Comment aider une proche victime de violences conjugales

[Nastja]

@-Neil-
Tu n'aurais pas mentionné l'âge que j'aurais pensé que nous parlions de la même personne.
Idem, elle regarde dans son téléphone, voire parfois elle utilise son téléphone à lui au lieu du sien.

Je pense que tu as raison quand tu dis qu'il a tellement peau d'estime de lui-même qu'il préfère rester avec quelqu'un.

A la base j'étais amie avec sa copine et c'est ensuite que j'ai fait la connaissance de son copain. Donc je me suis retrouvée vraiment mise en porte-à-faux quand il a commencé à me raconter ce qui se passait dans leur vie privée. Et il me suppliait presque de ne pas aborder le sujet par peur de représailles alors que justement je voulais en discuter avec eux, mettre les choses au clair, trouver des solutions...
Je n'ai plus de nouvelles depuis plusieurs semaines et je n'ose pas le contacter de peur d'envenimer sa situation. En même temps il ne semble pas prêt à changer quoique ce soit. Vu les proportions qu'a pris le conflit, c'était maintenant ou jamais d'en sortir.

Pour celles qui ont vu Game of Thrones :

Spoiler: Game of Thrones saison 3

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Pour le déni, je ne pense pas qu'il soit dans le déni. Il essaye de se rassurer en se disant que tant que sa vie n'est pas en danger il n'y a pas de raison de trop s'inquiéter.

 

[-Neil-]

@Nastja
Tu pointes du doigt la difficulté de se retrouver dans cette situation : on n'y peut rien malheureusement si ce n'est que de soutenir lorsque la victime a besoin d'une épaule pour y pleurer et s'y soutenir un peu.
Ce n'est pas vraiment évident lorsque la situation et la solution semblent claires mais que la victime continue de persister à faire de mauvais choix qui ne feront que la rendre malheureuse.

J'ai finalement décidé de lui envoyer un message lui expliquant que je déclinais son invitation car c'était trop compliqué pour mon conjoint et moi-même de la revoir, pour le moment en tout cas.

J'ai tenté de démêler le pour et le contre, l'intérêt ou non à faire comme si de rien était, même si aucun choix n'est idéal. J'en suis arrivée à la conclusion que je ne préférais pas rentrer dans une relation d'hypocrisie car je ne peux pas faire semblant. Sa situation est trop grave pour être ignorée mais j'ai, malgré tout, tout de même précisé que je respectais ses choix de vie et que ça ne changeait en rien le fait que j'étais toujours présente pour lui (et j'ai bien insisté sur ce point, à plusieurs reprises). Je me doute que cela aura un effet "douche froide" car au final, ça doit lui donner le sentiment qu'il perd ses amis, qu'il doit choisir entre sa relation de couple et notre amitié (ce n'est pas ce que je lui demande). Cela va peut-être avoir des conséquences négatives : peut-être qu'il va finir par se retrouver seul, dans cette relation, sans avoir la possibilité de pouvoir respirer un peu lors de soirées entre potes. Le problème étant que j'aurais l'impression de cautionner et de rentrer dans cette logique de "rien dit, rien vu, rien entendu", tout va bien (car dans tous les cas, en parler avec elle n'est même pas envisageable). Alors que non, tout ne va pas bien, cette relation est malsaine et je ne peux pas fermer les yeux (auquel cas, cela signifiait que je m'en cogne). D'ailleurs, sa conjointe est malsaine et je ne veux pas avoir de relation dans ma vie avec une personne comme ça (quand bien même elle est en souffrance, je ne suis pas psy ou un punching ball émotionnel). Elle ne correspond en rien à ce que je cherche chez un ou une ami(e).
Alors je sais bien qu'il ne s'agit pas de moi et que je ne suis pas la victime concernée mais je pense que c'est important de se préserver dans tout ça. Je crois que c'est plus sain de le laisser gérer sa vie de couple sans l'emmerder avec des "pourquoi t'es toujours avec elle ?" ou encore des leçons de morale à deux balles, ce ne serait pas une solution. Il faut qu'il se dépêtre de tout ça de lui-même mais ce n'est pas simple de devoir accepter ça, c'est très frustrant. Je conserve à l'esprit qu'il est la victime mais je préfère aussi prendre certaines distances qui me paraissent être justifiées.

Je me dis qu'il faut du temps au temps, je ne pense pas qu'il coupera les ponts, mais cela marque un tournant dans la relation, forcément.

