Le « tchip » interdit des établissements scolaires, une fausse bonne idée

[Calipo]

Encore une fois, l'article dit qu'il doit être interdit (et même sanctionné) en classe. Comment pourrais je me permettre de dire qu'un élève a le droit de tchiper un enseignant ??????? Mais la mesure dit qu'il n'ont pas le droit de tchiper peu importe ou ils se trouvent dans l'établissement. Interdire à un élève de manquer de respect à un prof ou lors d'un cours, bien entendu, mais lui interdire de parler comme il le veut, ça n'est pas du ressort d'un directeur adjoint... Vous vous voyez interdire à un élève de rouler des yeux dans un établissement entier et pas "à une personne en particulier, dans un contexte particulier, lors d'un moment particulier" ?

Peut-être que la réponse à la question "pourquoi dans tout le lycée" se trouve dans le contexte de l'utilisation du tchip dans cet établissement, contexte dont finalement aucun article ne parle vraiment.

Je ne connaît pas le tchip, car ça n'était pas utilisé dans mon lycée, et que d'ailleurs je n'ai jamais entendu personne l'utiliser, que ce soit dans un contexte récréatif ou professionnel, donc je donne un avis par rapport à ce que j'ai lu jusqu'ici.

D'après l'article et les différents commentaires, il semble quand même que le tchip peut être utilisé de différentes façons, qui vont notamment d'une manière d'exprimer l'énervement ou l'exaspération, à une façon d'insulter ouvertement les gens.

Que l'on soit assez mature et bien élevé pour utiliser le tchip d'une façon respectueuse des autres est une chose, ça ne veut pas dire que c'est la façon dont le tchip est utilisé dans ce lycée.
S'il est effectivement majoritairement utilisé comme une insulte courante envers les profs et entre les élèves eux-mêmes, il me paraît normal de l'interdire, qu'il soit une expression culturelle ou pas.

Si les élèves utilisent le tchip pour s'insulter et se rabaisser entre eux, alors je ne voit pas pourquoi on devrait l'autoriser dans les couloirs et dans la cour.

Après c'est peut-être aussi faire peu de cas des professeurs et des surveillants que de penser qu'ils seront incapables de faire preuve d'un minimum de discernement lorsqu'ils seront témoins d'un tchip.

Spoiler: Pour l'argument du monde professionnel:

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[Calipo]

@Calipo

Ce que tu as vécu est une honte et c'est tout ça qu'il faut changer aussi . Le nord n'est pas rempli d'incultes Pour combattre les stéréotypes, il faut lutter sinon ils se pérénisent .
Pour le contexte de l'établlissement, ça ne change pas grand chose en fait Tu l'expliques bien quand tu parles des surveillants . Mais c'est vrai qu'on laisse passer le slut shaming, les insultes sexistes parce que ça semble normal . Non, je plaisante, autant taper sur un truc que les jeunes gèrent très bien entre elleux ( tiens, c'est aussi crétin que d'interdire les jupes longues à certaines personnes et les courtes à d'autres Selon la supposée religion bien sûr )

Ben non justement, pour moi le contexte est important. On sait très bien que suivant les régions, les établissements scolaires, les gens s'approprient parfois certaines expressions de manières différentes. Un mot qui va être utilisé d'une certaine façon quelque part ne le sera pas de la même façon ailleurs. La connotation peut être plus ou moins négative, et sans être sur place, impossible de savoir...

C'est pour ça que si le tchip est devenu un moyen d'insulter et de rabaisser au sein de cet établissement, alors l'interdire relève de la responsabilité du proviseur. Il suffit de voir le nombre de madmoizelles sur les forums qui ont souffert de harcèlement scolaire plus ou moins poussé (sous des tas de formes différentes) pour se rendre compte que les jeunes ne gèrent pas grand chose, et ont surtout une imagination débordante pour faire du mal aux élèves isolés ou fragiles...

Pour ce qui est des injures, on va dire, "classiques", telle que putain, salope, connard.... Selon moi il est déjà communément admis qu'elles sont interdites par les règlements scolaires. On ne les identifie pas au cas par cas, mais c'est parce ces mots ne posent pas de question quand à leur vulgarité et à leur méchanceté (quoique j'ai déjà vu des filles se traiter de pétasse entre elles, pour "rire" mais honnêtement j'ai jamais compris en quoi ça pouvait être drôle ou amical ).

Après si un surveillant n'est pas capable d'intervenir quand une fille se fait traiter de salope parce qu'elle a une jupe trop courte, malheureusement je ne le voit pas être plus sévère lorsqu'il s'agira d'un tchip...

Donc je dirais que même si un tchip n'est pas vulgaire intrinsèquement, si son utilisation le devient dans un cadre donné, s'il est fait dans le but de nuire à un élève ou à un enseignant, alors il faut y mettre un frein, dans le cadre concerné.

 

[Camidoudou]

pour être brève je préfère l'assimilation imposée plutôt que la ségrégation choisie, ou imposée avec ou sans bienveillance. Et je défend l'enracinement des cultures et la préservation du patrimoine.

