Des lycéennes réagissent à l’annonce du bac en contrôle continu

[doudouillitsa]

@Annalibra Moi c'est ce que j'ai fait, et franchement je vois pas le problème. Je n'ai jamais su travailler au lycée, mais j'étais très bonne élève jusqu'en première, où j'ai fait une grosse dépression et ai été déscolarisée à partir de fin décembre. Je ne suis retournée au lycée qu'en avril, et seulement pour les cours de français (puisque je devais passer les épreuves anticipées). En terminale S, je n'étais plus si bonne que ça puisqu'il me manquait les deux tiers du programme de terminale. Je m'en foutais. Je suis passée de 17 à 12. Je n'aimais pas travailler, et sans être particulièrement malheureuse au lycée, je préférais faire autre chose de mon temps. Je séchais de temps en temps. J'ai eu mon bac mention assez bien. J'ai passé deux semaines d'angoisse avant les résultats. Je voulais juste mon bac et me barrer à la fac, ce que j'ai fait. Je ne me suis jamais "vantée" de quoi que ce soit, mais franchement, même aujourd'hui, je ne vois pas où est le problème avec ce que j'ai fait. La seule personne que j'ai pénalisé, c'est moi, parce qu'à 15/16 ans j'étais pas assez mature pour me rendre compte que je ne travaillais que pour moi.

 

[Dog]

@Annalibra Ce n'est pas une question d'être blessante, ne t'en fais pas. Plutôt la question d'avoir l'humilité de comprendre que tout le monde ne fonctionne pas de la même façons, et qu'on ne peut pas savoir ce qui est arrivé aux autre. L'injustice, ce n'est pas que "eux y arrive", c'est que tout le monde soit évalué sur un même point, sans avoir les mêmes chances, et surtout, sans une adaptation aux divers fonctionnement.

Je me vantais à l'époque, d'avoir eu mon bac comme ça. Mais pas parce que " les autres sont nuls, ils ont pas pu faire comme moi ". Plutôt parce que c'était une sorte de victoire, et j'essayais de me convaincre moi-même que ca prouvais que j'avais une certaine valeurs, à contrario de ce que je pensais. Ce que tu décris dans la réponse à mon message, crois moi, ce n'est vraiment pas la majorité des lycéens pour qui l'épreuve du bac est le seul moment ou ils taffent dans l'année. So chill, les lycéens, les collégiens, c'est vraiment des gens complexes et compliqués, avec un tas de tragédies plus ou moins sues, plus ou moins vues, plus ou moins dites, plus ou moins assumées, et plus ou moins travesties en mascarade de bravade.

 

[Gabelote]

Etant sortie du système scolaire depuis un bail, je me pose la question du dossier scolaire. De mon temps il n'était utile que pour accéder à quelques filières (prépas notamment, ou les écoles d'arts pour celleux qui venaient d'une filière arts plastiques). Est-ce qu'avec Parcoursup, le dossier n'est pas déterminant pour accéder à la filière de son choix (tirage au sort mis à part dans les filières très attractives) ? Du coup, bac mis à part, il y a déjà des élèves de 1ere et Tale qui sont obligés de bosser pour leur filière dans le supérieur ?

 

[Michiko Chan]

Je trouve ça dommage qu'ils n'aient pas la semaine du bac. C'est un peu comme un "rite de passage", on stresse, on le passe, on l'obtient et on dit qu'en fait c'était facile J'ai fait ma terminale à distance avec le CNED et j'ai pu avoir le bac sans problème du coup c'était possible par rapport au confinement. Le contrôle continu c'est à double tranchant comme c'est bien souligné dans l'article (que ce soit du côté des profs et des élèves)...

 

[liseul]

@Gabelote ça fait 3 ans que j'ai quitté le lycée mais comme mon frère est en terminale je pense que je suis assez en courant et je vais donc essayer de te répondre .

Alors en fait, je dirais que l'orientation d'une grande partie des étudiant.e.s se fait sur dossier puisque les notes de 1ère/Tale sont prises en compte non seulement pour les prépas et les écoles mais aussi pour les BTS/ DUT et pour les filières sélectives à la fac type double-licence et autres. En plus de ça, avec parcours sup il n'y a plus de tirages au sort mais une sélection sur dossier s'il y a plus de demandes que de places à la fac (principalement pour STAPS et pour certaines facs parisiennes). Donc oui beaucoup d'élèves sont obligés de bosser pour leur filière dans le supérieur et de toute façon la décision quant à l'orientation se fait dans la majorité des cas avant l'obtention des notes du bac et il ne s'agit donc que de l'avoir pour y accéder.

A côté de ça je comprends totalement que les élèves se sentent floué.e.s, ce n'est pas ce qui était prévu, le bac reste un rite de passage important pour certain.e.s et ça rajoute du stress mais je ne vois pas comment ça aurait pu être fait différemment et je trouve que le fait que des commissions examinent les dossiers (elles vont surement se montrer généreuse) + l'oral de rattrapage pour celleux entre 8 et 10 de moyenne + la possibilité de le passer en septembre laisse une porte de sortie pour tout le monde (même si je ne nie pas le stress et les difficultés supplémentaires). Enfin, je suppose que le gouvernement va essayer d'obtenir des statistiques de résultats du bac similaires voire même supérieures aux autres années car ce n'est absolument pas dans son intérêt de faire redoubler beaucoup de monde surtout avec la réforme.

