Bonjour 
Suite à l'article à propos de la vidéo de Solange Te Parle sur les injonctions à la "féminité" (c'est à dire les caractéristiques et comportements catalogués comme "appartenant au sexe féminin" -ici dans le contexte occidental-), j'ai trouvé que c'était une occasion en or de discuter de notre libre arbitre dans l'acceptation ou le rejet de la féminité qu'on nous impose.
Mon propos était résumé dans ce commentaire :
Grâce à la psychologie sociale, on sait qu'il est assez illusoire de penser que nos choix vis-à-vis de ces injonctions sont de véritables choix libres. Il est bien dur de faire la part des choses. Est-ce qu'en vivant longtemps dans un pays avec d'autres normes nos goûts finissent par changer ? Est-ce que les femmes feraient toutes ces choses si elles étaient des hommes ? Le fait que ces choix de s'épiler/maquiller/talons sont fait en écrasante majorité par des femmes et non par des hommes est assez révélateur de l'influence de ces injonctions sur nos choix.
Ici, un article qui en parle bien : "Je le fais pour moi même".
Pour donner une illustration, en Occident il y a eu des injonctions à s'arracher les cheveux du haut du crâne pour avoir un front plus grand, et pourtant plus personne ne le fait aujourd'hui : parce que ce n'est plus une injonction actuelle. Alors qu'à l'époque, peut-être qu'on disait aussi "je le fais parce que je trouve ça joli, c'est un vrai choix". Notre définition du beau est bien un apprentissage qui change selon les cultures et les époques. "C'est joli" -dans le contexte des normes sociales- n'est pas un choix, c'est quelque chose d'appris et intégré, et partagé par la majorité. C'est une préférence qui change avec les modes, qui change si on déménage dans un endroit avec d'autres normes.
On devrait aussi évidement parler des injonctions qui sont particulières à certains groupes de femmes, et aux différentes injonctions selon le pays.
Ainsi, je pense qu'il serait intéressant de ce pencher sur ces questions. Si l'objectif du féminisme actuel est bien la liberté de choix (donc mon propos n'est pas d'empêcher les gens de se maquiller hein), je pense que le féminisme à tout intérêt à accepter d'admettre que ces choix sont influencés, à réfléchir au libre arbitre, au déterminisme, aux façons d'y échapper si c'est possible, à la blessure que ça engendre d'accepter que nos préférences ne sont pas totalement libres, et aussi à se poser des questions plus ardues :
- Pourquoi avoir la pilosité d'un enfant est valorisé pour les corps féminins ? Pourquoi avoir une démarche modifiée et moins stable est valorisé ?
- Faut-il lutter contre ces dictats, ou faut-il les transformer en réels choix (tout comme on a un choix réel d'acheter un pull gris ou un pull marron sans pression sociale) accessibles peu importe le sexe, et tout le monde pourrait faire ce qu'il ou elle veut en dehors de toute injonction genrée ? Comment ? Par ex, comment faire accepter les poils si la majorité préfère choisir le glabre ?
- Beaucoup de femmes trans ont besoin de s'approprier ces injonctions pour que la société les "acceptent", pourquoi est-ce qu'on ne ferait pas en sorte qu'elles n'en ai plus besoin, qu'elles puissent êtres comme elles veulent et être acceptées sans conditions ?
- Doit-on mettre tous ces choix dans le même panier ? Se mettre de la couleur sur le visage, est-ce bien pareil que de se retirer une partie de son corps (les poils) ou que de se créer des malformation à long-terme (talons) ? Est-ce que ces choix qui font du mal ne seraient pas à mettre sur le même point que le choix de fumer, qui lui aussi à un impact physique ?
- Comment gérer ça avec ses enfants/ados ? ...
Et puis tant qu'à faire, on pourrait aussi réfléchir à touuuutes ces autres normes qu'on a intégrées comme la pudeur ou le port de chaussures
Parlons-en
(Je le redis au cas-où : le but n'est pas de juger les personnes qui vont dans le sens des injonctions sociales (on le fait toutes à différents degrés). Le but est d'essayer de comprendre le pourquoi du comment de tout ça, de se poser des questions théoriques, et d'essayer de trouver des solutions à toutes les problématiques que ça soulève
)

