Ah mes pauvres amis…
Il y encore quelque chose à ajouter à cet article très instructif : le fossé (la structure en creux ^^) qui existe entre archéologie universitaire (ou programmée) et l’archéologie préventive (je parle notamment des moyens et des conditions de travail).
En effet, je suis responsable d’opération à l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), en cdd, c'est-à-dire que je dirige des fouilles et des diagnostics. Le diagnostic est une phase d’évaluation du potentiel archéologique d’une parcelle, qui consiste à faire des tranchées sur environ 10 % de celle-ci et voir s’il y a des vestiges ou non ; si ces derniers sont suffisamment denses, une fouille préventive peut-être prescrite (décidée) par le Service Régional d’Archéologie mais ce n’est en aucun cas une obligation.
Ainsi, je peux vous dire qu’il est difficile de garder le moral et la passion lorsque les contraintes politiques et économiques rentrent en jeu, limitant le nombre de prescriptions par le Service Régional d’Archéologie et par conséquent le nombre d’opération de fouilles. L’archéologie préventive est en effet tributaire des aménagements (lotissements, ZAC, autoroutes, carrières, etc.), eux même tributaires de la volonté politique d’une commune, d’un département, d’une région, d’un état ou encore d’un aménageur privé.
Cela se résume comme suit (à la base) :
Peu d’aménagements prévus dans l’année = peu de prescriptions de diagnostics = peu de prescription de fouille.
Toutefois, avec les politiques actuelles, la réalité économique rattrape la législation en vigueur, et par conséquent, l’archéologie a tendance à passer à la trappe.
Quid alors de la recherche, quand on vous fait comprendre que vous n’aurez ni le temps, ni le budget nécessaire pour répondre aux problématiques scientifiques ? Quand on vous envoie sur une opération dans une autre région, en vous fournissant le dossier deux jours avant, et que vous êtes censés évaluer au mieux le potentiel archéologique d’un site ? (encore mieux : le comprendre !?) Et que vous avez cinq jours pour rédiger le rapport ?
Oui, le tableau est noir mais malheureusement, actuellement, c’est comme cela que cela fonctionne. J’aime mon métier, mais je suis triste de voir l’évolution de ce dernier et les contraintes qu’il subit. Et malheureusement, je pense qu’on ne prévient pas assez les étudiants de tous ces soucis au sortir des études, des problèmes actuels de débouchés : l’INRAP n’embauche pas actuellement de CDD puisqu’un plan de recrutement de CDI est en place depuis l’année dernière ; une fois ce dernier terminé, le nombre de CDD aura été réduit drastiquement – vous imaginez comme j’en suis ravie – et il y aura peu de chance de rentrer à nouveau dans la structure pour les quatre prochaines années. Les boites privées s’effondrent quant à elle les unes après les autres. Les collectivités territoriales sont tributaires du budget que l’état leur alloue. Enfin, il est très difficile de rentrer au CNRS (quand celui-ci embauche).
Loin de moi l’idée de décourager tout le monde, et je suis au contraire heureuse de voir que malgré tout, nombre de gens continuent de s’intéresser à l’archéologie. Je dis juste que si l’on veut pouvoir exercer notre métier comme on l’entend, il faudra avoir un moral d’acier et s’accrocher .
Alors à tous les futur(e)s archéologues, courage ! (et à tout les thésards, et à toi Pikwik, je croise les doigts pour une fin d’étude en beauté !)
Et sur ce long discours, je vais aller terminer mon rapport… ^^’
ps : désolée pour tout les termes techniques, en espérant que tout cela n'ait pas tourné en véritable charabia !
Il y encore quelque chose à ajouter à cet article très instructif : le fossé (la structure en creux ^^) qui existe entre archéologie universitaire (ou programmée) et l’archéologie préventive (je parle notamment des moyens et des conditions de travail).
En effet, je suis responsable d’opération à l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), en cdd, c'est-à-dire que je dirige des fouilles et des diagnostics. Le diagnostic est une phase d’évaluation du potentiel archéologique d’une parcelle, qui consiste à faire des tranchées sur environ 10 % de celle-ci et voir s’il y a des vestiges ou non ; si ces derniers sont suffisamment denses, une fouille préventive peut-être prescrite (décidée) par le Service Régional d’Archéologie mais ce n’est en aucun cas une obligation.
Ainsi, je peux vous dire qu’il est difficile de garder le moral et la passion lorsque les contraintes politiques et économiques rentrent en jeu, limitant le nombre de prescriptions par le Service Régional d’Archéologie et par conséquent le nombre d’opération de fouilles. L’archéologie préventive est en effet tributaire des aménagements (lotissements, ZAC, autoroutes, carrières, etc.), eux même tributaires de la volonté politique d’une commune, d’un département, d’une région, d’un état ou encore d’un aménageur privé.
Cela se résume comme suit (à la base) :
Peu d’aménagements prévus dans l’année = peu de prescriptions de diagnostics = peu de prescription de fouille.
Toutefois, avec les politiques actuelles, la réalité économique rattrape la législation en vigueur, et par conséquent, l’archéologie a tendance à passer à la trappe.
Quid alors de la recherche, quand on vous fait comprendre que vous n’aurez ni le temps, ni le budget nécessaire pour répondre aux problématiques scientifiques ? Quand on vous envoie sur une opération dans une autre région, en vous fournissant le dossier deux jours avant, et que vous êtes censés évaluer au mieux le potentiel archéologique d’un site ? (encore mieux : le comprendre !?) Et que vous avez cinq jours pour rédiger le rapport ?
Oui, le tableau est noir mais malheureusement, actuellement, c’est comme cela que cela fonctionne. J’aime mon métier, mais je suis triste de voir l’évolution de ce dernier et les contraintes qu’il subit. Et malheureusement, je pense qu’on ne prévient pas assez les étudiants de tous ces soucis au sortir des études, des problèmes actuels de débouchés : l’INRAP n’embauche pas actuellement de CDD puisqu’un plan de recrutement de CDI est en place depuis l’année dernière ; une fois ce dernier terminé, le nombre de CDD aura été réduit drastiquement – vous imaginez comme j’en suis ravie – et il y aura peu de chance de rentrer à nouveau dans la structure pour les quatre prochaines années. Les boites privées s’effondrent quant à elle les unes après les autres. Les collectivités territoriales sont tributaires du budget que l’état leur alloue. Enfin, il est très difficile de rentrer au CNRS (quand celui-ci embauche).
Loin de moi l’idée de décourager tout le monde, et je suis au contraire heureuse de voir que malgré tout, nombre de gens continuent de s’intéresser à l’archéologie. Je dis juste que si l’on veut pouvoir exercer notre métier comme on l’entend, il faudra avoir un moral d’acier et s’accrocher .
Alors à tous les futur(e)s archéologues, courage ! (et à tout les thésards, et à toi Pikwik, je croise les doigts pour une fin d’étude en beauté !)
Et sur ce long discours, je vais aller terminer mon rapport… ^^’
ps : désolée pour tout les termes techniques, en espérant que tout cela n'ait pas tourné en véritable charabia !
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