Pendant super longtemps, j'ai pas supporté de sortir sans maquillage, même si c'était qu'au niveau des yeux. Puis un jour avant de partir à la fac, j'étais crevée, à la bourre, c'était soit louper mon premier cours et me maquiller, soit ne pas louper le cours et y aller comme ça, brute de décoffrage. J'y suis allée sans rien, et je suis rentrée le soir en m'apercevant que je n'étais pas morte de honte, que le regard des gens ne m'avait pas brûlé le corps, que je n'avais pas moins bien travaillé que d'habitude, bref, ma journée avait été comme les autres. Puis - c'était un hiver - chaque jour est devenu plus dur, donc j'avais de moins en moins le courage de me maquiller. Alors, est venu un moment où je me suis aperçue que ça faisait des semaines que je ne me maquillais plus du tout, et j'ai juste arrêté. J'ai foutu mes crayons, fars à paupières, rouges à lèvres et autres blushs au fond d'un tiroir, accompagnés même des fonds de teint, et je ne me suis pas maquillée pendant un an. J'avais pas une tête de cadavre sur les photos, aucune de mes potes - pourtant du genre très franches - ne m'a fait la moindre remarque, et j'me sentais bien. J'ai appris à reconnaitre mon visage sans maquillage, à ce que tout le monde me connaisse au naturel. Pour personne la déception n'était possible, puisque j'étais au naturel chaque jour.
J'ai passé un an sans utiliser le moindre maquillage. Aujourd'hui, ce n'est pas être sans maquillage qui m'est insupportable, c'est d'en avoir trop. Pour moi, il est plus étrange de sortir avec une couche de maquillage de deux centimètres sur la peau qu'avec rien du tout. J'ai recommencé cette année à passer une base de teint toute légère qui fait que purifier (merci Lush) et un mascara noir qui allonge et épaissis mes cils juste assez pour que ça soit naturel et que ça se voit malgré mes lunettes. Et c'est tout. La différence est minime, c'est juste le plaisir du geste le matin, mais il m'arrive parfois d'oublier, de partir sans rien, et je ne m'en porte pas plus mal : j'ai appris à accepter mon visage, les choses qui ne me plaisaient pas. Mes yeux d'un marron banal qui ne sont certes pas impressionnants, mais qui ont une belle forme, ma mâchoire fine, mon nez ni trop court, ni trop long, et mes lèvres que je trouve jolies. Je n'ai pas un visage impressionnant de beauté, très loin de là, mais je l'accepte comme le mien, et je le reconnais dans la glace quand il est privé de ses artifices. En plus de ça, ma peau s'est purifiée, et j'ai gagné en confiance en moi.
Après, la beauté, c'est très subjectif. Certaines filles vont faire des choses qui les font se sentir belles, et que d'autres ne vont pas aimer. On a tous besoin de se sentir bien dans notre peau, c'est un fait. Ca s'appelle la comparaison sociale, c'est c'qui va nous amener à préférer parler avec des gens aussi anxieux que nous avant un examen qu'avec des gens qui s'en foutent, par exemple, ou ce qui amène certains individus à se refuser à fréquenter des gens vraiment laids ou d'autres qui sentent mauvais (pour ce second point, méa culpa, je suis comme ça). On vit dans le regard d'autrui. L'homme est un animal social, sans la présence des autres, sans leur regard, sans leur opinion, il ne vit pas. On va me dire que certains s'en fichent, mais il y a quand même le plaisir de choquer, le plaisir de faire tout différemment, donc.... C'est quand même par rapport à autrui. La beauté, c'est le moyen le plus rapide de plaire à quelqu'un, le moyen le plus "simple". Je ne trouve pas ça mal de vouloir être beau/belle. Ce que je trouve embêtant, c'est de vouloir l'être pour les autres plus que pour soi, parce que j'estime qu'une fois qu'on s'est accepté, qu'on a réussi à admettre qu'on est ainsi et que ça ne changera pas, alors il est bien plus facile de montrer aux gens qu'on est beau, qu'on est bien.