Catherine M. ne comprend pas que les femmes violées soient sévèrement traumatisées

[Decemble]

Ce qui me dérange ici c'est qu'on dirait un gros coup de pub "Coucou je suis pas morte et je reste archi subversive" alors que Paglia ou Despentes disent la meme chose, mais en mieux, sans moralisme déplacé et depuis 10 ans (pour Paglia).
Le ton de ce truc me semble plus "polémiquer" qu'autre chose, toutes ses réponses sont calibrées pour choquer et non pas pour expliquer, on dirait qu'elle en balance le plus possible, se contredit etc
Je n'ai rien a dire sur le fond (certaines l'ont déjà super bien fait) parce que c'est un truc d'opportuniste qu'elle fait.
Et c'est sale. Laid.

 

[Sill]

Ce qu'elle dit n'est pas complètement idiot. Il y a certaines choses intéressantes.
Une amie à moi a été victime de viol, et des années après, elle en est encore traumatisée. Cependant elle m'a expliqué elle-même, qu'elle ne voulait pas être considérée comme une victime. Dans ce cas, la phrase "La chose a eu lieu, elle ne t'a pas marqué de façon indélébile, tu peux vivre ta vie dans un autre habit que celui de la jeune fille victime d'un viol." prend tout son sens. Le viol est un crime atroce, mais il est possible de retrouver une vie normale après cela. C'est l'espoir qu'il faut donner aux victimes, plutôt que de leur dire qu'elles en garderont à jamais une souffrance ineffaçable.

Mais tout cela ne veut pas dire que les femmes qui restent traumatisées à vie par ce crime exagèrent, bien sûr que non. Ça veut dire que la société les a empêchées de se reconstruire. En les cantonnant au statut de victime, de faible, de "chose abimée". Une femme ne se résume par à son sexe, et même si l'évènement vécu est, évidemment, un traumatisme, il est possible de s'en sortir. Une vie ne se résume pas qu'à ça.

J'espère avoir été claire, et je le dis explicitement pour qu'il n'y ai pas de malentendus : le viol est un crime, un crime qui suscite de la souffrance chez les victimes. Je ne veux pas en aucun cas minimiser cette souffrance dans mon message. Mais elles peuvent y survivre, se reconstruire.

 

[Sill]

Et il faut arrêter de dire que le sexe est sacré. C'est avec ce genre de raisonnement qu'on ruine la vie des victimes.

 

[Arzhura]

L'essentiel de ma pensée a déjà été dit par les Madz précédentes. Je n'ai heureusement jamais subi un viol, mais toutes questions et opinions me font penser à certains débats autour de l'avortement, dans lesquels des "pro-vie" disaient qu'un avortement est un insurmontable traumatisme qui vous détruit pour la vie entière.
J'avais à l'époque signé une pétition qui si je me souviens bien s'appelait quelque chose comme "J'ai avorté mais je vais bien, merci".
Bref, tout ça pour dire que la seule chose qui me paraît intéressante dans ce que dit Millet, c'est que la société, l'entourage, etc. devraient permettre à une femme de se remettre d'un évènement potentiellement traumatisant, et de pouvoir être considérée autrement que comme une victime (ou un bourreau, comme sous-entendu souvent dans le cas de l'avortement).
Après, je suis d'accord avec celles qui disent que Millet impose aux femmes de se remettre d'un viol, ce n'est pas plus acceptable que de les cantonner à leur rôle de victime.