Comment ne pas trouver sa voie, jamais

[Nastja]

@PrincessMey

J'ai tenté de compléter le cercle mais ce que j'aime et ce pour quoi je suis douée ne me permettrait pas de vivre et serait complètement inutile à la société.
Ce à quoi je suis douée sans forcément aimer ni pas aimer et payé pour sert le capitalisme et pas vraiment la société (sauf si on extrapole à mort et encore...).
Ce dont le monde a besoin. Je dirais de l'empathie de l'écoute et des conseils, que j'essaye déjà de faire sur les forums et Reddit mais je n'en vis pas et je ne voudrais surtout pas être payée pour ça.

Les métiers "utiles" sont souvent des métiers dans le médical (je tourne de l'oeil dès qu'on parle de maladies et je détourne le regard sur beaucoup de choses justement à cause de cette phobie...). Les métiers de l'enseignement c'est un non catégorique. Les métiers du social c'est pas possible non plus. Le droit j'aime pas non plus.
Bref ça limite énormément les possibilités de trouver l'ikigai du côté droit du cercle. :/

 

[Savini]

Alors moi j'ai un souci c'est que je fais des études pour lesquelles je coche bien toutes les cases de l'article, donc je m'ennuie en cours, etc, je m'ennuie tellement que je commence à péter un câble, je commence à lever plein de fois la main en cours pour poser des questions au prof pour être en interaction le plus possible parce qu'en fait si je commence à rester sur ma chaise à écouter passivement, mon cerveau s'ennuie tellement que je n'arrive plus à suivre le cours et je perds le fil de son déroulé. Du coup je commence à péter un câble et à faire chier les gens en fait concrètement puisque je monopolise toute l'attention du prof pour être en interaction et tenter de moins me faire chier. Aussi je me sens pas vraiment à ma place, je me sens vraiment en décalage avec les gens de ma promo, je n'ai AUCUN AMI dans ma promo, il y a même une très charmante personne (non.) qui m'a dit en TP: "on se demande ce que tu fous là" (on aime beaucoup ).
Le problème c'est que je fais ça en fait pour pouvoir avoir le seul métier que je me vois faire plus tard donc du coup il faut bien en passer par là, aussi je me vois être heureuse ou épanouie dans absolument aucun métier et ça va même plus loin que ça, je ne vois pas trop dans ce monde ni dans cette société. Moi j'ai juste l'impression que tout ça est de la chiasse, que les gens sont insipides, fades, intéressants, qu'il est impossible de s'amuser. Pour moi ce qui donnerait du sens à ma vie ce serait de rencontrer des gens avec qui je m'amuse vraiment beaucoup, avec qui je partage du bon temps, avec qui il y aurait une énorme complicité. Je rêve d'une amitié extrêmement forte et fusionnel mais j'ai l'impression que c'est totalement impossible dans l'état actuel du monde et de la société. Du coup je me suis complètement résignée il y a déjà plusieurs années au fait de pouvoir être heureuse et épanouie dans ce monde et dans cette société, du coup je n'ai plus qu'une seule idée en tête c'est de trouver l'origine de toute cette chiasse afin de pouvoir contribuer à comprendre pourquoi on en est arrivé là et pourquoi il est impossible de vivre dans ce monde. Je ne cherche même plus à vivre dans ce monde puisque j'en suis arrivée à la conclusion que cela était impossible, cependant je ne vais pas non plus me suicider, donc tout ce qu'il faut maintenant qu'on a conclu qu'il était impossible en l'état de vivre c'est essayer de comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là. Pour cela il faut que j'en passe par un métier qui me permette de rechercher cela.

En outre, un ami m'a dit qu'il était impossible d'être heureux et épanoui dans le système capitaliste et la putasserie généralisée que représente le salariat.

 

[missaaj]

Je trouve perso que l'article est assez mordant, mais pas dans le bon sens. On devrait arrêter de juger les gens qui bossent pour payer les factures. Il y a une vraie dictature de «vis ton reeeeeeeve!!!!» qui est super pernicieuse. En quoi quelqu'un de pas totalement motivé par son boulot devrait absolument tout faire pour changer? On peut aussi s'épanouir en dehors de son boulot, par ses liens, sa famille, ses projets, ses amis, ou dans des assos etc... puis vraiment quand on a été très serrée financièrement pendant très longtemps, un travail qui est stable et paye bien te fait vraiment plaisir et te rassure justement et parfois te donne la stabilité pour être à nouveau créative dans ta passion...je connais beaucoup de gens qui ont fait de leur passion un boulot et en sont malheureux aussi... Personnellement je compte allier enseignement, que j'apprécie sans en être non plus folle de motivation extrême mais que jaime vraiment bien (surtout les contacts avec les élèves plus que les prépas de cours) et mes projets artistiques sur le côté sans but d'en vivre, juste publier de temps en temps et atteindre un succès d'estime. Et oui, la grande stabilité de l'enseignement me tente aussi bien au niveau de l'horaire que de l'aspect financier. Je ne sais pas trop si j'ai pris ce que l'auteur a écrit trop à la lettre, c'est aussi possible, car je trouve le ton de l'article stressant et le passage sur l'argent est un peu limite selon ma sensibilité ....on touche à un sujet tres perso...
des gens sont parfois endettés des la vingtaine et la recherche d'un job qui paye bien est importante a leur bonheur (que l'auteur essaye de vivre en ayant une dette ET ne pas penser à l'argent majoritairement pour le choix de son prochain job , c'est pas évident)