Suite à l'article à propos de la vidéo de Solange Te Parle sur les injonctions à la "féminité" (c'est à dire les caractéristiques et comportements catalogués comme "appartenant au sexe féminin" -ici dans le contexte occidental-), j'ai trouvé que c'était une occasion en or de discuter de notre libre arbitre dans l'acceptation ou le rejet de la féminité qu'on nous impose.
Mon propos était résumé dans ce commentaire :
Pourquoi on se concentre autant sur la forme et pas ce que ça évoque ?
Certaines disent qu'elles font ça pour "elles". Pourtant, on est bien d'accord que les talons, le maquillage, l'épilation... ce sont des choses qu'on nous apprend, on y aurait jamais pensé si on avait vu personne le faire : ce n'est pas naturel de retirer juste la pilosité qu'on nous dit de retirer (on ne s'arrache pas les cils ou les cheveux), ni de se provoquer des malformations à force de marcher sur la pointe des pieds, ni de se mettre des substances colorées dans les yeux. Ça vaut le coup d'y réfléchir, non ?
"Je trouve que ça me rend jolie", très bien, mais pourquoi tu trouve que ça te rend jolie ?
Pourquoi on refuse de réfléchir à cette question ? La beauté, les normes, ça s'apprend. On nous a apprit que c'était esthétique, que c'était comme ça qu'on devait se sentir jolies, c'est pas sorti de nul part. Un homme s'en fiche de sortir sans maquillage, il se suffit à lui même, il ressent pas le besoin de "se faire beau" en modifiant autant son corps.
"Se faire belle", ça ne veut pas déjà tout dire ? Si on doit se "faire belle", c'est bien qu'on nous apprend que c'est ça être jolie, qu'on ne l'est pas naturellement. On n'a pas décidé de trouver le maquillage joli, on a pas décidé de mettre des talons, on a pas décider de s'arracher les poils. On aurait décidé de notre plein gré de dépenser des sommes d'argent, de temps, et de douleur, juste, comme ça ? Sans influence des injonctions, des parents, des camarades, des réflexions de l'adolescence, des pubs, des médias...? On est des super-humains qui résistent à toutes ces influences et nous on a fait un choix totalement libre ? On est au dessus de ça, nous ?
Si c'était un choix libre et non déterminé, si c'était un choix déconnecté de ces influences, il y aurait autant d'hommes que de femmes qui feraient tout ça.
Ça ne veut pas dire qu'il faut arrêter de faire ce qu'il nous plait (quoi que je suis d'avis qu'essayer de vivre sans tout ça, juste pour voir, peut-être bénéfique), mais qu'il faut réfléchir à pourquoi ça nous plait
(C'est sur, ça fait un peu mal à l'égo. Mais c'est normal tout ça : l'humain est un animal grégaire, il obéit à des normes et des règles. Les personnes qui obéissent à ces règles ne sont pas faibles, on a pas à se sentir coupable de réaliser que "je me trouve jolie comme ça parce qu'on m'a apprit à me trouver jolie comme ça". Au contraire, c'est être capable d'une grande honnêteté envers soi-même !
Personnellement, j'ai arrêté de m'épiler parce que je trouve ça absurde. Et pourtant, il m'arrive encore de me trouver laide, et je sais très bien que c'est mon apprentissage qui parle. Désapprendre, c'est long, mais c'est normal. Savoir d'où viennent ces sentiments et ces opinions me paraît important)
Grâce à la psychologie sociale, on sait qu'il est assez illusoire de penser que nos choix vis-à-vis de ces injonctions sont de véritables choix libres. Il est bien dur de faire la part des choses. Est-ce qu'en vivant longtemps dans un pays avec d'autres normes nos goûts finissent par changer ? Est-ce que les femmes feraient toutes ces choses si elles étaient des hommes ? Le fait que ces choix de s'épiler/maquiller/talons sont fait en écrasante majorité par des femmes et non par des hommes est assez révélateur de l'influence de ces injonctions sur nos choix.
Ici, un article qui en parle bien : "Je le fais pour moi même".
Pour donner une illustration, en Occident il y a eu des injonctions à s'arracher les cheveux du haut du crâne pour avoir un front plus grand, et pourtant plus personne ne le fait aujourd'hui : parce que ce n'est plus une injonction actuelle. Alors qu'à l'époque, peut-être qu'on disait aussi "je le fais parce que je trouve ça joli, c'est un vrai choix". Notre définition du beau est bien un apprentissage qui change selon les cultures et les époques. "C'est joli" -dans le contexte des normes sociales- n'est pas un choix, c'est quelque chose d'appris et intégré, et partagé par la majorité. C'est une préférence qui change avec les modes, qui change si on déménage dans un endroit avec d'autres normes.
On devrait aussi évidement parler des injonctions qui sont particulières à certains groupes de femmes, et aux différentes injonctions selon le pays.
Ainsi, je pense qu'il serait intéressant de ce pencher sur ces questions. Si l'objectif du féminisme actuel est bien la liberté de choix (donc mon propos n'est pas d'empêcher les gens de se maquiller hein), je pense que le féminisme à tout intérêt à accepter d'admettre que ces choix sont influencés, à réfléchir au libre arbitre, au déterminisme, aux façons d'y échapper si c'est possible, à la blessure que ça engendre d'accepter que nos préférences ne sont pas totalement libres, et aussi à se poser des questions plus ardues :
- Pourquoi avoir la pilosité d'un enfant est valorisé pour les corps féminins ? Pourquoi avoir une démarche modifiée et moins stable est valorisé ?
- Faut-il lutter contre ces dictats, ou faut-il les transformer en réels choix (tout comme on a un choix réel d'acheter un pull gris ou un pull marron sans pression sociale) accessibles peu importe le sexe, et tout le monde pourrait faire ce qu'il ou elle veut en dehors de toute injonction genrée ? Comment ? Par ex, comment faire accepter les poils si la majorité préfère choisir le glabre ?
- Beaucoup de femmes trans ont besoin de s'approprier ces injonctions pour que la société les "acceptent", pourquoi est-ce qu'on ne ferait pas en sorte qu'elles n'en ai plus besoin, qu'elles puissent êtres comme elles veulent et être acceptées sans conditions ?
- Doit-on mettre tous ces choix dans le même panier ? Se mettre de la couleur sur le visage, est-ce bien pareil que de se retirer une partie de son corps (les poils) ou que de se créer des malformation à long-terme (talons) ? Est-ce que ces choix qui font du mal ne seraient pas à mettre sur le même point que le choix de fumer, qui lui aussi à un impact physique ?
- Comment gérer ça avec ses enfants/ados ? ...
Et puis tant qu'à faire, on pourrait aussi réfléchir à touuuutes ces autres normes qu'on a intégrées comme la pudeur ou le port de chaussures

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(Je le redis au cas-où : le but n'est pas de juger les personnes qui vont dans le sens des injonctions sociales (on le fait toutes à différents degrés). Le but est d'essayer de comprendre le pourquoi du comment de tout ça, de se poser des questions théoriques, et d'essayer de trouver des solutions à toutes les problématiques que ça soulève

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