Avec leurs 7 ans, ils ne s'en sortent pas mal...
Dans son réquisitoire, le procureur disait qu'il n'était pas nécessaire de leur donner plus car il y avait peu de chance de récidive, et perso je ne trouve pas du tout que ce soit peu et je suis d'accord avec lui. La prison est une très mauvaise institution qui ne résoud rien et n'a en réalité qu'une seule vraie utilité au-delà de la punition, celle d'extraire un élément dangereux de la société.
Or, je pense que là où le procureur a été intelligent, c'est qu'il a reconnu les mécanismes de la culture du viol à l'oeuvre dans cette affaire (des hommes en situation de pouvoir qui pense que la sexualité d'une femme leur est dûe), et pas que c'était des fous à l'oeuvre mais des gens qui vivaient dans un sentiment d'impunité, et que la justice devrait montrer que cette impunité n'existe pas. 7 ou 20 ans, ça ne change pas grand-chose au message, et je pense qu'effectivement, il y a peu de chance que ces mecs qui pensaient vivre dans l'impunité recommencent après avoir réalisé qu'en fait non, il y a des conséquences. En plus, je ne pense pas que la victime ait demandé 20 ans plus que 7 ans, je pense qu'elle voulait surtout que le viol sera reconnu et puni.
Par contre, j'ai une question, je mets
@Clemence Bodoc et
@Mymy car je ne sais pas qui a écrit l'article, mais pourquoi avoir mis le nom complet d'Emily S et pas celui des coupables? Je ne suis pas du tout pour révéler l'identité des coupables (tout le monde a le droit de pouvoir vivre dans l'anonymat après sa peine), mais par contre, plusieurs victimes de viol "célèbres" comme la victime de Polanski ont déjà expliqué à quel point ça avait été un cauchemar pour elle de voir leur nom associé pour l'éternité à leur viol. En publiant le nom complet d'Emily S, ça multiplie les chances que quand elle sera parvenue à mettre tout ça derrière elle, ça reste quand même un boulet à son pied, avec des gens qui la googleront pour un boulot ou parce qu'on fait ça parfois par désoeuvrement sur des gens qu'on connait et qui verront "Emily S = viol" ou "Emily S = folle", et elle ne pourra plus échapper à cet événement de sa vie.
Du coup, je me demande s'il y a une raison éditoriale à la publication de son nom complet?
Mais ici, pour une fois, le problème de culture du viol ne se trouve pas dans le procès en lui-même, il se trouve directement dans les faits. Ca serait bien de faire la différence.
Je ne vois pas en quoi la culture du viol est absente du procès
Toute la défense des accusés est basée sur la culture du viol
L'essentiel des témoignages recueillis par la défense visaient à prouver que 1) Emily S aime le sexe, 2) Emily S s'habille sexy, 3) Emily S a un passif sexuel, 4) Emily S a couché avec plusieurs mecs à Paris, 5) Emily S cherche l'attention, et que donc, ça veut dire que c'était probablement pas un viol. C'est EXACTEMENT les bases de la culture du viol. Toute la partie où ils essayent de prouver le consentement en disant qu'elle avait embrassé l'accusé avant, ou qu'elle l'a suivi en le tenant par le bras, ou qu'elle disait à la serveuse qu'il lui avait proposé de baiser et qu'elle l'a suivi après ça, ou qu'elle a parlé de sa pratique des partouzes avec tel ou tel mec, ok, ça peut servir à prouver que le flic croyait à son consentement pour une relation à plusieurs.
En revanche, qu'une vague collègue à qui elle n'a pas parlé depuis 7 ans vienne raconter qu'elle la trouvait bien allumeuse au Canada, ou qu'un pseudo-amant soit interrogé pour raconter qu'il lui a payé des billets à Paris pour la baiser et qu'elle a cessé de l'intéresser des mois avant l'affaire mais qu'elle voulait quand même s'inscruster dans son voyage sous-entendu parce qu'il est riche et avocat, ou encore que plusieurs témoins commentent ses tenues "vulgaires" et le fait que sa mini-jupe indiquait qu'elle cherchait à pécho, ou d'autres qui témoignaient l'avoir vu boire une bière un jour dans un bar, ou la décrivaient comme alcoolique, bah ça fait partie de la culture du viol dans le sens où ça laisse entendre que pour une femme, aimer le sexe, s'habiller court, avoir des amants, boire de l'acool et vouloir séduire = ne pas être crédible dans une affaire de viol. Ces témoignages ne servaient pas à prouver son consentement car ils n'avaient pas forcément de rapport avec le moment du viol, ils servaient à montrer qu'elle était une salope manipulatrice probablement moins respectable que ces braves héros de la Police.
En droit français, pour qu'un viol soit reconnu, il faut que le coupable ait eu l'intention de violer. Donc la défense aurait pu axer son discours sur "le pauvre flic pensait qu'elle était consentante", mais elle a préféré axer le discours sur "regardez-nous cette trainée alcoolique", et ça c'est de la culture du viol!