Le système scolaire tel qu'il existe est profondément inégalitaire hélas, et cela à tous les niveaux (et ça va en s'aggravant à chaque fois qu'on avance dans la scolarité).
Les plus aisés s'arrangent pour que leurs enfants aillent soit en écoles privées, soit dans de "bonnes" écoles publiques en s'arrangeant avec les système de découpage scolaire. De plus, ces élèves là bénéficient d'un soutien en dehors des cours : soutien scolaire, ouverture à la culture de la part des parents (cinémas, musées, livres, théâtre etc). Ceux là ont en général, de bons résultats au bac, et son naturellement poussés vers des filières déjà sélectives à l'heure actuelle. En général, ils vont même dans des écoles, prépas ou BTS payants, leur "garantissant" une meilleure qualité d'enseignement (je mets des guillemets car ce n'est pas toujours vrai, mais c'est comme ça que les gens pensent).
Les élèves des classes très moyennes, voire pauvres, sont dans des écoles publiques, sont beaucoup plus nombreux par classe, avec des énormément de profs qui font des dépressions. S'ils ont de la chance, bizarrement, ils seront en REP : là on met un peu de moyen pour avoir des classes avec moins d'élèves. Mais ce n'est guère mieux, depuis le temps que ça existe, ça n'a pas l'air de très bien fonctionner.
Ces élèves là, en plus de pas avoir une qualité d'enseignement optimale, n'a pas le même soutien à la maison. Certains parents sont parfois vite dépassés par les devoirs demandés et ne peuvent pas aider leurs enfants, et n'ont pas les moyens pour payer des cours particuliers. Leurs parents n'ont pas le temps, les moyens, ni l'habitude de leur amener une certaine culture. Je rappelle aussi qu'il y a certains parents qui ne maîtrisent même pas les bases du français.
Parmi ces élèves là, il y en auront qui auront des facilités, qui s'en sortiront toujours, et qui grâce aux bourses, aux petits boulots et aux prêts, pourront grimper les échelons (et encore, s'ils arrivent à se faire les bons contacts !). Ce n'est pas la majorité !
Les autres élèves, moyens ou médiocres, ne sont pas en moyenne plus bêtes que les élèves des classes plus riches. C'est juste qu'ils ne reçoivent pas les mêmes stimulis, le même soutien et accompagnement que les autres. L'intelligence n'est pas que génétique, elle se développe aussi en fonction de l'environnement.
Ces élèves là, déjà on en fait une sélection dès le collège. Ceux qui sont des "cancres", on ne cherche même pas à les comprendre : on les envoie en bac pro. C'est ce qui a beaucoup dévalorisés ces filières qui sont pourtant très utiles dans les services et l'artisanat (cuisine, maçonnerie, électricité, puériculture etc) et qui sont pourtant en pénurie à l'heure actuelle car on en a fait une voie de garage !
Pourquoi ? Car à l'époque de nos parents, de nos grands parents, il y avait beaucoup trop de main d'oeuvre dans ses emplois là, on a donc poussé les jeunes génération à faire des études. Car les études à cette époque était synonyme d'emploi à coup sûr et bien payés.
C'est pour ça qu'à l'heure actuelle, on se retrouve avec 80% de bacheliers, et non pas parce qu'on "nivelle par le bas" ou qu'on "donne le bac à tout le monde". Certes j'admets qu'il y a des élèves qui sortent du lycée avec de grosses lacunes en français ou en maths mais c'est dû au fait que le suivi est mal fait, et pas parce que les cours ne sont pas bons.
Pour les élèves moyens et plutôt bons des classes moyennes, on propose le bac général. Concrètement à quoi ça sert ?? Logiquement à nous former, mais pas trop, pour nos futures études. Sauf que c'est là que le bas blesse selon moi. Après un bac général tu peux plus ou moins aller où tu veux, y compris dans des domaines que tu n'auras jamais ou très peu vus au lycée général comme : droit, événementiel, marketing, communication, histoire de l'art, musicologie, (et tellement d'autres).
La solution serait plutôt d'offrir un socle transversal, et le reste au choix, avec certaines matières qui se recoupent, et la possibilité de changer en cours de route (car passer d'une 1ère S à une L et vice-versa c'est pas facile voire impossible). Oui ce serait presque impossible à mettre en place dit comme ça, mais d'autres pays le font ! Je vais citer en exemple les Etats-Unis qui sont trèèèès loin d'un modèle scolaire parfait, mais là bas il est possible de choisir des cours à la carte et adapté à son niveau (en maths par exemple). Dans les dossiers scolaires pour l'entrée en facn les matières culturelles ou sportives sont valorisées comme l'étude d'une seconde langue ! En France c'est le contraire, si tu as fait option arts plastiques, à part pour te donner des points au bac, ça ne sert à rien. Si tu es bon en maths mais que tu es nul en anglais, tant pis. Alors que les grandes entreprises se plaignent d'avoir des cadres très bons mais nuls en langues étrangères.