En tout cas bon courage aux premières et aux terminales !!! (et dites-vous qu'au moins maintenant vous savez ce qui vous attend car nous à la fac on a encore aucune info )

 

[Annalibra]

@Scrapy
J’ai peut-être jugé un peu vite ou en tout cas généralisé
Disons que j’ai toujours ragé en tant qu’élève de travailler sérieusement, rendre mes copies à l’heure, et voir d’autres élèves réussir sans fournir d’efforts voire même en rendant leurs copies en retard etc. sans jamais être pénalisés (et je parle d’élèves n’ayant pas de problème particulier)
Après effectivement chacun.e travaille pour soi et vit avec les conséquences de ses choix ^^ il est clair qu’un.e élève qui travaille dans l’urgence n’en pénalise pas un.e qui a travaillé régulièrement toute l’année
Mais dans ce cas je me dis qu’il ne faut pas se plaindre du contrôle continu

 

[Annalibra]

@Dog
Effectivement je comprends mieux
Dans mon premier message je parlais vraiment des élèves qui justement prennent tout un peu par-dessus la jambe mais s´en sortent toujours, et se paient en plus le luxe de râler sur le fonctionnement du contrôle continu
Mais j’ai conscience que le système scolaire est profondément inégalitaire, comme dit dans mon premier message, je suis de celles et ceux qui pensent qu’il doit être entièrement repensé
Et encore une fois je sais qu’il y a plein d’élèves qui galèrent pour plein de raisons différentes, et plein d’élèves pour qui ça ne en voit pas malheureusement

 

[TheMadTink]

Le contrôle continu à 100% est aussi injuste que l'épreuve finale à 100%.
Sans parler de tous les enfants en difficulté ou échec scolaire, quid des établissements où les profs n'ont pas été remplacé et où les élèves ont fait la moitié du programme ? De ceux où on a pas les moyens de faire cours correctement dans des classes à 40 ? De ceux où il n'y a pas d'étude, pas d'aide scolaire, pas de prof qui peut prendre du temps pour rester avec un élève ? Où les notes moyennes sont bof bof parce qu'on a ni le temps ni les moyens pour s'occuper de ces élèves ?

Ça va encore être les perdants.

 

[Dog]

@Annalibra Absolutely no soucis, vraiment. Je pense juste qu'il y a toujours le mythe du " celui qui branle rien et réussis tout par dessus la jambe". J'ai été consideré comme ça pour certains trucs. J'ai des facilités d'apprentissage pour certaines choses , et entre autre, une très bonne oreille. Je suis aussi issue de 2 cultures, dont l'une anglophone. On a toujours consideré pour moi, que c'était parfaitement normal que je réussisse en anglais , que j'étais bilingue, ce genre de truc. Alors que je taffais.
Mais t'as l'image " cool " de l'élève qui branle rien, et a des supers notes, c'est plutôt valorisé, dans le sens ou, il a de bonne notes, donc est intelligent, et comme il ne branle rien, ce n'est pas un "intello", pas un "mouton scolaire" ( des stéréotypes dont je suis absolument contre, qui m'ont pourri aussi) .
Du coup, au final...la majorité de ces "branleurs qui réussissent alors qu'ils foutent rien", en réalité, se camoufle derrière ça. Soit ils travaillent, mais cultivent l'image de " pff j'ai pas travaillé, et j'ai réussis " , soit, t'as tout un mécanisme lié à la facilité du travail, qui entraine peur de l'échec, et donc, l'idée que " si je ne travaille pas, et que je me foire, c'est parce que je n'ai pas travaillé, pas parce que je suis idiot/un echec sur patte, donc je peut l'assumer plus facilement " . On trouve pas mal ce genre de chose, dans ces milieux.

Mais je m'égare

 

[Annalibra]

@Annalibra Absolutely no soucis, vraiment. Je pense juste qu'il y a toujours le mythe du " celui qui branle rien et réussis tout par dessus la jambe". J'ai été consideré comme ça pour certains trucs. J'ai des facilités d'apprentissage pour certaines choses , et entre autre, une très bonne oreille. Je suis aussi issue de 2 cultures, dont l'une anglophone. On a toujours consideré pour moi, que c'était parfaitement normal que je réussisse en anglais , que j'étais bilingue, ce genre de truc. Alors que je taffais.
Mais t'as l'image " cool " de l'élève qui branle rien, et a des supers notes, c'est plutôt valorisé, dans le sens ou, il a de bonne notes, donc est intelligent, et comme il ne branle rien, ce n'est pas un "intello", pas un "mouton scolaire" ( des stéréotypes dont je suis absolument contre, qui m'ont pourri aussi) .
Du coup, au final...la majorité de ces "branleurs qui réussissent alors qu'ils foutent rien", en réalité, se camoufle derrière ça. Soit ils travaillent, mais cultivent l'image de " pff j'ai pas travaillé, et j'ai réussis " , soit, t'as tout un mécanisme lié à la facilité du travail, qui entraine peur de l'échec, et donc, l'idée que " si je ne travaille pas, et que je me foire, c'est parce que je n'ai pas travaillé, pas parce que je suis idiot/un echec sur patte, donc je peut l'assumer plus facilement " . On trouve pas mal ce genre de chose, dans ces milieux.

Mais je m'égare

Oui c’est très juste ; c’est aussi pour ça qu’il faut toujours gratter et aller voir derrière les apparences