Insertion professionnelle : pour les jeunes, la crise est pire que jamais

[domiwyn]

@Moteur :Ton témoignage me touche beaucoup,ne lache pas l'affaire. Ca fait mal de penser a une reconversion quand on sait que rien ne nous plaira autant que ce qu'on fait actuellement. Mais avec deux casquettes,les portes s'ouvrent plus facilement.

 

[Tapioca]

@Kisig
Le hic c'est que entre ce qui embauche en fin de lycée et ce qui embauche une fois le diplôme obtenu il y a parfois des écarts... En allant en prépa les gens étaient plutôt optimistes pour les métiers scientifiques / de l'industrie. Même une fois en école d'ingé, les profs nous rabattaient à tout bout de champ que nos compétences étaient appréciées (aéronautique, composites, nanotechnologies et tout le tatouin) sauf qu'une fois qu'on regarde les offres on se rend compte que
- soit les secteurs recrutent en effet, mais des gens avec au moins 5 ans d'expérience (et moi je ris jaune)
- soit qu'il me manque des compétences clés et là je me sens trompée par mon école d'ingé qui ne s'est pas adaptées aux besoins des entreprises.

Par exemple, la mécanique recrute plus que la chimie des matériaux alors que ces deux domaines sont assez proches et qu'il ne me manquerait que la gestion d'un logiciel pour passer dans l'autre catégorie... Mais je pourrais encore parler longtemps de ça...

 

[lolamars]

Je vois qu'on est pas mal à être dans le même cas, je ne viendrai donc apporter qu'un témoignage supplémentaire...Mais celui-ci provient de Belgique, où la situation me paraît, finalement, assez semblable.

Je suis donc diplômée depuis juin 2012, un régendat en français/français langue étrangère (pour devenir prof quoi)...Pendant toutes mes études, on m'a répété un nombre incalculable de fois que moi et mes collègues avions bien fait de choisir ces études, car c'est un métier en pénurie...Il aura fallu que je sorte des études pour comprendre que malheureusement, ce n'est pas le cas du tout.
Pour un poste de 15 jours, nous sommes parfois 15 à postuler...J'ai donc cumulé, depuis ma sortie 8 mois de travail. Ce n'est pas faute de chercher, pourtant! Mais voilà, le métier de prof est en pénurie depuis quelques années maintenant, ce qui fait que beaucoup de jeunes se sont tournés vers ces études.


Ce qui me choque le plus, c'est la manière dont sont traités les chômeurs à l'heure actuelle...Combien de fois n'ai-je pas entendu "avec la crise, ça ne sert à rien de se borner à trouver le métier qui vous plaît!"...Désolée d'avoir choisi les études qui me plaisent, désolée de ne pas chercher en priorité une place pour un job qui ne me donnera pas envie de me lever le matin, désolée d'avoir cru qu'on avait le choix...

Je me pose de plus en plus de questions sur le modèle de société dans lequel on vit et sur sa gestion des chômeurs...

 

[Kisig]

Ouais, bah bac+5 dans un domaine soi-disant "porteur" ( la blague) à savoir l'agro-écologie, j'ai cherché activement pendant deux ans puis j'ai abandonné.

Mes potes ? L'une a fait un second master, plus "large", elle est toujours au chomage et s'investit dans une asso bénévolement. L'autre est serveur, avec un autre pote. L'une a monté un petit resto dans son pays d'origine, un couple de potes qui ne trouve pas de travail s'est lancé dans le woofing avec l'idée de monter leur propre ferme... Un autre, qui voulait faire une thèse, l'a finalement trouvée, mais après 1 an entier à faire des publis et des conférences "gratuitement".

Mes recherches d'emploi étaient grevées par le "manque d'expérience", ou bien par mon âge ("trop jeune").

Perso, ça m'a laissé un sacré goût amer. Et encore, je sais qu'avec le recul, j'ai suivi une filière passionnante mais surtout bouchée (évidemment, c'est pas ce que disait la plaquette hein).