Déjà si on arrivait à mieux orienter les élèves, ne pas stigmatiser les filière (S = excellent , ES = moyen, et L = cancre), le boulot serait fait en amont !
Sans parler des conseillers d'orientation qui ne sont pas toujours très bons. Moi on m'a conseillé de faire une prépa littéraire parce que je faisais un bac L, alors que je ne voulais ni être prof, ni aller dans une grande école ou passer un concours. A aucun moment on ne m'a proposé un enseignement professionnalisant comme un BTS ou un IUT (et je ne dois pas être la seule dans ce cas).
On te dit que quand tu fais L, en fait à part aller en fac de lettres ou de langues tu n'es pas bon à grand chose (ce qui est totalement faux).
Revenons en aux sélections après le bac. Le bac est lui même une sélection, c'est le passeport d'entrée pour l'enseignement supérieur. Sauf que si tu n'as pas soit une super note (genre minimum mention bien), soit une famille riche, déjà les grandes écoles et prépas privées tu oublies !
Il te reste quoi concrètement ? Les BTS publics et... la fac !
La fac est l'accès à l'enseignement supérieur pour ceux soit qui l'ont choisie (encore heureux), soit qui ne peuvent aller nulle part ailleurs.
Donc tout le monde va à la fac, dans certaines il y a une sélection, dans d'autres pas. Il y a des amphis de médecine ou de droit qui ne peuvent même pas accueillir le nombre d'inscrits. Sauf qu'au fil des semaines et des mois, l'amphi se vides et il ne reste que les meilleurs. Mais qui sont ces meilleurs ? Ceux qui ont au 18 au bac ? Les autres sont tous stupides et ont préféré abandonner ? Non, ce sont ceux qui révèlent leurs capacités en étudiant les matières qu'ils aiment. Parmi eux il y a beaucoup d'élèves moyens ou médiocres et pourtant, bizarrement (j'dis ça j'dis rien), quand ils font ce qui les passionne, ça va beaucoup mieux.
Les autres, ceux qui abandonnent c'est soit parce que ça ne leur plait pas (soit la filière, soit le rythme de la fac, beaucoup moins encadré). Et ce ne sont pas forcément les moins bons. Même les très bons élèves ont le droit de se tromper, de se laisser dépasser par ce système "fac". Après tout ce sont des jeunes qui viennent d'avoir 18ans, qui ne connaissant PAS le monde du travail (à part le pauvre stage de 3ème), et qui ne savent même pas ce qu'ils veulent faire plus tard !
Du coup, je ne vois pas pourquoi on devrait choisir les bacheliers avec les meilleures notes, alors qu'on ne sait pas comment ils vont s'intégrer dans leurs nouvelles études.
De plus, juger une personne, uniquement sur les notes d'une année, sans savoir le vécu derrière c'est assez aberrant. Le lycée est difficile pour beaucoup (harcèlement scolaire, pression, vie amoureuse tumultueuse, crise d'ado). Certes ça ne peut pas non plus être une excuse tout au long de la vie ("ah mais cette année je me suis séparée de mon mec, oh mais l'année dernière j'ai déménagé, et l'année d'avant mes parents ont divorcés...). Mais cette année de terminale ne doit pas non plus influer sur TOUT le futur de ces jeunes. Déjà si malgré leurs soucis, ils arrivent à avoir le bac, pourquoi les punir encore après.
Car s'ils ne sont pas pris dans les facs demandées où iront-ils ? Soit dans une filière qu'ils ne veulent pas, et dans ce cas là, l'absentéisme ne risque pas de s'améliorer, soit dans une fac à l'autre bout du pays, la seule qui les accepte (et là les frais ne sont pas les mêmes), soit dans une fac de "seconde zone", et si c'est écrit sur leur CV, ils passeront après les autres.
Au final, comme il existe déjà une forme d'enseignement à deux vitesses entre les écoles privées et la fac, et bien on va créer un système encore plus discriminatoire, où ce sera encore les mêmes qui trinqueront !
C'est tout notre système scolaire qui est à revoir, mais hélas en France on n'aime pas trop mettre le nez dans notre caca.