d'accord par l'article que tu as partagé (je précise que je ne parle que de l'article et pas de ton message global avec lequel je suis d'accord). Alors il faudrait supporter la grossophobie, mais en plus il faudrait s'en vouloir de vouloir en sortir ? L'article a beau rappeler que c'est "normal et compréhensible" de vouloir maigrir, il y place une culpabilité qui me rappelle cet étau dans lequel on se trouve dès qu'on est gros : quoiqu'on fasse, c'est mal. Grossir, maigrir, rester au même poids, c'est mal. Et qu'importe l'argument qu'on avance comme motivation, qu'importe ses envies profondes, ses constats, puisque tout est faux. On revendique une envie d'être en meilleure santé ? C'est faux. Et c'est trahir ses amies grosses, quand bien même on ne parle que de soi et de soi seule, et c'est chut. Mettre dans le même sac de la grossophobie les gens grossophobes et les gens qui maîtrisent, c'est terrible. Quand je lis ce genre d'article, j'ai l'impression que mes propres pairs me tournent le dos, et ça me fout la frousse.

 

[jorda]

je connais un peu ces problématiques car je subis régulièrement des remarques déplacées de la part de certaines personnes de mon entourage.
Et effectivement quoi qu'on fasse, c'est mal.
"Tu devrais te remplumer" / "Ah tu as pris du ventre, tu devrais faire quelque chose" (mais TG!) / Tu devrais surveiller ton alimentation / C'est pas normal de faire XXX cm pour XXX kg (spoiler : Si, je suis dans la moyenne et ma diététicienne m'a surtout dit que je n'avais pas assez de muscles).
C'est désespérant de voir que la première chose que ces personnes regardent chez n'importe qui, c'est le poids.
Ca me met vraiment en colère... Qu'on foute la paix aux gens! Ce n'est pas en les harcelant ou en leur disant "quoi faire" ou que "c'est pour leur bien" que ces gens feront des choses utiles, bien au contraire...

 

[Victoria Grace]

@Vogel Il y a plus de matière à débat avec l'article, c'est vrai
Je trouvais les mécanismes sur la valorisation de la perte de poids bien exposés mais je comprends que le message "si tu veux perdre du poids c'est mal" ne passe pas.
Personnellement, je voudrais surtout qu'on laisse les gens tranquilles avec leurs poids/mensurations/taille/...
et qu'on cesse de scruter, analyser et juger l'apparence physique en permanence, surtout celle des femmes

 

[Dame de lotus]

Quelque chose qui m'a beaucoup dérangée quand j'étais plus petite et sur lequel je viens de mettre le doigt, ce sont les remarques venant de mes grands-mères sur mon poids.
Et donc mes deux grands-mères n'ont jamais de cesse de me faire des remarques sur mon poids : "oh tu manges beaucoup non ces derniers temps ? t'as pris du poids, ça te va bien mais faut pas plus" en me tâtant comme si j'étais un animal qu'on cherchait à acheter . Les deux n'étant pas filiformes, j'avais souvent envie de leur demander "et vous, ça se passe, on mange bien ?" (mais on m'avait bien dit d'être gentille et de faire un bisou, donc je ne disais rien )

Maintenant je m'aperçois que c'est pas le double standard qui m'énervait, ni le fait qu'elles n'appliquaient pas leurs principes à elles-mêmes (chacun fait bien ce qu'il veut de son corps, hého), mais c'est le fait qu'elles me dépossédaient complètement de mon corps. Elles s'en emparaient comme si c'était un objet dont elles connaissaient les normes mieux que moi, un objet qu'elles avaient le droit de commenter, dont elles pouvaient choisir la destinée parce qu'elles "savaient" ce qu'il fallait. Me tâter, non mais ça va bien ? Et y aller tranquillement de son petit commentaire, sans jamais me demander ce que j'en pensais, monitorer mon poids à l'oeil sans même avoir une quelconque idée du bazar. J'ai un souvenir incroyable d'un énième "oh mais tu as pris du poids", le lendemain d'une visite médicale avec l'école, qui avait elle déclaré "léger sous-poids" (selon cette courbe tout à fait adaptée à chaque corps, évidemment). Je l'ai dit à ma grand-mère, un peu agacée, et elle m'a répondu ce brillant "ah non pas du tout, tu es en pleine forme, un peu trop mais vaut mieux trop que trop peu". Verdict de l'histoire : j'étais toujours trop grosse à leur goût, mais une fois mon poids décrit comme étant trop petit, ça n'était pas bon non plus parce qu'il valait mieux être ce qu'elles décriaient plutôt qu'en sous-poids

Je garde vraiment un souvenir amer de ces années où elles m'ont littéralement considérée comme un objet

 

[Pelleas]

L'enfer est pavé de bonnes intentions ...

 

[Vogel]

Piques très fréquentes de mes grands-mères ou de mon arrière-grand mère aussi Le pire étant les comparaisons avec ma soeur, le fameux "elle est bien plus grosse que sa soeur" qui m'a faite énormément pleurer alors que je ne devais avoir que 10 ans et que j'étais objectivement mince... Ce qui est incompréhensible, c'est qu'une de mes grands-mères est obèse elle-même, et qu'elle fait pourtant un focus sur le poids des autres en appelant d'autres femmes "la grosse". Quel est le fuque ?
Comme il s'agit de personnes âgées, je n'ai jamais vraiment eu le soutien que j'aurais dû avoir, devant ne rien dire car "elles sont âgées et ne se rendent pas compte", "elles sont de la campagne et c'est comme ça qu'on est là-bas". L'âge ou le milieu excuse-t-il le simple manque de respect ?
Il y a deux ou trois ans j'ai croisé ma grande-tante que je n'avais pas dû voir depuis presque dix ans. Première parole en s'adressant à ma grand-mère, même pas à moi directement : "ah ben... elle a l'air en forme" avec ironie. Pour souligner mon poids. Ma grande-tante doit faire elle-même 150kg. Elle ne m'a pas vue depuis 10 ans. C'est ça, sa première parole ? La première idée qui lui vient à l'esprit à la vue de ma personne ? Quand j'en ai parlé à ma famille : "mais tu sais comment elle est, ne t'arrête pas là-dessus, ce n'est pas grave..." Bah, si, en fait. C'est grave, c'est très grave. C'est ce genre de grossophobie qui entraîne des troubles psys chez les personnes concernées. Je pense que je vais éviter de la revoir pour le reste de mes jours, moi je ne pardonne pas ce genre de choses, le respect c'est à la base de l'humanité, qu'importe l'âge.
Ce qui est étrange à ce sujet, c'est qu'autant, en ce qui concerne les personnes de mon âge, j'ai bien plus eu de remarques de la part des hommes, autant quand il s'agit des personnes âgées, j'en ai bien plus bavé par les vieilles femmes. Mon expérience n'a pas valeur de représentation mais m'a appris qu'il fallait même se méfier de celles qui pourraient paraître "dans son camp".