Signaler une violence faite à un enfant n’est pas un acte anodin. En effet, il peut être compréhensible de sentir quelques réticences, mais celles-ci sont en partie dues à la méconnaissance du parcours judiciaire enclenché par un signalement.
Oui, elles sont aussi en partie dues à la réalité du système de protection de l’enfance actuel qui est dans un état catastrophique. Parfois on peut aussi se poser la question de « à quoi bon sauver un enfant de la maltraitance familiale pour l’exposer à la maltraitance institutionnelle ? ».
Les MECS où les enfants se retrouvent parfois entourés par quelques éduc dépassés et insuffisamment formés qui font ce qu’ils peuvent mais laissent passer beaucoup de violence voire en sont eux-mêmes les instigateurs sont un bon exemple. Les agressions et agressions sexuelles peuvent y être répandues tout comme la drogue et même la prostitution des jeunes. L’institution est complètement noyée, la thune ne sert pas où il faudrait (je pense par exemple aux chambres d’hôtels qui reviennent super cher où on laisse des mineurs livrés à eux-mêmes et à des potentiels prédateurs plutôt que d’investir dans des structures et des pro formés et mieux rémunérés pour leur travail).
Il n’y a qu’à regarder les stats de ce que deviennent les enfants de l’ASE pour s’inquiéter des conséquences potentielles d’un signalement. 1 SDF sur 3 qui est un ex-enfant de l’ASE si je me souviens bien.
J’ai demandé une fois à une assistante sociale de faire un signalement. L’adolescente a été placée dans une famille d’accueil qui avait 2 autres enfants placés et faisait clairement ça juste pour le fric sans apporter aucune éducation ni aucune affection aux enfants (je suis allée plusieurs fois chez eux et j’ai pu le constater par moi-même). Heureusement que la jeune fille en question était majeure quelques temps après et a pu partir relativement rapidement et s’en sortir…
Je ne dis pas du tout qu’il faut laisser des enfants avec des parents maltraitants. Bien sûr qu’il y a des cas où le signalement s’impose. Mais faut pas non plus se voiler la face sur le fait que l’enfant ne sera pas forcément placé dans un milieu sécurisant après le signalement…