Euh je me sens pas très très bien après avoir lu autant de trucs nauséabonds
Je peux pas me sentir bien quand je lis autant de propos qui nient que ma recherche d'identité, et celle des copines, n'est pas "vraie" ou non-valable. J'ai pas choisi de ne pas savoir qui je suis, de ne même pas voir ma propre couleur de peau (avant d'être impliquée dans la lutte politique anti-raciste). Et toute ma vie, je vais chercher à savoir qui je suis parce que je ne rentre pas dans les cases. Et je n'ai pas à justifier à le faire (et pourtant, qu'est-ce que je fais là sinon de me justifier?) Donc oui ma vie a un sens identitaire, mais c'est parce qu'on me l'a enlevé en naissant non-blanche dans un système blanc, qui me perçoit non-blanche que quand je gêne. Sinon je suis censée cautionner les propos colorblind ou carrément racistes
Et puis, merci de dire aux copines voilées qu'elles sont des petites choses fragiles et bêtes. Merci de dire aux ami.e.s noir-arabes que les contrôles aléatoires à la douane ou par la police, c'est juste des hallucinations et pas des expériences vécues.
Sinon je vais me répéter mais je préciserai que le terme "race" est utilisé au sens sociologique, en tant que groupe perçu par la société. Quand on (militant.e, sociologue etc.) parle des blanc.he.s/noir.e.s/est-asiat'/arabes/métisses/..., c'est pour parler du comportement de groupe, des privilèges et oppressions subis
réels, pas parce que ça nous amuse de le faire. On sera les premier.e.s ravi.e.s d'arrêter d'utiliser ces termes! Parce que ça voudra dire qu'on vivra enfin dans ce bô monde idéal où la carnation de peau ne jouera aucun rôle dans la perception de nos personnalités. Or ce n'est pas le cas actuellement.
Et la réponse plus détaillée des filles du camp décolonial:
"Dans nos bouches à nous, militants de l’antiracisme politique, le concept de race ne renvoie pas du tout à une réalité biologique mais à une réalité sociale. Il ne s’agit pas de faire des classifications entre les ethnies mais de reconnaître que les mythes autour de la race, qui ont été produits par l’esclavage et la colonisation, ont eu des effets catastrophiques, destructeurs, dont on paie aujourd’hui encore le prix fort. Oui, il n’y a qu’une seule race, la race humaine, blabla mais là n’est pas la question. Comme l’a très bien résumé Colette Guillaumin :
« la race n’est certes pas ce qu’on dit qu’elle est, mais elle est néanmoins la plus tangible, réelle, brutale, des réalités. [2] » En d’autres termes, la science a beau avoir prouvé qu’il n’y avait pas de différence biologique fondamentale entre les différents groupes humains, les catégorisations raciales et les valeurs (positives et négatives) qui leur sont attribuées n’ont pas disparu. Loin de là. D’un côté, une racialisation positive qui s’accompagne de bénéfices et de positions sociales et économiques avantageuses à l’échelle systémique ; de l’autre, une racialisation négative qui se manifeste par les effets inverses.
Cela étant dit et les formes du racisme ayant évolué,
la couleur de peau est loin de constituer le seul marqueur de racialisation. À cela s’ajoute des marqueurs plus ou moins visibles tels que le patronyme ou des signes distinctifs, notamment d’appartenance à la religion musulmane, qui renvoient à une origine, une différence réelle ou supposée. Ainsi, on peut être arabe, avoir
“la peau blanche” et être impactée par le racisme d’État, de même qu’une blanche convertie à l’islam et ayant fait le choix de porter le voile sera renvoyée à une assignation raciale."
Je n'ai pas envie de participer au débat parce qu'il se base sur une méconnaissance totale des réalités vécues par les personnes racisées, et je laisse le soin aux autres motivé.e.s (
) prendre soin de ma bonne humeur. Je viens seulement rappeler que oui, les personnes racisées peuvent lire ce genre de choses, et qu'elles en ont vraiment pas besoin (c'est pas comme si tout le discours dominant le faisait déjà, c'est pas comme si l'actu nous disait plus que jamais de nous tenir solidaires). Je vais donc ignorer les propos, c'est vraiment pas tenable.