C'est un sujet intéressant, j'ai envie de donner mes pensées un peu en vrac.
Déjà la question "a-t-on le droit de détester..." ? Ca m'amuse un peu et ça m'agace aussi un peu. Je trouve qu'aujourd'hui, on devient de + en + autocentrés, avec cette impression d'AVOIR LE DROIT DE. Alors oui en fait on a le droit de ressentir, nos sentiments sont valides, mais les jeter à tort et à travers sur autrui, ça ne l'est pas du tout ?
Sur un site féministe où l'on est nombreuses à ricaner de la fragilité des mecs qui mettent des coups de poing dans les murs, se considérerait-on valides de dire "Mais tu fais chier, Matéo, ta gueule" au mouflet qui parle trop ? Ou bien est-on un peu plus civilisées que ça ?
Sans aller jusqu'à la passivité totale, on peut aussi, si vraiment c'est ingérable, parler avec les parents. Surtout si on les aime, les parents en question.
Alors effectivement le résultat risque d'être nul, voire contre-productif (vous perdez des amis), mais... est-ce que ce ne sont pas les affres de l'amitié et de la famille ? Quand votre pote Jean-Stéphane a viré full complotiste pendant le covid, quand votre cousine Juliette a essayé de vous vendre des produits Herbalife, quand votre amie Géraldine a essayé de vous emmener faire des vacances crudi-kayak dans la Creuse pour vous ressourcer alors que vous aviez prévu Cornetto et Netflix ? Vous avez laissé faire et critiqué dans leur dos, ou bien, dans l'espoir de conserver une relation saine, vous avez essayé diplomatie et dialogue ?
Ce n'est pas la relation avec les enfants des autres qu'on interroge ici au fond.. c'est la relation avec leurs parents.
Alors ou, si on n'a pas d'enfants et qu'on se crispe à chaque bruit un peu fort, ça risque d'être compliqué d'argumenter. Mais normalement, on ne va pas détester un enfant juste parce qu'il est bruyant, si ?
Par contre, si le petit Edouard-Kevin vous insulte, vous mord ou vous brutalise, pourquoi laisseriez vous ce comportement passer sans rien dire ?
Des exemples malheureusement j'en ai à la pelle, ayant été la dernière de mes copines à enfanter. Et pour ma part, je fais bien la distinction entre un comportement (Rholalaaaa il est relou leur Edouard-Kevin en ce moment ! Vivement que ça lui passe !) et une personne (Je commence à en avoir vraiment plein le... fondement de la petite Précieuse-Cléopâtre qui tabasse sa soeur H24, répond mal quand on lui parle, crache sa nourriture à table quand ça ne lui convient pas alors qu'elle a DIX ANS, me fait des remarques sur mon poids, vole les cadeaux d'anniversaire de sa soeur;.. ... ) et cette petite personne épouvantable, il est grand temps... que j'en parle à ses parents.
Bon ben comme vous vous en doutez, dans le premier cas, Edouard-Kevin est devenu moins relou... et je fréquente moins (plus du tout en fait) les parents de Précieuse-Cléopâtre qui m'ont assurée qu'elle ne frappe pas du tout sa soeur (malgré les aveux triomphants type "Oui elle pleure parce que je l'ai poussée dans l'escalier hahaha") et qu'elle ne me parle de mon poids que pour mon bien.
Je ne déteste pas cette gamine. Je pense qu'elle va par contre devenir une personne toxique, puisqu'on l'y encourage. C'est très triste.
On a le droit de ressentir. On a le droit de détester. Mais après on en fait quoi de cette haine?
J'ai un contre exemple aussi qui est un peu parlant :
J'ai grandi à la campagne. Je HAIS les chasseurs. Je les hais.
Non, personne ne peut me convaincre à coup de "oui mais moi je connais un gars qui".
Je m'en fous.
J'ai grandi dans des campagnes où de septembre à mai, les fossés étaient remplis de douilles fluo et de canettes de bière. J'ai grandi en ayant peur pour mon chien (à raison, l'un d'entre eux a été volé et une autre tuée par des chiens de chasse). J'ai grandi avec une amie dont le voisin a tiré le chat volontairement et le lui a dit en rigolant. On avait sept ans. On a retrouvé des plombs dans nos volets et dans nos décos de jardin.
Je les hais.
Une copine de ma vie d'adulte, un jour, m'a dit "Ha bah moi, mon père, il chasse avec ses
potes". J'ai répondu "Ok."
Je ne vais pas à chaque fois que je la vois lui seriner que je hais les chasseurs.
Je lui ai également dit par contre que je ne souhaitais pas qu'elle essaie de me convaincre que mon avis sur la chasse est mauvais parce que son père est un bon gars.
Evidemment un jour j'ai croisé son père. Bah j'ai dit bonjour hein, et j'ai pris un café.
Je partirais pas en vacances avec lui, mais je ne vais pas lui crier ma haine au visage, ça me paraît évident.
Est-ce que ça ne serait pas un peu pareil avec les enfants ?