Alors, comment dire... cet article n'a juste rien à voir avec... rien?
Le livre parle des Osage pendant la première partie, soit 130 pages. Elle se termine sur Molly qui n'est plus capable de rien, et on aura de ses nouvelles des centaines de pages plus loin, pour dire qu'elle va mieux, et puis encore quelques pages plus tard, qu'elle se remarie et qu'elle meurt à 50 ans. Et ensuite, la deuxième partie se concentre exclusivement sur Tom White, l'enquêteur du Bureau, et le procès pendant 170 pages. Les 50 dernières pages étant consacrée au travail de documentation que fournit l'auteur. Donc effectivement, si le livre avait d'abord été adapté tel quel, c'est sûr que ça parlait que de mecs blancs.
En même temps, le livre est surtout un livre sur la corruption systématique de la justice dans les années 20 dans cette région, sur l'ignoble système de tutelles dont les blancs ont profité pour voler la fortune des Osages, et sur comment J. Edgar Hoover s'est servi de ces crimes atroces comme d'une vitrine pour le FBI. En gros, sur comment les Blancs, c'est des enflures, et parfois, t'as un mec qui est quand même plus décent que les autres.
Donc le film, qui a préféré se centrer sur le personnage de Burkhart, ce n'est ni un parti pris foireux, ni un parti pris raciste. Alors certes ça aurait pu un peu plus expliciter que les Osages n'avaient absolument aucun recours juridique (car la justice est Blanche) mais enfin... depuis quand Scorsese fait des films politiques, en fait? Ce qui l'intéresse, c'est la descente aux enfers des personnages.
D'ailleurs, pour le perso de Molly, dans le film, il "suffit" qu'elle comprenne que Ernest soit un peu concon/malhonnête sur les bords (quand il lui dit qu'il lui donnait juste de l'insuline) pour divorcer de lui.
Dans les faits (biaisés, sûrement, vu que je tiens ça que du livre), elle a défendu Ernest jusqu'au bout pendant le procès. Elle ne divorcera que quand le procès révèlera qu'il était prévu qu'elle soit chez sa soeur quand la maison de cette dernière explose. C'est l'aveu d'Ernest, expliquant qu'il savait très bien que le plan était de tuer sa femme en même temps que sa dernière soeur, qui lui fait ouvrir les yeux.
Et oui, contrairement au livre, Scorsese ne fait pas du tout durer le suspense et montre assez vite que Hale et Burkhart sont pas aussi gentils qu'ils le font croire. Mais je vois pas en quoi des procédés de mise en scène destinés à faire comprendre quelque chose à un spectateur (gros plans insistant sur Hale et Buckhart, plus les scènes privés où ils discutent ouvertement de leur plan) sont à utiliser pour critiquer la confiance des Osages? On nous montre quelque chose en tant que spectateurs, mais les actions des deux protagonistes, qui sont la seule chose données à voir à la communauté, sont toutes autres. Alors oui, le spectateur se doute direct d'un truc. C'est le but. ça veut pas dire que c'était aussi clair dans les faits.
Et baser une critique sur le marketing d'un film, c'est fumeux au possible. Le marketing, c'est souvent pas décidé par les réals/les acteurs; ils disent ce qu'on leur dit de dire pour vendre un film. (pardon, mais pour citer un truc qui n'a rien à voir, on en parle de Jennifer's Body, dont le marketting axé sur les mecs n'avaient absolument rien à voir avec le film?)
Et si des gens considèrent que c'est une histoire d'amour, ça veut pas dire qu'on doit considérer le film ainsi.
Bref, perso ce film m'a bien réconcilié avec Scorsese, dont The Irish Man m'avait profondément énervé. Pour ce qui est du livre, sa lecture est passionnante, et si on cherche des sources qui traitent des Osages uniquement, le livre propose 15 PAGES de bibliographie (et elle est que sélective, en plus).