Stop. C'est insupportable. Combien arrêtent leurs études pour vivre juste, se payer un loyer et à bouffer ? Certaines étudiantes en viennent à se prostituer, merde !

Ah là là, quand je pense que mon père n'a pas passé son bac, mais a pu être embauché pendant les "belles années", de guichetier il a fini secrétaire général d'une banque, eh, alors quoi, les études, c'est si important que ça ?!!

Tout ce que j'avais envie de dire, à la fin, dans mes lettres de motivation, c'était "LAISSEZ MOI UNE CHANCE, juste une...".

Dans la configuration actuelle, effectivement il faudrait penser à faire des études avec lesquelles on trouvera un job. Mais exercer un métier pour des raisons purement alimentaires, ce n'est pas non plus la solution. J'en connais trop autour de moi qui n'aiment pas leur métier et ça les ronge de l'intérieur !
S'agit de trouver le compromis !
Mais comme tu dis, tu as de la chance, tu aimes ton job !! Et c'est tout le mal que je te souhaite !

Pour l'orientation, je suis bien d'accord avec vous, les Madz!

Bac + 4 (+une MANAA). Un diplôme avec les félicitations du jury. Depuis septembre 2013, je suis sans emploi, avec de temps à autres des missions intérim hors contexte. PE qui ne peut rien pour moi.
Des profs me disant "Ne t'en fait pas, tu es bourrée de talents, ne désespères pas". Au cul le talent.
TROP de CV et LM envoyés pour RIEN.

Je trouve ça injuste de me poser déjà des questions de reconversion, alors que mon métier, ma formation est ma passion.

Pas d'expérience, pas d'boulot.
Juste convoquer la chance, une rencontre.

Putain je suis àbouuut. 

Oh mon dieu, de lire vos témoignages, c'est vraiment... horrible.
Je ne m'étais pas rendue compte que ça pouvait être aussi long et aussi dur.
Bon courage à vous, j'espère de tout coeur que vous trouverez un job qui vous plait très vite

 

[luvna]

Je ne comprends pas toujours les personnes qui font des études juste parce que ca leur plait, il faut aussi faire des études avec lesquelles on trouvera un job, non?

Non ! Je suis actuellement à l'université dans une filière choisie par moi-même. Choisie parce que j'aime les matières qui y sont enseignées, j'aime l'idée de m'instruire, d'apprendre, et découvrir pleins de choses.
Et aucunement une idée de travail/de débouchés m'a aidé/traversé pour choisir mes études, et donc cette filière. Faut dire aussi que je n'ai à la base pas d'idée de métier et je trouve que l'on nous fout bien trop de pression sur ça. On est jeunes, alors ouais y'a des gamins dès le collège qui savent ce qu'ils veulent faire, et il y a ceux comme moi que je ne savais pas, et veulent pour l'instant profiter de la vie. Et savent qu'un jour, par diverses expériences, c'est là qu'ils auront des idées, une approche plus précise sur la vie professionnelle.

C'est un peu comme au lycée quand on doit choisir ES, L ou S. J'ai choisi selon les "matières". Pas les débouchés. Pas parce que "Ah bah S je serais plus facilement acceptée en médecine, et c'est cool la médecine.. c'est un bon travail bien payé.. et puis les débouchés sont cools et larges". (j'ai pris cet exemple en caricaturant)


(j'suis un peu Peter Pan.. je ne veux pas grandir et travailler.. juste m'instruire encore et encore  voilà en tout cas pour ma vision !)
(pas citer)


Edit : et puis oui je trouve cela tellement dommage de faire telle étude car on a plus de chance de trouver un boulot avec celle-la que celle qui nous faisait envie. Que l'on voulait faire à la base. Je sais que c'est la crise mais bon, j'ai la peur bleue de finir dans un travail que je n'aime pas plus tard. Je veux un travail que j'ai choisi, voulu, et que j'aime. 

