Vous utilisez un navigateur obsolète. Il se peut que ce site ou d'autres sites Web ne s'affichent pas correctement. Vous devriez le mettre à jour ou utiliser un navigateur alternatif.
J'ai vu son spectacle "je parle toute seule", cela faisait un paquet d'année que je n'avais pas pris autant de plaisir a regarder une prestation comique sur scène. Qui plus est venant d'une femme.
@Madthilde j'imagine que l'insulte s'adresse à moi. On peut mentionner aussi, c'est pas interdit. Par ailleurs un sarcasme est d'après Wikipedia une raillerie tournant en dérision une personne ou une situation, donc ce que tu dis va presque dans mon sens.
L'ironie, le sarcasme et la satire n'annulent pas un discours, et en l'occurence qu'il y a quelque-chose de cocasse à ce qu'un "rebeu du 93" (l'expression elle-même mérite d'être relevée) arrive à Sciences-Po. Qu'il y a quelque chose de l'ordre de l'illégitimité, dans le fait qu'un banlieusard arrive dans un établissement prestigieux, et dans le même temps, qu'il y a une légitimité à douter de son mérite. On ne rigole pas de ce qui paraît évident : "le ciel est bleu". On rigole parce qu'il y a un décalage, et ici le décalage est par rapport à ce qui serait un discours acceptable, convenable. Blanche Gardin joue avec cette blague dans le même registre que les "pas-racistes" nous racontent des blagues racistes "pour dénoncer le racisme". On dit une énormité avec moults clin d'oeils, pour faire comprendre qu'on le pense pas, mais en attendant le propos est bien tenu, les sous-entendus et les sous-textes sont établis.
Blanche Gardin précède cette blague d'une autre du même registre, qui est qu'elle se sentirait illégitime à recevoir ce prix suite au mouvement MeToo, comme si on l'avait choisi uniquement parce qu'elle était une femme. Mais avant cette blague, elle a introduit le contexte, elle a préparé un terrain. Dans le cas de la "blague" sur Sciences-Po, il n'y a pas d'explication. La situation est convoquée par une simple comparaison, un parallèle, sans qu'on comprenne vraiment quel serait l'homologue du mouvement MeToo dans cette situation. Les éléments qu'il nous reste sont donc : un homme arabe vivant en Seine-St-Denis (et derrière le stéréotype du banlieusard), un lieu prestigieux, et une illégitimité. Ce n'est donc de mon point de vue pas tant une blague qu'un effet trash, dire un truc crade pour choquer, un emprunt à la culture raciste et classiste de ce pays.
Donc pour répondre sur le même ton "sinon, on peut aussi brancher son cerveau et analyser une blague plutôt que d'utiliser 'sarcasme' comme s'il s'agissait d'une formule magique".
@Kaus Australis "elle ne dit pas non plus que tous les rebeus du 93 sont dans cette situation" ce n'est pas parce qu'elle ne le dit pas verbatim que le propos n'est pas généralisant. Mais ce n'est pas ce que je relève ici. Par ailleurs, à nouveau, le terme "rebeu du 93" est franchement malheureux.
elle met en parallèle sa situation et la sienne qui peuvent se percevoir comme un petit coup de pouce, une récupération politique dont l'acteur/l'étudiant n'est que le pion et ne sait pas vraiment s'il doit s'en réjouir ou non.
C'est précisément ça le problème. Qu'elle parle de sa propre situation, très bien : elle se sent illégitime, elle en fait une blague, super. Mais sur quoi se base-t-elle pour invoquer ce personnage (stéréotypé au possible et bouc-émissaire adorée des humoristes, et des blagues racistes) et cette situation, pour faire un parallèle entre ce qu'il pourrait ressentir et ce qu'elle ressent elle, bref pour caractériser en quelques mots ce que pourrait ressentir quelqu'un, arabe, venant de SSD ? Tu parles de "coup de pouce", mais de quel coup de pouce on parle ? Sciences-Po a effectivement mis en place des méthodes pour renforcer la mixité sociale, en réservant des places à certains lycées ZEP. Mais d'où venir de lycée ZEP c'est devenir ce personnage du "rebeu du 93" ? Et d'où estime-t-elle que son sentiment d'illégitimité pourrait sans introduction ni plus d'explication être plaqué sur ce personnage ?
En fait le fond du problème est dans le sous-texte, et ton commentaire l'illustre bien. Avec cette "blague", Blanche Gardin pose que ça ne mérite pas particulièrement d'explication d'établir qu'être un arabe à Sciences-Po c'est avoir l'impression d'avoir reçu un coup de pouce. C'est à dire qu'en miroir, elle légitime l'idée qu'on puisse se dire "ah ben oui si il est là c'est qu'il a peut-être reçu un coup de pouce". C'est à dire pas simplement "si je vois un élève de lycée ZEP de SciencesPo c'est qu'il a peut-être reçu un coup de pouce", non non : "si je vois un élève arabe à SciencesPo, ayant grandi en Seine-St-Denis, c'est qu'il a peut-être reçu un coup de pouce".
La différence entre sa première blague et cette deuxième, c'est que dans le premier cas elle fait de l'autodérision et qu'elle s'inscrit dans le contexte humoristique qu'elle a établit depuis le début de son discours, à savoir un discours de 2nd degré tranchant sur le mouvement MeToo. Dans le second, elle invoque par un simple parallèle une situation qui de mon point de vue n'a rien à voir, qui est sensée expliquer son propre sentiment d'illégitimité. La situation de Sciences-Po n'est pas le centre de son discours, c'est une référence qui est fait à un ensemble de sous-entendus, et le propre du sous-entendu c'est qu'on le considère comme plus ou moins établi et n'ayant pas besoin d'être démontré.
Voilà donc mon souci avec cette "blague", et voilà pourquoi je la considère comme raciste et classiste : Blanche Gardin établit qu'être un étudiant arabe à Sciences-Po, c'est se sentir illégitimé.
@Madthilde autant le registre de l'insulte peut m'amuser au début, autant là ça commence à me fatiguer. A te lire, analyser une situation différemment de toi, avoir un avis différent, équivaut à ne pas réfléchir, bloquer au premier degré, ne pas savoir raisonner. Restons en là alors, car gagner ton approbation ne m'intéresse pas plus que ça, pas plus que cette vision manichéenne qui est que si on n'est pas du même avis c'est qu'on est bête.