La grève des infirmières (et autres soignants) expliquée et vue de l’intérieur

[Charlot'te aux fraises]

Je suis étudiante infirmière en 2° année. En études nous apprenons a ne jamais être absent. Pour preuve...

Mon papa est décédé ce 16 octobre, j'ai posé un arrêt d'une semaine me disant que si jamais ça n'allait pas je pourrais peut-être prolongé. J'ai prévenu mon IFSI et mon lieu de stage. On m'a gentiment répondu que je devais rattraper mes heures pour que mon stage soit validé. Étant donné que le service où je suis travaille en 12h, j'ai fait 5 jours de 12h en 7 jours. Et tout ça deux jours après avoir enterré mon papa.
En allant déposé mon certificat la secrétaire m'a dit que cela pourrait me pénaliser a la fin de ma formation ''un arrêt étant si vite arrivé''.
En relisant ma bible bleue (toutes les lois regissants la formation) il est préciser que au-delà de 10% d'absence en stage a la fin de mes 3 ans nous devons faire un stage de rattrapage...

Même a l'école nous devons faire primer notre présence sur notre bien-être.....

 

[Titpuce]

Merci pour cet article ! Je suis aide soignante de la fonction publique en disponibilité. Quand j'ai déménagé, je n'ai pas trouvé de poste (nord Aveyron), personne ne veut d'une aide soignante titulaire car ça coûte plus cher qu'une contractuelle qu'on ne passera jamais en CDI. Et dans les structures privées proches de chez moi, personne ne veut d'une aide soignante diplômée car ça coûte plus cher qu'une personne sans diplôme qui fait fonction aide soignante ...

Du coup, j'ai repris le chemin de l'école pour être infirmière (avec un peu de chance je trouverai un boulot une fois le diplôme obtenu sait-on jamais). Actuellement en 1ère année, j'ai bien vu les difficultés en service lors de mon premier stage. Du personnel qui court partout, qui n'a pas le temps de prendre soin de la personne dans sa globalité (pas le temps de s'attarder sur le côté relationnel qui pourtant est TRÈS important), voir que le personnel manquant (que ce soit arrêt maladie ou départ en retraite) n'est pas remplacé, le salaire qui n'est pas à la hauteur, les congés impossibles à prendre ou annulés à la dernière minute parce qu'il faut remplacer, le manque de reconnaissance de la part de certains patients, de la part des médecins, de la part des directions, de la part du gouvernement ...

Même l'encadrement des étudiants comme moi prend une claque. Une infirmière s'est même excusée de ne pas pouvoir m'encadrer correctement alors que franchement dans ce service où j'étais ces 5 dernières semaines je me suis sentie bien encadrée (bon en même temps ancienne aide soignante j'avais plus de facilités que quelqu'un qui sort du lycée) mais pour elle ce n'était quand même pas suffisant, elle m'a dit que si elle avait plus de temps, elle pourrait encore mieux faire. Mais est-ce que dans mes prochains stages le personnel aura le temps de m'encadrer correctement ? Est-ce que moi même une fois diplômée j'aurai du temps à consacrer aux étudiants ?

Le système de santé va mal, il serait temps que le gouvernement face quelque chose parce dans un futur très proche la prise en charge des patients sera encore plus mauvaise qu'elle ne l'est actuellement...

 

[Ashraa]

5 jours en 12h tu dépasses le nombre d'heures travaillé autorisé par la lois en plus.... 48 heures par semaine (ou, pour des circonstances exceptionnelles et sous réserve d’accord de l’inspection du travail, jusqu’à 60 heures maximum).

 

[bibouille22]

@Titpuce j'ai le même soucis en fait. Je suis infirmière titulaire de la fonction publique en dispo pour donc rejoindre mon conjoint. Ça fait plus de deux ans que jattend une mutation. Je n'ai même pas eu d'entretien , ils nembauchent qu'en CDD donc je ne suis pas concerné........ J'en ai marre

 

[Ashraa]

Je sais .... et ça m’exaspère.

 

[Titpuce]

@Titpuce j'ai le même soucis en fait. Je suis infirmière titulaire de la fonction publique en dispo pour donc rejoindre mon conjoint. Ça fait plus de deux ans que jattend une mutation. Je n'ai même pas eu d'entretien , ils nembauchent qu'en CDD donc je ne suis pas concerné........ J'en ai marre

Ça rend dingue ça quand même ! Quand j'ai commencé aide soignante il y a 6 ans, j'ai eu beaucoup de chance dans l'établissement psy où je bossais. Je n'ai fait que 3 mois en contractuelle et j'ai été stagérisée pendant 1 an et titularisée (et honnêtement, si j'étais restée à Metz, je ne pense pas que je me serai remise dans les études, j'aurai gardé ma place en CDI !). Mais c'était il y a 6 ans quoi. Maintenant, tout le monde me dit qu'on ne se fait plus titulariser dans la fonction publique ! Du coup, si on veut contracter un prêt pour acheter une maison ou une voiture, bah c'est la merde parce qu'on est en CDD ! C'est aberrant de voir ça... Du coup, une fois le diplôme en poche je pense m'orienter dans du privé peut être que ça sera plus simple (et encore c'est pas dit ça non plus ...)

Et près de chez toi, y'a de de poste en CDI dans le privé ? Après c'est compliqué de partir de la fonction publique car une fois parti de là on ne peut pas y revenir.