 

[Membre supprimé 146616]

Pour info, d'après mon expérience, même avec des diplômes c'est encore pire dès qu'on a un handicap quelconque. Les entreprises ne veulent que des candidats "parfaits"!

Un grand bravo aux entreprises qui osent donner leur chance à ceux qui ne rentrent pas dans le moule.

 

[Laboukineuze]

Ouais, bah bac+5 dans un domaine soi-disant "porteur" ( la blague) à savoir l'agro-écologie, j'ai cherché activement pendant deux ans puis j'ai abandonné.

Mes potes ? L'une a fait un second master, plus "large", elle est toujours au chomage et s'investit dans une asso bénévolement. L'autre est serveur, avec un autre pote. L'une a monté un petit resto dans son pays d'origine, un couple de potes qui ne trouve pas de travail s'est lancé dans le woofing avec l'idée de monter leur propre ferme... Un autre, qui voulait faire une thèse, l'a finalement trouvée, mais après 1 an entier à faire des publis et des conférences "gratuitement".

Mes recherches d'emploi étaient grevées par le "manque d'expérience", ou bien par mon âge ("trop jeune").

Perso, ça m'a laissé un sacré goût amer. Et encore, je sais qu'avec le recul, j'ai suivi une filière passionnante mais surtout bouchée (évidemment, c'est pas ce que disait la plaquette hein).

Stop. C'est insupportable. Combien arrêtent leurs études pour vivre juste, se payer un loyer et à bouffer ? Certaines étudiantes en viennent à se prostituer, merde !

Ah là là, quand je pense que mon père n'a pas passé son bac, mais a pu être embauché pendant les "belles années", de guichetier il a fini secrétaire général d'une banque, eh, alors quoi, les études, c'est si important que ça ?!!

Tout ce que j'avais envie de dire, à la fin, dans mes lettres de motivation, c'était "LAISSEZ MOI UNE CHANCE, juste une...".

Le problème est grave aussi dans les demandes d'embauche. Il faut toujours des diplômes + de l'expérience, à en voir les affiches sur les annonces d'intérim (sauf si tu veux faire téléconseiller ou manutentionnaire)
Ces prérequis éliminent automatiquement les jeunes, qui n'ont pas assez de vécu pour avoir fait les deux. Pas de diplôme? Pas pris. T'as passé ton diplôme? Pas d'expérience. T'as bossé? Trop jeune/trop vieux quand même.
Pourquoi les entreprises se basent uniquement sur ces critères? Ils ne veulent pas former, ils veulent tout, tout de suite. Le véritable prérequis, en fait c'est  opérationnel à générer du revenu immédiatement.

 

[Zumba38]

Aujourd'hui, faire des études longues augmente les choses de trouver un emploi mais ne garantit plus rien. Tous les bac +5 galèrent mais à des échelles différentes. Au lieu de s'insérer très rapidement sur le marché comme il y a dix ans auparavant, les diplômés des grandes écoles restent parfois pendant plusieurs mois ( 6 à 9 mois en moyenne ) sans emploi avant d'en décrocher un qui correspond à peu près à ce qu'ils recherchent. En revanche, les jolies grilles de salaires présentées par les écoles ne correspondent pas tout à la réalité ...

Les autres galèrent encore plus mais tout dépend encore des études effectuées. La situation est vraiment tendue pour les diplômés en sciences humaines, lettres, arts et langues mais ça fait déjà des années qu'il y a très peu de travail dans ces secteurs. Il faut prendre aussi en compte le facteur géographique : certains bassins sont plus attractifs que d'autres et nous retrouvons toujours en peloton de tête les régions Ile de France et Rhône Alpes. Comme d'habitude, le Languedoc-Roussillon ( un exemple parmi d'autres ) est à la traîne ...

Sans oublier le fameux paradoxe qui veut que les entreprises recherchent très souvent des profils expérimentés, mettant ainsi au banc de touche les jeunes diplômés. Bref, c'est compliqué ...