Ce que je dis pour mon ami vaut aussi pour le tien, à l'inverse, ce qui est délicat, c'est qu'elle est initialement ton amie et que c'est elle qui se révèle être la personne violente :/

 

[jorda]

@-Neil- en tout les cas, il aura besoin (de savoir) que tu sois là s'il décide que ça suffit, ou s'il est en danger. Ton amitié, elle est surtout à ce niveau, dans ce genre de situation.
Mais sinon, oui, ça fait assez mal de voir qu'on ne peut pas faire grand chose....

En tout cas, être en couple ne signifie pas devoir tout partager. C'est au contraire indispensable que chacun.e ait son propre cercle, sans mélange avec l'autre.
Et c'est un signal d'alarme très fort quand l'un.e des deux demande à l'autre de ne rien faire sans lui/elle.

 

[Horion]

Pour moi, une des premières choses à faire face à un proche victime de violences conjugales, et qui est parfois très dur à faire, c'est de se positionner pour être une personne ressource pour la victime. De telle façon que l'auteur est confiance, soit parfois aller dans son sens afin de rester proche de la victime.
Les auteurs ont tendance à isoler leurs victimes des proches, pour éviter que quelqu'un intervienne. Et c'est en plus hyper tentant de le faire quand on voit un proche souffrir.

Offrir une écoute, peut-être un moyen de communication codé en-cas d'urgence, distiller des conseiller doucement sans brusquer la victime, afin de lui faire comprendre qu'en cas de problème on est là (ça inclue un hébergement d'urgence). Tenter de lui faire prendre conscience de la situation par petite touche. Lui offrir un endroit safe où se reposer.

C'est ce qu'avait fait ma meilleure amie pour moi sans que je m'en rende compte. Quand mon ex me critiquait autours d'elle, elle l'écoutait, du coup il avait confiance en elle et elle pouvait me couvrir si jamais. De plus il m'autorisait à passer du temps avec elle.

Mais je sais que c'est super dur à faire quand tu as juste envie d'intervenir. En brusquant malheureusement, on risque de faire peur à la victime qui se repliera sur elle-même. C'est super dur de prendre conscience de sa situation et d'assumer qu'on vit des violences. Mais en étant dispo, on donne une force si un jour la victime bouge.

 

[-Neil-]

@jorda Oui, il m'a répondu, et je n'ai eu de cesse de lui répéter que je serais toujours là pour lui en cas de besoin, il n'y a aucun soucis à ce niveau-là.
Il m'affirme qu'elle a radicalement changé suite à une grosse discussion avec elle mais il ne réalise pas qu'un changement de comportement aussi abrupte est très, très douteux. Cela ne fait que révéler qu'elle tente de sauver les meubles pour ses fesses afin de bénéficier encore du confort de vie qu'il lui offre... Enfin ceci reste mon point de vue, notamment grace à la lettre qu'elle lui a écrite dans laquelle elle dit noir sur blanc qu'elle souhaitait au moins "cohabiter" calmement avec lui en attendant de récolter les fruits de ses efforts de jardinage (oui, c'est très wtf lu comme ça mais le jardin est sa grosse passion du moment et elle ne fait que ça).

Apparemment, c'est la dernière chance qu'il lui laisse avant de mettre fin à leur histoire. Selon moi, ce n'est qu'une question de temps avant que le naturel revienne au galop. Elle est trop égoïste et centrée sur ses propres besoins/envies pour devenir soudainement une personne attentionnée. C'est très suspect, mais bon, il comprend que nous souhaitions prendre nos distances avec elle (sachant que cela va faire la deuxième fois qu'il vient vers moi pour m'exposer les difficultés qu'il rencontrait avec elle). Il me dit lui-même que c'est normal de laisser l'eau couler sous les ponts.

@HellaSlytherin
En effet, dans mon cas, l'avantage est qu'il est prêt à nous écouter et à venir vers nous, il nous demande le plus de sincérité possible. Je pense que le point majeur le concernant, est qu'il a besoin de savoir qu'il peut toujours venir nous voir et que nous ne le mettons pas de côté pour autant.
Elle a aussi confiance en moi surtout, ignore que je suis au courant, après nous ne sommes pas amies, mais nous la croyions lorsqu'elle nous disait que mon ami "n'était pas simple à vivre", ce qui me surprenait un peu, connaissant sa gentillesse et sa patience, mais nous ne savons jamais vraiment ce qui se passe dans un couple.
Nous ne demandons plus aucun détail concernant sa relation et s'il a décidé de lui laisser une énième chance, cela reste un choix qui le concerne et uniquement lui. Nous n'avons pas notre mot à dire si ce n'est que si jamais ça dégénère de nouveau, il sait à quelle porte frapper et que nous serons présents aux moindres de ses besoins.
Il nous fait toujours confiance et vient toujours vers nous, c'est le plus important.

C'est un cas particulier qui est loin de concerner toutes les victimes de violences conjugales, j'en ai bien conscience.