On est toujours harassés pour devenir les meilleures versions de nous-même, avoir le job le plus en accord avec nous-même, se réaliser, ceci, ça...on peut se contenter d'une chose moyenne pourtant et être parfaitement heureux.

Parfois je me dis qu'on est pas forcément plus libres que les générations de mes parents : ok, devoir une maison une voiture se marier c'était lourd pour ceux qui n'aspiraient pas à cela, mais devoir être absolument partout le plus epanoui et libre en faisant comme si on avait pas de contraintes financières c'est aussi une sacrée pression...

Enfin c'est mon opinion, mais ça m'a un peu choquée le côté injonction « sois libre»....

 

[Enheduanna]

@Nastja
Après on a aussi une vision stéréotypée de certains métiers, et le fait de changer de cadre change totalement la façon dont on le pratique. Personnellement j'ai toujours voulu faire un métier utile, comme toi le droit, la médecine, les métiers du social, l'enseignement c'était exclu, et finalement je me suis retrouvée assistante de langues un peu par hasard, ce n'est pas du tout mon domaine d'études. Ce qu'on me demande est très différent de ce qu'on demande aux profs habituellement, et j'adore, alors que je reste persuadée qu'un boulot de prof "normal" ne me conviendrait pas du tout. Du coup parfois il faut essayer de voir si on ne peut pas pratiquer autrement, dans une autre structure, ce qu'on détesterait dans la structure "normale".

 

[Ann Ha]

@missaaj il fallait plus qu'un big up ! Ce que tu dis résonne à fond en moi et me fait tellement de bien !
Je pense qu'en plus il faut réaliser qu'on n'est pas tout égaux face au stress d'instabilité. Même sans avoir de dette, certains n'arriveront jamais à se sentir à l'aise dans une situation précaire alors que d'autres le vivront bien.
En plus je suis un peu dubitative sur "trouver sa voie" et "vivre de sa passion", parce qu'il faut être honnête, tout le monde rêve un peu de la même chose. Je fais un métier peu sexy dans un domaine décrié et je pense qu'il n'y a pas assez de gens à en rêver (si jamais il y en a...) par rapport au nombre qu'il en faut pour faire tourner ce pan de l'économie. Pourtant c'est un métier utile.
A l'inverse j'ai rêvé d'être archéologue sous marin ou écrivain et là je pense qu'il y a trop d'offre pour la demande.
L'injonction à vivre de sa passion, je trouve ça très élitiste et capitaliste, sur le mode "vous partez avec les mêmes chances et si vous le voulez vraiment vous y arriverez". Sauf qu'on ne part pas avec les mêmes chances (capital financier, culturel, réseau...). Et que ce mantra pousse à dire à ceux qui n'ont pas réussi "c'est de votre faute" donc à dédouaner ce système inégalitaire.
Bref, bien sûr il faut trouver un boulot dans lequel on est le mieux possible. Mais dire qu'on se sent bien dans un job parce qu'il nous laisse des loisirs (temps ou financièrement) c'est aussi honorable que parce que ce job est une passion.

 

[missaaj]

@Ann Ha on est bien d'accord contente que mon ressenti tai fait du bien à lire aussi! tu exprimes très bien le problème notamment sur la résistance a l'instabilité financière et le fait de pas partir tous sur les mêmes bases !

 

[Smara]

Merci pour cet article ! Je prépare une reconversion pro donc tout ça me parle beaucoup, et ça fait tellement de bien d'en rire. Et puis la stratégie de l'échec... quelle référence de qualité !

 

[ClemBouBou]

Je me retrouve dans tous les points. Je ne me sens vraiment pas à ma place
Et en plus c’est trop mal payé.
L’argent est quand même un facteur important pour moi. Je n’ai pas besoin d’être pleine aux as mais au moins ne pas galérer à la fin du mois.
Je viens juste de valider ma période d’essai mais j’ai déjà envie de partir. Les seules choses qui me retiennent c’est les locaux qui sont très beaux et le fait que je n’ai pas besoin de trop réfléchir dans mon travail. C’est moche mais je n’ai pas envie d’être dans la stratégie, la reco etc ça m’épuise de devoir réfléchir toute la journée sinon.
J’ai plutôt la fibre artistique mais pas envie d’être payée une misère.

Donc je ne sais pas quoi faire