Par exemple, en musique, je défends l'apprentissage des polyrythmies maliennes aux enfants du Mali (rythmes qui, en passant, dépasse largement en complexité et en virtuosité les rythmes européens si bien que beaucoup de nos compositeursles étudient et s'en inspirent), plutôt que de Vivaldi, quand bien même les classes seraient composées à 80% d'enfants de l'immigration autrichienne

Et réciproquement.

Je serais même contente qu'ils y apprennent le tchip, comme quand je suis lorsque mon copain utilise des expressions occitanes avec mes grand parents

 

[Mirc]

En tant qu'Antillaise (qui tchipe tout le temps) je ne vois pas où est le débat... Je suis bien d'accord avec le fait que c'est insolent et irrespectueux de tchiper un aîné (d'ailleurs dans mon lycée, tchiper un prof c'est comme si on lui avait mis une claque dans la face!) mais je ne vois pas en quoi c'est terrible de tchiper un camarade.

Je pense qu'il ne faudrait pas l'interdire, juste l'inclure dans la règle qui dit qu'on doit respecter les professeurs, les surveillants etc - ce qui inclut ne pas les insulter ou les tchiper - mais pas en faire une règle à part...

 

[Boisdormant]

Ma position est très simple, et elle rejoint celle de plein de gens ici :
- interdiction du tchip dans les classes (ça ne se fait pas... D'élève à prof, et entre élèves devant un prof pendant un cours). C'est un manque de politesse et ça doit être sanctionné comme tel, c'est tout
- hors de classe : pourquoi s'attarder dessus spécifiquement ? Ce n'est pas plus grave, voire moins, que les milliards d'insultes sexistes et homophobes que les élèves se balancent à longueur de journée.
Bref, oui à l'autorité, non à la stigmatisation (surtout quand elle vise celleux qui sont déjà stigmatisés).

Je verrai bien des ateliers sur le tchip pour apprendre aux élèves à en prendre conscience et leur permettre de ressaisir leur savoir ! J'ai une collègue qui fait ça pour le picard et ça marche du tonnerre. Plutôt que d'exclure les tics régionaux de cours (le ".... Ou bien / ou quoi" de saint-Quentin, qui peut être très vexant quand on sait pas que c'est une habitude locale), on travaille avec les élèves pour leur faire prendre conscience qu'ils utilisent ces expressions sans leur réaliser, puis leur montrer que ca peut être mal pris par des gens extérieurs à ces codes culturels. Le résultat de ces ateliers français/ picard, c'est qu'on a eu une amélioration du picard ET du français... Là c'était sur le terrain picard, mais je suis sûre que ça marcherait pour le tchip.

Après, le truc qui me fait un peu flipper, c'est la façon dont les petits blancs se servent du tchip (comme dans la pub citée) comme d'un truc hype dont ils ne comprennent pas les tenants et aboutissants. Sauf que eux, petits blancs, peuvent s'en "débarrasser" le moment venu sans que cela leur colle à la peau. En fait j'ai l'impression que la généralisation du tchip dans la société contribue à stigmatiser encore plus les noir.es (je ne sais pas si je suis claire).

Sinon, je voulais dire aussi que je trouve certaines réactions "a priori violentes" avec @Naya Ali , comme avec Christiane Taubira en fait :-s C'est peut-être dans ma tête mais j'ai l'impression qu'on présuppose, avant de lire l'article, du "laxisme" et de la solidarité de Naya envers les noir.es (parce qu'elle serait noire) et ça me fait bizarre :-s. Comme quand on soupçonne Christiane Taubira de vouloir vider les prisons "remplies de noir.es" sous prétexte qu'elle serait en empathie avec eux :-s J'ai l'impression qu'on "n'entend pas" le discours de Naya parce qu'on lit sa race avant de la lire elle.

 

[Antigonedream]

On ne peut pas, par exemple, interdire à un individu de souffler pour marquer son ras-le-bol, de hausser les épaules ou même de prononcer « merde » sous le coup de l’agacement.

C'est exactement ce à quoi j'ai pensé quand j'ai commencé l'article.
Concrètement ça me semble vraiment compliqué d'interdire ce genre de moyen d'expression, c'est un langage culturel vraiment ancré...
Perso j'aurais l'aire con si on m'interdisais de rouler des yeux par exemple, c'est un automatisme et aussi incongru que ça puisse paraître il m'es arrivée d'être vraiment offensée pas les roulement d'yeux...

Ce genre de mesure (comme l'exclusion de la jeune fille qui avait une jupe trop longue ) sont symptomatique de ce racisme décomplexé qui nous pollue de plus en plus... Et franchement ça me fait vraiment chier que ça atteigne l'école.

 

[Gunnm]

Perso j'aurais l'aire con si on m'interdisais de rouler des yeux par exemple, c'est un automatisme et aussi incongru que ça puisse paraître il m'es arrivée d'être vraiment offensée pas les roulement d'yeux...

Mais tellement... Mon père m'a fait la remarque y a pas longtemps mais je me rends même pas compte quand je roule des yeux, je le fais inconsciemment. Du moment que je le fais pas par manque de respect ou à un supérieur hiérarchique, je vois par pourquoi on devrait me l'interdire. Pour le coup j'ai l'impression que c'est la même chose pour le tchip, sanctionner ceux qui le font envers un prof oui, l'interdire complètement non, c'est ridicule.