 

[bibouille22]

@Titpuce j'avais aussi été titularisé au bout d'un an dans le nord. C'était ya deux ans. Ya des régions où ça embauche encore mais pas partout... Je cherche aussi dans le privé, ca fait un an que je fais des vacations dans la même clinique et j'ai même pas droit a un CDD... La j'ai eu un arrêt a cause dune fracture, je n'ai pu de nouvelles de leur part... Et en cette période je ne trouve rien... C'est déprimant

 

[Ashraa]

J'ai un poste dans le privé : un CDI après 18mois de contrat au mois par mois., c'est payé 300e net de moins que le public, mais je le garde précieusement parce que c'est un CDI et que par chez mois y'a plus du tout de CDI. TOUS les jours on reçoit des appels pour nous demander si on recrute, et quand y'a des intérimaires qui viennent faire des rempla maladies ou conges : ils cherchent du taf depuis des mois...et n'ont pas un smig en acceptant toutes les missions possibles.

 

[Pinceau_]

Et comme eux ne vont pas se faire soigner dans les structures de soin qu'ils mettent à mal, ils n'auront jamais conscience qu'ils foutent la m***e encore plus à chaque nouvelle décision.

Non non je crois qu'ils ont conscience, mais qu'ils s'en foutent, tout simplement. Je n'ai jamais eu aucun problème pour me soigner (tant que je bénéficiais de la Sécu), et quasi toujours eu affaire à du personnel cool. Ça m'empêche pas de comprendre ceux (nombreux) qui n'ont pas eu cette chance...
Non ça n'arrivera jamais tant que les gens continueront à vivre dans l'illusion que le système leur apporte de la sécurité et de la liberté.

@Gringo Tu voudrais qu'on favorise le secteur public au détriment du privé ? Non mais ça va pas !

 

[mélishnek]

Je suis ancienne aide-soignante, aujourd'hui étudiante en soins infirmier 2é année. Il est clair que la situation est grave et peut encore s'aggraver.

Durant ma dernière année de travail, j'était en poste dans une maison de retraite géré par le CCAS (la mairie), dc de bons salaires et de bonne conditions de travail (c'est à dire personnel suffisant et matériel en quantité).
Puis, début 2015 l'état décide de rédiure le budget des mairies, du coup l'adjointe du maire vient nous voir et nous explique calmement que nous devons réduires nos dépense par 2, qu'il ne ferons plus appel aux intérim (en clair, qu'il va falloir revenir sur nos congés), qu'il va falloir faire des économies. Nous lui avons dit cash : "si vous faites ça vous allez vous retrouver avec des arrêts maladie, tout le monde sera épuisé et vous serez OBLIGEs de faire appel à des intérimaires, donc ça vous coutera plus cher."
Elle ne nous a pas écouté, j'ai passé tout l'été à bosser avec des intérimaires (car 5 arrêts maladie longue durée). C'est un mauvais calcul de faire des économies sur les gens.
Sans compter qu'au bout d'un moment nous étions contrains d'acheter serviettes et gel douche car on en avait plus (et les familles trouvent qu'elles payent déja assez cher).

 

[ChansonMuette]

C'est vraiment un des trucs qui me révolte le plus je crois. Les conditions dans lesquelles les infirmiers, le personnel médical et paramédical sont obligés de bosser.
Conditions difficiles, grosses responsabilités, grosse implication émotionnelle parce que quand t'es soignant obligé tu pense à tes patients le soir, tu peux pas les mettre au placard comme c'est possible pour certains métiers, la déconnexion elle ne se fait jamais vraiment. C'est hyper prenant de travailler avec l'humain et des fois il peut sans doute y avoir de bons moments ( les mots gentils d'un patient, quelqu'un qui va vers la guérison ) comme des moments horribles. ( J'avais rencontré une ergo qui bossait avec un ado de 16 ans qui allait mourir dans les 6 mois. Et même si c'est pas ton gosse, tu le vois toutes les semaines, comment tu fais pour surmonter ça ? Et les autres ? ). La pénibilité, elle est énorme.
Et avec ça tu pourrais t'attendre à un salaire mirobolant ( au grand minimum décent ) ( après tout, t'es parfois bac+5, comme tes anciens camarades qui travaillent maintenant dans la com, dans le management et se font des couilles en or ) mais non, t'es payé une misère. Et quand tu te renseigne sur le salaire de ces professions, t'as toujours cette justification de " oui mais y'a un salaire en plus, c'est le salaire d'amour et de gratitude ". Depuis quand ça se mange, la gratitude ? Depuis quand ça paye des vacances, ça te permet de faire plaisir à ta famille, à tes enfants ? C'est joli la gratitude, mais les managers qui sont payés en dizaine de milliers d'euros parce qu'ils ont à gérer 60 personnes et que " c'est stressant les pauvres ", bah je pense qu'ils feraient bien la gueule si on décidait de les payer en " gratitude ".
J'aurais adoré bosser dans le para, vraiment. Et je sais que si ça avait été mieux payé, que si la profession avait été reconnue par la sécu, bah actuellement mes études ce serait ça. Mais avoir la perspective de gagner le smic pendant quasiment toute ta carrière quand tu sais qu'à côté un bac+3 ou +5 dans un autre secteur te permettra de commencer à une somme que t'atteindra jamais même en des années de bons et loyaux services, tout en sachant qu'on te répète depuis des années que quand toi t'arrivera à l'âge de la retraite la sécu aura probablement explosé et que t'as des chances de ne pas en avoir de retraite, ça fait pas rêver. Je crois que je ne suis pas encore assez Mère Teresa pour passer ma vie à soigner des gens et finir la mienne sous les ponts.

Bref, tout ça pour dire que les infirmières et le personnel soignant que j'ai eu l'occasion de croiser ont été admirables, celles qui se sont occupées de ma grand-mère ont été pour la plupart formidables et c'est pour moi les métiers qui méritent le plus de respect au monde . Même si l'Etat fait semblant de ne pas s'en rendre compte, sans les soignants, on serait bien dans la merde et vous avez bien raison de revendiquer pour vos droits.