Je trouve cet article super intéressant.
En complément de la remarque de M. Dupond-Moretti sur le fait que le mal fascine, je pense qu'il y a - de façon plus générale - un attrait de la population pour l'action.
L'agresseur c'est celui qui agit, et la victime c'est la personne passive qui est devenue victime parce que l'agresseur s'en est prise à elle.
Et ça peut paraitre injuste mais de manière générale, les humains sont davantage intéressés par l'action que par l'inaction.
Qui aurait envie de passer 1h30 à regarder un film d'herbe qui pousse ?
C'est chiant, parce qu'il ne se passe rien.
De la même façon, je pense que les victimes sont perçues comme "ennuyeuses" car identifiées comme "passives".
Pour cette raison, je pense qu'il pourrait être pertinent de présenter les victimes davantage comme des sujets agissants et de plutôt se focaliser sur leur force et l'énergie qu'elles mettent à réclamer justice, à se reconstruire (bon ok, pour les personnes mortes ça sera compliqué...) et présenter les bourreaux davantage comme des sujets passifs, prisonniers de pulsions dont ils n'arrivent pas à s'en libérer. Inverser le narratif en somme.
Un autre souci est que souvent, on a le sentiment que ce qui arrive aux victimes ne pourrait pas nous arriver à nous, car nous on est "plus fort/prudent/intelligent" etc...
Ca s'appelle le biais d'optimisme et ça peut toucher tout le monde.
Le problème, c'est que pour les personnes avec ce biais, lorsqu'elles écoutent des histoires de victimes, elles ne se sentent pas concernées - ce qui les empêchent d'avoir de l'empathie -, et c'est particulièrement vrai chez les personnes qui se pensent meilleures et/ou qui ont déjà un déficit empathique.
Afin de casser ce biais, ça ne serait pas une si mauvaise idée de présenter davantage d'hommes victimes. Pas des hommes victimes de leur méchante ex qui a réclamé la pension légitime à laquelle elle avait le droit hein, des hommes victimes d'abus, de viol, de maltraitance parentale, d'escroquerie.
Ca permettrait d'aider les personnes qui pensent que les hommes sont plus forts que les femmes à se rendre compte qu'en fait personne ne choisi d'être victime, et que ça peut vraiment arriver à tout le monde.
Et pour les personnes qui ne le pensent pas, il n'y a pas besoin de les aider car elles en sont déjà convaincues.