Ah, ben tiens. Justement, on parlait non-désir d'enfants avec une copine récemment.
Comme l'auteure de la lettre, j'ai 32 ans, et je ne veux pas d'enfants. Ou du moins, je n'en veux pas que j'aurais enfantés moi-même.
Pourquoi ? bon, déjà, l'instinct maternel, c'est pas quelque chose qui me parle, et à mon âge, a priori c'est pas maintenant que ça va me prendre. Ensuite, il y a beaucoup d'orphelin(e)s partout dans le monde qui ont besoin d'une famille. Idéologiquement, ça me paraît plus juste d'offrir sa chance à un gosse qui est déjà né et qui est mal parti dans la vie.
Après, mon traitement pour la SEP m'interdit de tomber enceinte tant que j'y serai soumise. Or, décider d'avoir un mouflet, ça impliquerait d'arrêter le traitement, avec un risque qu'à la reprise, il ne fonctionne plus, ou moins bien, ou que je fasse une réaction de rejet. Ensuite ce traitement a des effets secondaires potentiellement mortels, on revient à l'idée qu'il y a déjà suffisamment d'orphelins dans monde comme ça. Accessoirement, si le traitement ne fonctionne plus, je ne serai plus en mesure de m'occuper du dit gamin (ou beaucoup moins bien, passer 50% de son temps à l'hosto j'ai connu, on peut pas dire que ce soit l'idéal).
Au début c'est sûr, ça m'a pas fait plaisir, parce que ça me fermait une porte, pour reprendre l'expression de l'article. Sauf qu'au fil des années, je me suis aperçue que cette porte, j'avais pas spécialement envie de l'ouvrir.
Cette lettre me touche parce que, sans aller jusqu'à la stérilisation définitive, je n'ai pas encore trouvé le ou la gynéco qui soit capable de comprendre que je ne veux pas me reproduire.
J'ai voulu un stérilet, on m'a dit que comme j'étais nullipare, c'était une mauvaise idée et le seul qui a accepté de considérer l'idée a fini par refuser en argumentant que mon col était trop serré (j'ai dû subir trois avortements - j'y reviendrai - j'aimerais qu'on m'explique comment je peux être trop serrée, hein).
Je prends la pilule en continu pour éviter d'avoir mes règles parce que mêmes les règles artificielles sous pilule sont extrêmement douloureuses pour moi (et que je vois pas l'intérêt de faire semblant d'avoir un corps capable d'enfanter alors que c'est juste un simulacre dû à des hormones de synthèse...perso ça me fait pas sentir plus femme si je les ai ou pas)...et je me fais engueuler parce que je prends "mal" mes comprimés. N'importe quel médecin honnête dira que les règles sous pilule ne servent à rien, mais pourquoi me donner le contrôle sur mon propre corps, hein...
Résultat, je suis tombée enceinte. Trois fois, dont une sous préservatif (non percé, date de péremption non dépassée), une après déchirement du préservatif et prise de la pilule du lendemain dans l'heure qui a suivi l'accident, et une troisième sous patch contraceptif. Et comme je ne peux pas être enceinte sous traitement, j'ai dû avorter. Avec ce que ça comporte comme culpabilisation de la part des médecins, et comme douleur sur le corps. Super, quoi.
Si j'avais pu choisir mon mode de contraception en fonction de ce que moi, je voulais, je ne sais pas si je serais passée par tout ça.
Finalement, plus que le droit à la stérilisation ou le droit de ne pas vouloir d'enfants, le fond du problème réside bien dans le droit à disposer de son corps, et c'est un sujet bien plus vaste, ce que l'auteure de la lettre a très bien résumé dans sa conclusion.