On parle aussi de la charge mentale au Québec en ce moment, mais j'ai l'impression qu''il y a beaucoup de monde qui ne comprennent pas de quoi il retourne. J'entends, dans les médias, des commentaires comme « J'appelle pas ça une charge mentale : ce sont mes enfants, je suis parent, c'est le travail du parent, c'est injuste de dire que mes enfants sont une charge mentale. ». Et moi, je suis en train de travailler, écouter ça à la radio et je grimperais sur les murs. Personne ne semble comprendre que la charge mentale c'est pas de prendre soin de ses enfants, d'ailleurs, il y a une charge mentale même quand on n'a pas d'enfants. Comment faire comprendre aux gens que la charge mentale c'est le lot de la personne qui pense à tout tout le temps? Ce que j'entendais à la radio, c'était des banalités sur le partage des tâches « oui mais moi je passe la tondeuse, est-ce qu'elle passe la tondeuse elle ? non. » Comme mauvaise foi, on fait difficilement plus imbécile. Bravo, tu as des tâches assignées, c'est déjà pas rien, mais qui pense à ce qu'on va manger ce soir? Qui pense à prendre les rendez-vous chez le dentiste ? Qui rappelle que la toilette doit être nettoyée ? Qui prend la charge de dire aux enfants de faire leur chambre ? Qui écrit la liste des courses ? Qui doit toujours rappeler de faire du ménage parce que la maison deviendrait vite une porcherie ?
Parce que c'est bien beau de diviser les tâches, mais ça ne fait pas tout si c'est la même personne qui rappelle toujours à l'autre ses tâches. Dans mon couple, on fait l'épicerie chacun notre tour, c'est le truc que j'ai trouvé, parce que quand on la faisait « ensemble » et qu'on se séparait la facture à la fin, je finissais toujours par la faire toute seule et mon conjoint me transférait son montant d'argent. Donc chacun notre tour, ça a réglé ce problème. MAIS. Mais voilà qu'une fois alors qu'il va faire faire l'épicerie (on peut toujours la faire à deux, mais on paye chacun notre tour, ce qui l'oblige à être là du coup), je lui demande s'il a regardé ce qui nous manquait, je sais qu'il est très spontané pour l'épicerie, mais c'est quand même bien de s'assurer qu'on a l'essentiel Bref, il me répond que non. Je lui demande si il faisait des listes des fois et il me répond que non, parce qu'il assume que je vais le faire. En fait il se fit à moi pour savoir s'il y a des essentiels à acheter. Et c'est vrai, je vérifie et je fais des listes, parce qu'il ne le fait pas. Je trouve donc vraiment « cheap » à savoir réducteur, de mettre la faute (comme j'ai aussi beaucoup entendu dans les médias récemment) sur la personne qui a la charge mentale : on accuse souvent cette personne de ne pas « laisser la chance » à l'autre de faire les tâches, de ne pas lui faire confiance, alors du coup, il ne les fait pas. Alors en plus d'assumer la charge mentale, il faudrait se sentir coupable en plus. Alors c'est extrêmement difficile de se sortir de ça. La personne qui a la charge dit constamment à l'autre quoi faire, alors quand même qu'elle lui dit « je te dis toujours quoi faire, je veux maintenant que tu fasses les choses sans que j'aie à te le dire », ben elle va simplement changer de phrase. De « peux-tu faire la vaisselle stp ? » elle va passer à « Je t'ai dit de penser à faire la vaisselle quand il y a besoin », mais au final, elle va continuer de répéter. C'est donc à la personne qui ne prend aucune charge mentale de bouger son cul et de prendre les devants. Et pas qu'une seule fois. Parce que « elle continue de me le dire quand mêmeeeuuuh ». Ben oui, si tu le fais de ton propre chef un fois tous les trois mois, c'est normal.
Et y a ça aussi : les personnes qui prétendent que la charge mentale n'existe pas et que chez eux tout est divisé égal - ont-elles demandé à leur partenaire de vie ce qu'elles en pensaient ? Si l'autre est d'accord, félicitation c'est que la division des tâches et de la charge est équitable, sinon... ben... y a peut-être des remises en question à faire et des correctifs à apporter, et surtout des raisons d'arrêter de dire que la charge mentale n'existe pas.
Une de mes collègues de travail a avoué qu'il y a quelques années, alors qu'elle faisait et pensait à absolument tout à la maison pour son mari et ses deux enfants, qu'elle avait mis son mari au pied du mur en préparent ses valises et disant que si il ne se grouillait pas plus que ça, elle s'en irait tout simplement et elle était sur le bord de la porte, parce qu'elle n'en pouvait simplement plus mentalement et physiquement. Ça aurait bien fonctionné dans son cas. Tant mieux pour elle, mais c'est dommage qu'il faille parfois en venir aux menaces pour que des gens comprennent.