Bonjour
@fadette67 , je participe rarement sur le forum mais je suis en train de vivre un peu la même chose que toi (moins long cependant : fausse couche médicamenteuse il y a un mois et demi, depuis ça traîne, je saigne toujours tous les jours, chaque échographie de contrôle montre des résidus alors on me redonne un rendez-vous...) Naïvement je pensais qu'une fausse couche c'était douloureux, psychologiquement et physiquement, mais que ça allait être réglé en un ou deux jours ! Et franchement je trouve que le corps médical traite ça avec légèreté, en mode "rendez-vous dans 15 jours!" sans se rendre compte que saigner tous les jours, avoir des crampes, savoir qu'on porte en soi les restes d'une grossesse, ça rend difficile le fait de reprendre une vie normale (Je suis un zombie au boulot... si des gens me lisent, pensez à réclamer un arrêt à l'hôpital car ils ne me l'ont pas proposé et cela a été très difficile les premiers jours)
Bref, je t'envoie du courage et des ondes consolantes, mais malheureusement je n'ai pas de solution miracle ! Quelques pistes cependant :
- Moi le gynécologue lors d'une écho de contrôle m'a redonné un médicament (du misoprostol, c'est à dire la même chose que ce que j'avais pris le jour où je suis à l'hôpital) Ça m'a déclenché des contractions assez violentes mais c'est tout, rien n'a été expulsé... Donc je ne sais pas si je te le conseille! Mais cela peut être une piste.
- J'ai fait aussi des prises de sang pour suivre mon taux de beta HCG et vérifier qu'il redescend (ce qu'il fait.... Mais si LENTEMENT) Ma sage femme m'a aussi dit que je pouvais faire un test de grossesse pour vérifier qu'il était négatif et donc que le taux était redescendu. Bon comme j'ai mes prises de sang qui sont plus précises je ne l'ai pas fait, et je ne sais pas si cela s'applique à ton cas car si tu as eu tes règles plusieurs fois cela veut bien dire que ton cycle est reparti, donc que le taux doit être redevenu nul (ce que je trouve rassurant pour toi, le corps a quand même repris sa marche normale !)
- Ma sage femme m'a dit qu'il n'y avait pas de souci pour reprendre une activité physique modérée, tant que cela ne déclenche pas de saignements hémorragiques. Je trouve que ça fait du bien, au corps comme à l'esprit, parfois ça augmente un peu l'intensité de mes saignements mais honnêtement j'en suis au point où ça me réjouit tellement je voudrais que tout soit terminé ! En ce moment le printemps revient et je fais de longues marches dans la campagne, cela me fait vraiment du bien.
- N'hésite pas à prendre un autre avis médical. De mon côté les gynécos et la sage femme que j'ai vu m'ont dit qu'à partir du moment où j'aurais à nouveau mes règles, c'est que mon corps se sera remis, or si j'ai bien compris c'est ce qui t'est arrivé ? Ça vaudrait peut être le coup de demander à un autre professionnel de santé ce qu'il pense de ton cas.
En règle générale je trouve qu'il ne faut pas hésiter à consulter différentes personnes quand on a l'impression d'être un peu "bloquée " dans un parcours médicale. Le gynéco de l'hôpital est très froid, et il m'a fait peur avec l'intervention quand il m'a dit qu'on allait essayer de l'éviter car je n'avais pas encore d'enfants et que je souhaitais en avoir. En gros j'avais l'impression que l'operation consistait à détruire définitivement mon utérus ! Et comme plus le temps passe, plus j'ai l'impression que c'est ce qui se profile pour moi, ça m'a mis dans tous mes états. J'ai pris rendez vous chez ma sage femme que je connais mieux et avec qui le courant passe bien, et elle m'a pas mal rassuré : bien sûr, comme toute intervention il y a des risques, mais ils sont contrôlés et surveillés. En l'occurrence ce n'est pas une opération au sens où il n'y a pas d'incision, c'est une aspiration, comme dans le cas d'un IVG. A priori, peu de risques pour l'utérus mais cela peut un peu "solliciter" le col, d'où le fait qu'on privilégie au maximum les solutions médicamenteuses ou l'attente. Il n'y a pas de raison qu'une aspiration rendre impossible ou repousse une éventuelle nouvelle grossesse.
Entendre cela m'a bien aidé, je me suis dit que si je devais en passer par là ce serait finalement une façon d'en "finir" avec cette période interminable de saignements, de douleurs et de fatigue, et non un échec ou une prise de risque insensée.
Pour terminer je suis plutôt d'accord avec tes considérations "symboliques" sur cette expérience de fausse couche à rallonge. Quelque part je me dis que cela me laisse le temps de bien comprendre ce qui s'est passé et de l'accepter. J'ai tendance à tout rationaliser et à prendre de la distance, donc quand j'ai appris que le coeur de l'embryon s'était arrêté, j'étais en mode "Ok, je sais que c'est fréquent, on passe à la suite". J'aurais préféré éviter toutes ces douleurs physiques et cette attente mais j'essaie de voir cela comme un temps de transition, pour bien digérer ce qui m'est arrivé. Je n'ai pas envie de parler de deuil dans mon cas car, même si on avait vu le coeur battre, pour moi ce n'était pas "encore" un bébé. Mais c'était quand même une "potentialité" de bébé et de tous les projets, espoirs et projections qui vont avec, et, aussi rationnel que l'on veuille rester, cela remue beaucoup d'émotions. Quelque part, traverser tout cela (les angoisses, les effets physiques, le sentiment d'impuissance) je trouve que c'est déjà faire une petite expérience de la parentalité. C'est le genre d'épreuve qui oblige au lâcher prise, à laisser du temps au temps... finalement, même si on ne souhaite à personne de vivre cela, je trouve que c'est une véritable expérience de "vie", jusque dans le rapport à la mort que cela entraîne forcément.
Je te souhaite un beau printemps, météorologique et symbolique !
